L’opposition à la Loi Taubira a créé un mouvement de résistance profond et pacifique qui devrait porter ses fruits au-delà du refus du mariage gay.
Veilleurs toujours aussi nombreux, publications par dizaines sur les réseaux sociaux, encouragements explicites de nombreuses personnalités dont la grande majorité de l’épiscopat français… La mobilisation contre la loi Taubira ne faiblit pas ! Mieux : elle a créé un mouvement puissant, et donné l’occasion à de nombreux Français, dont une grande part de jeunes, de réfléchir à leur engagement dans la société.
Mais que restera-t-il de cette onde de choc ? Le mouvement initié retombera-t-il aussi vite qu’il a grandi ? « C’est une hypothèse à envisager, répond Gérard Leclerc, dans le prochain numéro de France Catholique, cité par l‘agence Zenit (1). Une hypothèse « qui correspond d'ailleurs à une tendance récurrente du corps social à prendre acte des modifications qui lui ont été imposées, en revenant en quelque sorte à la normale. » « Pourtant, reprend l’essayiste, observateur chevronné de l’engagement social de l’Eglise depuis des décennies, « mon pari à moi c'est que cette résistance ne va pas s'arrêter, parce que cet héroïsme défie l'à-quoi-bon capitulard : il est porté par une conjoncture supérieure, celle que Maurice Clavel appelait historico-transcendantale. »
D’un point de vue plus directement politique, laManif pour tous « a déjà obtenu des résultats, même si le but, le retrait de la loi sur le mariage, n’a pas été atteint », analyse Pierre-Alexis Goubault, sur son blog hébergé par Mediapart (2). « Les manifestations à répétition ont cassé les liens entre le gouvernement et une bonne moitié de la population. 700 000 pétitions jetées à la Seine ont sérieusement entamé le sentiment démocratique. Le Président n’est plus le président de tous. Les actions symboliques et les happenings ont perturbé les comportements établis et bouleversé l’espace public. »
Le bloggeur remarque que « Le pari du gouvernement est que tout cela va s’arrêter après la promulgation de la Loi ou après l’été. Mais rien ne permet d’étayer cette hypothèse. Un regard objectif constate d’abord qu’une plateforme de contestation est en place et monte en puissance ; ensuite que le mouvement « contre la Loi» élargit ses références et pose désormais la question d’une refondation politique profonde. » Et pose la question : « Le Gouvernement en a-t-il conscience ? L’opposition en prend-elle la mesure ? »
En attendant la grande Manif du 26 mai, qui promet une affluence au moins aussi importante que les précédentes, les manifestations tant parisiennes que provinciales se faiblissent pas, et notamment le harcèlement des ministres en déplacement. Mais lorsqu’il y a confrontations entre des policiers sur les dents et de jeunes (et parfois moins jeunes) opposants dont les violences restent très marginales (venant d'éléments provocateurs parmi lesquels on a repéré des policiers en civil). Quant à la maréchaussée, elle peut être excédée d’être parfois narguée, mais plus encore par les ordres de sa hiérarchie… (3)
Pour ceux qui hésiteraient encore à participer à la manifestation historique du dimanche 26 mai, le collectif la Manif pour Tous explique sur son site « Pourquoi revenir » (4) : « Car il n’est pas trop tard ! […] Il ne s’agit plus seulement de faire entendre notre indignation, mais de libérer la France de la pensée unique que veut nous imposer un gouvernement »
(1) http://www.zenit.org/fr/articles/le-printemps-francais-analyse-de-gerard-leclerc
(2) http://blogs.mediapart.fr/blog/pagoubaultgmailcom/120513/le-pouvoir-prend-il-la-bonne-mesure-du-contre-mouvement-pour-tous
(3) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/05/15/01016-20130515ARTFIG00625-encore-52-opposants-au-mariage-gay-interpelles.php
(4) http://www.lamanifpourtous.fr/fr/on-lache-rien/pourquoi-revenir?utm_content=buffer803fc&utm_source=buffer&utm_medium=twitter&utm_campaign=Buffer