Le Pape souffle le chaud et le froid à l’égard des nonces apostoliques. Tantôt il les encourage, tantôt il les semonce… Qu’en penser ? La réflexion du vaticaniste Sandro Magister
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Lu sur le site : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350546?fr=y
Le pape François n'a pas de préjugés contre les représentants pontificaux dans le monde. Mais un jour, il leur fait des reproches, un autre jour, il les encourage…
Un jour, il leur dit : « S’il vous plaît, ne vous rendez pas ridicules. Soyez des saints, ou alors retournez dans vos diocèses pour y être curés de paroisse ».
Un autre jour, il leur adresse un discours chaleureux et convaincant, leur disant qu’il veut des « relations personnelles » avec eux, que celles-ci sont « essentielles », au-delà du rôle d’intermédiaire que joue la secrétairerie d’Etat.
Pour essayer de décrypter cette manière de faire du pape, le Vaticaniste italien Sandro Magister, remonte à l’époque où le pape François était encore le cardinal archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio.
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Quelques extraits significatifs :
« Il semble bien que Benoît XVI ait ressenti, par nature, de l’aversion envers la diplomatie vaticane. C’est ainsi que le secrétaire d’Etat qu’il avait choisi, le cardinal salésien Tarcisio Bertone, n’était pas un diplomate. Et qu’il avait réduit autant que possible les audiences qu’il accordait aux nonces apostoliques.
Ce changement avait été accueilli avec plaisir par les dirigeants et cadres de la curie romaine, assez nombreux, qui considéraient – et considèrent toujours – que les ecclésiastiques du service diplomatique constituent une sorte de “caste” qui non seulement bénéficie d’un traitement privilégié en termes de rémunération et de sécurité sociale, mais tend à favoriser le "cursus honorum" de ses membres en allant même au-delà de leurs véritables mérites personnels.
Mais le pape François montre qu’il voit les choses autrement (…) »
« Lorsque, le 6 juin dernier, il a rencontré les élèves de l’académie pontificale ecclésiastique, la haute école de la diplomatie pontificale, le pape jésuite n’a pas mâché ses mots. Il a affirmé que, quand un prêtre est engagé dans la carrière diplomatique, « il y a de très nombreux dangers pour sa vie spirituelle (…). Et expliquer : « Lorsque, dans une nonciature, il y a un secrétaire ou un nonce qui ne marche pas dans la voie de la sainteté et qui se laisse entraîner dans les formes si nombreuses de mondanité spirituelle, il se rend ridicule et tout le monde se moque de lui ». Et il a demandé : « S’il vous plaît, ne vous rendez pas ridicules. Soyez des saints, ou alors retournez dans vos diocèses pour y être curés de paroisse ».
« Mais lorsque, deux semaines plus tard, le 21 juin, il a rencontré les nonces actuellement en activité (…), le pape François leur a adressé un discours chaleureux et convaincant », leur demandant de « considérer leur travail comme "plus qu’important" et les "relations personnelles entre l’évêque de Rome et vous" comme "essentielles" ; des relations personnelles que "nous devons faire vivre d’un côté comme de l’autre", au-delà du rôle d’intermédiaire que joue la secrétairerie d’Etat, "qui nous aide". »
« En somme, Jorge Mario Bergoglio estime que, dans la “caste” diplomatique, les risques de mondanité spirituelle sont plus élevés que dans d’autres “castes” ecclésiastiques. Mais c’est peut-être pour cette raison que, à la différence du pape Joseph Ratzinger, il semble avoir l’intention d’entretenir des relations plus fréquentes et plus directes avec ses représentants ».
« L’absence d’hostilité du pape François envers ces diplomates en clergyman trouve (…) un témoignage dans le fait qu’il a inclus un ancien nonce parmi les huit cardinaux qu’il a choisis comme ses conseillers : Giuseppe Bertello, actuellement gouverneur de l’État de la Cité du Vatican, que Bergoglio connaît depuis très longtemps (…) De plus, il y a quelques jours, le pape François a "approuvé" – ce qui veut dire, en réalité, qu’il a fait nommer – en tant que "prélat" de l'Institut pour les Œuvres de Religion (IOR), un monsignor du service diplomatique, Battista Mario Salvatore Ricca » qu’il connaît depuis 2006.
Il n’y a donc chez le pape Bergoglio aucun préjugé contre les nonces. À condition toutefois (…) qu’ils cultivent toujours "la familiarité avec Jésus-Christ dans la prière, dans la célébration eucharistique qui ne doit jamais être omise, et dans le service de la charité", et que, d’autre part, ils accomplissent leur mission "toujours avec professionnalisme", parce que "c’est ce que veut l’Église" et que "lorsqu’un représentant pontifical ne fait pas son travail avec professionnalisme, il perd aussi son autorité". »
(Extraits de l’article « Journal du Vatican / La diplomatie du bâton et de la carotte » traduit par Charles de Pechpeyrou)
I.C