Dans une lettre à son frère prêtre, Fray Berislao Ostojic évoque le pape François, un « jésuite avec un cœur franciscain », et parle du « poids de la croix » qui pèse sur lui
« Dans les premiers gestes et les premières paroles du nouvel évêque de Rome, nous avons tous pu voir, apprécier et aussi goûter le message d’un homme simple et abandonné à la volonté de Dieu » qui vit « profondément enraciné en Jésus »
Celui qui parle ainsi est Fray Ostojic, un prêtre franciscain qui a été le confesseur de Jorge Mario Bergoglio, à l’époque où celui-ci était cardinal primat d’Argentine. En avril dernier, Ostojic a envoyé à son frère Mario Marcos une lettre qui a été publiée sur un portail croate et dans laquelle il évoque la personnalité du nouveau pape.
Cette façon simple et épurée de se présenter au soir de son élection « permet de mesurer l’importance des gestes avec lesquels le pape François scelle et authentifie la vraie racine évangélique de ses paroles. » Ceux qui l’ont approché du temps où il était archevêque de Buenos Aires, ont bien retrouvé son style dans le nouveau pape : « Nous n’avons pas été trop surpris par les gestes, ni par son style simple, cordial et en même temps incisif. C’est sa manière de parler au cœur des gens ».
Ainsi son premier geste de successeur de Pierre de demander de prier pour lui et d’implorer la bénédiction du peuple sur son pasteur : « La force du geste se perçut dans le silence priant qui unit, en Christ, le cœur des fidèles et celui du pasteur. Tous, nous avons pu éprouver la fécondité de nous savoir membres vivants de l’Eglise ».
Mais Fray Ostojic prévient : ceux qui aujourd’hui « chantent les louanges » du nouveau pontife pourraient bien « pour des raisons idéologiques, de but en blanc, changer d’avis. » Par exemple, « qu’arrivera-t-il quand le Saint-Père réaffirmera la valeur de toute vie humaine et prononcera un NON clair à l’avortement. Que dira-t-on quand il réitèrera l'affirmation que le mariage unit un homme et une femme ? » Quand cela arrivera, dit Fray Berislao, « beaucoup d’enthousiastes superficiels changeront d’avis et lui feront sentir le poids de la croix ». Mais le prêtre franciscain se dit convaincu que le pape François « vit avec un plaisir serein les joies et qu’il saura porter la croix.»
A propos de la demande insistante du pape François : « priez, priez pour moi » à tous ceux qui entrent en contact avec lui, Fray Ostojic explique que, comme Bergoglio « a les pieds sur terre et ne vit pas d’illusions, il sait très bien que le tentateur ne dort pas et que les trésors de grâces arrivent dans un vase d’argile » ; c’est pur réalisme humain et spirituel ». Et cette demande toute simple contient « son concept de l’autorité, qui est service ».
Fray Ostojic définit le pape comme « un amoureux du Christ » qui « sans cesser d’être jésuite, a un cœur franciscain ».
Puis il en vient à la question, fondamentale selon lui, pour comprendre ce que dit et fait le pape François : « D’où lui viennent l’audace des gestes, la joie du service ? » Fray Ostojic pense que c’est de son « attitude de prière, de sa capacité à se mettre devant le tabernacle ». Et il rappelle que Mgr Bergoglio, dans l’homélie de consécration de Mgr Salaberry, faisant allusion aux difficultés que celui-ci rencontrerait dans sa vie et dans le service, lui donna ce conseil : « Apprends à te peler les genoux devant le tabernacle. Lui, Jésus, ne déçoit jamais ».
La simplicité du contact, l’ouverture du cœur, l’enthousiasme de porter l’Evangile à tous, l’amour et la tendresse pour les plus faibles, ne sont pas des richesses qui tombent du ciel, elles s’acquièrent dans l’intimité avec Jésus.
Pour le prêtre franciscain, un autre geste du pape qui le dépeint tout entier est sa visite aux prisonniers le Jeudi Saint. « Il manifesta ainsi que sa proximité avec les pauvres, qui a été au cœur de ses préoccupations pastorales à Buenos Aires, se poursuivra à Rome ».
Le thème de la tendresse et de la miséricorde de Dieu est très cher au pape François, et il le manifestera avec insistance : ‘Dieu ne se lasse jamais de pardonner, mais nous nous lassons de lui demander pardon’.
Tel est le pape que je connais …C’est un amoureux du Christ, et en Christ, il aime tous les hommes. Quand il ne fera plus la une des journaux, il continuera à donner un témoignage crédible et cohérent de Jésus. Il nous appartient de prier pour lui, d’être fidèles à son Magistère et, dans la mesure de nos possibilités, de collaborer à porter la semence de l’Evangile au monde d’aujourd’hui.
*Le père Berislao (Berislav) Ostojic, a 66 ans, il est né en Autriche et a été ordonné prêtre dans l’Ordre des Franciscains, comme son frère, en Italie.
Les Missionnaires franciscains croates sont en Argentine depuis 1929.
(Traduit de l’espagnol pour Aleteia.fr par Elisabeth de Lavigne)