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« La foi consiste dans la disponibilité à se laisser transformer toujours de nouveau par l’appel de Dieu », souligne l’encyclique…
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Une encyclique ne se grappille pas. Elle se rumine dans sa totalité. Permettons-nous quand même quelques citations :
§ 19 : «Ce que saint Paul refuse, c’est l’attitude de celui qui veut se justifier lui-même devant Dieu par l’intermédiaire de son propre agir. Une telle personne, même quand elle obéit aux commandements, même quand elle fait de bonnes oeuvres, se met elle-même au centre, et elle ne reconnaît pas que l’origine de la bonté est Dieu. Celui qui agit ainsi, qui veut être source de sa propre justice, la voit vite se tarir et découvre qu’il ne peut même pas se maintenir dans la fidélité à la loi. Il s’enferme, s’isolant ainsi du Seigneur et des autres, et en conséquence sa vie est rendue vaine, ses œuvres stériles comme un arbre loin de l’eau… »
§ 34 : « La vérité aujourd’hui est souvent réduite à une authenticité subjective de chacun, valable seulement pour la vie individuelle. Une vérité commune nous fait peur, parce que nous l’identifions avec l’imposition intransigeante des totalitarismes. Mais si la vérité est la vérité de l’amour, si c’est la vérité qui s’entrouvre dans la rencontre personnelle avec l’Autre et avec les autres, elle reste alors libérée de la fermeture dans l’individu et peut faire partie du bien commun. Étant la vérité d’un amour, ce n’est pas une vérité qui s’impose avec violence, ce n’est pas une vérité qui écrase l’individu. Naissant de l’amour, elle peut arriver au cœur, au centre de chaque personne. Il en résulte alors clairement que la foi n’est pas intransigeante, mais qu’elle grandit dans une cohabitation qui respecte l’autre. Le croyant n’est pas arrogant ; au contraire, la vérité le rend humble, sachant que ce n’est pas lui qui la possède, mais c’est elle qui l’embrasse et le possède. Loin de le raidir, la sécurité de la foi le met en route, et rend possible le témoignage et le dialogue avec tous… »
Au § 35, l’encyclique souligne que « l’homme religieux est en chemin et doit être prêt à se laisser guider, à sortir de soi pour trouver le Dieu qui surprend toujours ».
Au § 37, que « la connaissance de nous-mêmes n’est possible que lorsque nous participons à une mémoire plus vaste. Il en est ainsi aussi de la foi, qui porte à sa perfection la manière humaine de comprendre ». Au § 42 (splendide explication des sacrements), que le baptême possède un « dynamisme de transformation ». Au § 47, que « c’est justement dans l’amour qu’il est possible d’avoir une vision commune; qu’en lui nous apprenons à voir la réalité avec les yeux de l’autre, et que cela n’appauvrit pas mais enrichit notre regard. Le véritable amour, à la mesure de l’amour divin, exige la vérité et, dans le regard commun de la vérité qui est Jésus Christ, devient solide et profond ». Au § 53, que « la foi nous enseigne à voir que dans chaque homme il y a une bénédiction pour moi, que la lumière du visage de Dieu m’illumine à travers le visage du frère… »
J’entendais tout à l’heure Caroline Fourest déplorer que « les religions » aient « oublié le spirituel ». J’ignore quelle idée elle se fait du spirituel, mais je lui suggère de lire l’encyclique : « Dans cette prière [le Notre Père], le chrétien apprend à partager l’expérience spirituelle elle-même du Christ et commence à voir avec les yeux du Christ » (§ 46). « Dans l’unité avec la foi et la charité, l’espérance nous projette vers un avenir certain, qui se situe dans une perspective différente des propositions illusoires des idoles du monde, mais qui donne un nouvel élan et de nouvelles forces à la vie quotidienne » (§ 57).
De la foi naît aussi l’écologie humaine plénière, si l’on rapproche ces deux paragraphes :
§ 52 : « Le premier environnement dans lequel la foi éclaire la cité des hommes est donc la famille. Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent s’unir en une seule chair (cf. Gn 2, 24) et sont capables d’engendrer une nouvelle vie, manifestation de la bonté du Créateur, de sa sagesse et de son dessein d’amour… »
§ 54-55 : « L’homme perd sa place dans l’univers et s’égare dans la nature en renonçant à sa responsabilité morale, ou bien il prétend être arbitre absolu en s’attribuant un pouvoir de manipulation sans limites… La foi, en outre, en nous révélant l’amour du Dieu Créateur, nous fait respecter davantage la nature en nous faisant reconnaître en elle une grammaire écrite par Lui et une demeure qu’Il nous confie, afin que nous en prenions soin et la gardions ; elle nous aide à trouver des modèles de développement qui ne se basent pas seulement sur l’utilité et sur le profit, mais qui considèrent la création comme un don dont nous sommes tous débiteurs. »