De « Ne soyez pas des chrétiens de salon ! » à « Soyez des mères, pas des vieilles filles ! », que révèle le style du pape François? Réponse d’un spécialiste.
Pour le Professeur Giovanni Gobber, professeur de linguistique générale à l'Université catholique de Milan (Italie), on peut y voir clairement le langage « élaboré » d’un pape dont le public auquel il s’adresse n'est pas européen… mais pas seulement ! confie le professeur au magazine hebdomadaire Tempi :
Le professeur Gobber passe en revue ce langage « constitué de mots simples, souvent taillé à la hache, de métaphores bien senties, et aussi de périphrases impitoyables : la sortie contre les «chrétiens de salon», la dénonciation « des trop nombreuses faces de piment sous des apparences d'huile », la recommandation faite aux religieuses d'être « des mères et pas des vieilles filles », la nécessité d'ouvrir grands les "cœurs chiffonnés", l'insistance sur le fait de "sortir", sur les "périphéries existentielles", le tout amplifié par son choix d'abandonner presque intégralement le latin au profit de l'italien au cours des célébrations et des prières publiques. »
Voici quelques extraits de cet entretien :
Gobber: « (…) Bergoglio part de sa propre expérience, très pastorale, et tend vers un style de communication qui s'adresse à des fidèles qui ne sont pas d'origine européenne. Il indique un chemin existentiel. Mais en faisant justement cela, il marque sa continuité avec le pape Benoît XVI; un autre point en commun est le rejet du cléricalisme sur lequel le pape insiste presque tous les jours. Ou encore les relations avec l'orthodoxie, lesquelles sont considérées comme des ouvertures de la part de François - et qui procèdent également de choix de langage intelligents - et ne font que s'inscrire dans le chemin tracé par Ratzinger. »
Le journaliste se demande alors si « cette bulle de sympathie des médias » pour le nouveau pape ne va pas retomber…
« Je dirais qu'elle s'atténue, mais n'a pas encore éclaté. Il me semble voir Paul VI, qui, après « Humanae Vitae », a été pris en grippe par les médias alors qu'initialement il bénéficiait d'un mouvement de sympathie. Cette dynamique a peut-être déjà commencé avec Bergoglio, par exemple au sujet des droits de l'embryon. Le pape affirme ces droits comme étant antérieurs à la religion. Il fait référence au droit naturel, fondement de la pensée de l'Eglise mais qui est source de débat dans le monde actuel (…) Bergoglio n'a pas pris le problème de front en termes théologico-culturels comme le faisait Ratzinger: il passe aux conséquences. »
N'est-ce alors pas un risque, pour le pape, d'être si apprécié par tous, d'être perçu comme proche du « monde » ? demande le journaliste…
Réponse du prof. Gobber :
« Non, c'est bon pour l'Eglise. Et il est parfaitement capable de gérer la situation. Il n'aura pas de difficulté à vivre dans l'adversité, quand elle arrivera. »
De « Ne soyez pas des chrétiens de salon ! » à « Soyez des mères, pas des vieilles filles ! », que révèle le style du pape François ? Réponse d’un spécialiste.