Le ministre de l’Education Nationale insiste sur la « neutralité » de l’Ecole et réclame l’enseignement des « valeurs de la République ».
Elle était jalousement tenue secrète, la voilà publiée, au lendemain de la rentrée scolaire. La « charte de la laïcité » promise par Vincent Peillon, a été dévoilée ce 9 septembre à l’occasion d’une visite du ministre de d’Education Nationale au lycée de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne).
Tout au long de ses 15 articles, la nouvelle charte impose une vision stricte de la laïcité, insistant sur les notions de neutralité, d’égalité, de fraternité, de liberté de conscience et d’expression, de « libre-arbitre ». Elle entend protéger les élèves « de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix» et promet « le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations ».
Elle proclame plusieurs interdictions :
« Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l'exercice de leurs fonctions. »
« Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme. »
« Nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l'École de la République. »
« Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit. »
En revanche, elle entend promouvoir « la mission [confiée à l’Ecole] de faire partager aux élèves les valeurs de la République », et « l'accès à une culture commune et partagée », et garantit l'égalité entre les filles et les garçons ».
Cette charte devra être affichée dans tous les établissements scolaires, à un important détail près : « en vertu de leur "caractère propre", les 8 800 établissements privés sous contrat, qui accueillent 2 millions d'élèves, ne devraient pas être concernés. » (Le Monde).
En fait de laïcité, c’est un «"commun" entre les enfants de France » que veut proposer Vincent Peillon : « l’école doit enseigner les valeurs de la République, nos valeurs communes. », a-t-il déclaré au Journal du Dimanche le 8 septembre, à la veille de la divulgation de la Charte.
Interrogé sur sa définition de la laïcité, il a répondu : « une exigence de raison, de justice et de paix. C’est un droit, c’est aussi une histoire et une philosophie. »
Parmi les premières réactions à cette officialisation, Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a dénoncé « Un regard oblique sur l'Islam de France » (Journal du Dimanche) : « je crains – comme c’était le cas pour la loi de 2004 [sur l’interdiction du voile et des signes religieux à l’école] – de voir les musulmans de France stigmatisés dans leur ensemble et que cette interdiction ne soit perçue comme trop brutale. »
De son côté, Marine Le Pen, présidente du Front National a fustigé « une gesticulation médiatique de plus ». Critiquant « la faiblesse du gouvernement », elle l’a appelé à annoncer « l’interdiction des signes religieux ostensibles dont le voile à l’université, ainsi que le recommandait le Haut conseil à l’intégration. »
C'est bien le prosélytisme musulman -et lui seul- qui pose problème à l'école, mais il ne faut pas le dire, constate Patrice de Plunkett sur son blog : «La classe politique dit "religions" parce qu'elle n'ose pas dire "communautarisme islamique" »
Mais si l'on veut savoir qui le ministre de l'Education nationale a aussi et peut-être surtout dans le colimateur, il faut voir et revoir cette vidéo dans laquelle Vincent Peillon livre sans fards le fond de sa pensée : « On ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique ».
Vous avez dit : neutralité » ?