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Mgr Luigi Novarese (1914-1984) : la souffrance comme un levier

Mons. Luigi Novarese, apostolo dei malati – fr

© DR

Chiara Santomiero - publié le 11/05/13

Béatifié ce 11 mai, cet apôtre des malades a compris par sa propre vie qu’un chrétien ne doit pas souffrir inutilement.

« Si nous enlevons à ceux qui souffrent la possibilité de l’action spirituelle, à quoi sert leur vie?La société ne pourra pas exiger de nous un travail matériel, mais sera toujours en droit d’attendre de nous l’apport spirituel, qui est une réalité active, tellement nécessaire de nos jours »: ce message résume tout le contenu du message de  Mgr. Luigi Novarese, fondateur des Ouvriers silencieux de la Croix et du Centre des volontaires de la souffrance, béatifié ce samedi 11 mai dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, à Rome

L’intuition de Mgr. Novarese n’est pas le fruit d’une élaboration théorique, mais de son expérience personnelle de la souffrance. Né à Casale Monferrato , le 29 juillet 1914, il a vécu, de 9 à 17 ans,  une expérience de la maladie,  qui lui fait connaître dans sa propre chair les limites et les ressources de cet état.

« L’isolement de ta chambre, témoin silencieux de tant de soupirs et peut-être de larmes amères et brûlantes »–  écrit-il en septembre 1973 dans L’Ancora, la revue de liaison de la Confédération des Volontaires de la souffrance –n’est qu’un symbole de la distance qui existe entre toi-même et ta vie passée : le tourbillon des affaires, de l’arrivisme; le tourbillon, peut-être, des passions ; le tourbillon de la politique. Te voici désormais seul, cloué dans un coin par la souffrance, qui s’est emparé de toi, et tu vois, au loin, s’écouler ce qu’on appelle la vie, à laquelle toi aussi tu as appartenu, et tu appartiens encore, et dont il te semble être exclu. »

Mais on peut faire une autre lecture de l’expérience de la souffrance: « Si tu considères en profondeur ta souffrance »–  écrit Luigi Novarese dans le même texte – « elle peut être non pas un isolement forcé, mais une circonstance spéciale de ton existence, qui a été pour toi une occasion de te détacher du monde des apparences, te faisant toucher du doigt les réalités, uniques, qui doivent intéresser les hommes de bonne volonté, qu’ils jouissent du don de la santé ou non ».


En effet, « si la douleur ne t’avait pas saisi et forcé à considérer le monde de l’esprit qui s’ouvre devant toi  dans une vision d’ensemble, qui s’ouvre et dilate ton cœur à la joie et à l’espérance en proportion de ta foi, tu n’aurais pas aujourd’hui cette maturité, cette vision nouvelle, surgie précisément  sur les prémisses de ta nouvelle situation  qui, de technicien du monde du travail et de la force de la vie, fait de toi jour après jour un spécialiste, un producteur, un technicien des conquêtes de l’esprit ».

En 1931, miraculeusement guéri par l’intercession de Marie auxiliatrice et de don Bosco, Luigi Novarese choisit pour mission dans la vie d’aiderles malades et les handicapés à donner un sens à leur souffrance selon la spiritualité chrétienne, de sorte que cette souffrance  se transforme, de source de désespoir en instrument de bien, à travers la consolation et l’espérance qui viennent de Dieu.

« Le problème de la finalité et de la façon dont utiliser la souffrance  – écrit Novarese en avril  1950 dans le premier numéro de L’Ancora  – est l’un des plus urgents; de cette souffrance, endurée avec une docilité sereine à la divine volonté, dépend peut-être la paix entre les nations ; avec cette souffrance nous pouvons sauver beaucoup d’âmes ». De la même façon que  « nous sommes tous appelés à apporter notre contribution à la reconstruction de la société (n.d.r. la Seconde Guerre mondiale venait de se terminer, la reconstruction avait commencé), comme, d’ailleurs nous avons tous le devoir de travailler », ainsi « notre travail consiste à souffrir  ”. 

Pour Mgr.Novarese, « il faut donc supporter la souffrance avec une intelligence chrétienne, sinon nous allons souffrir inutilement, ou alors nous ne ferons pas tout notre devoir de bons ouvriers de la société ; autrement dit, nous serons des déserteurs de la place que le Seigneur nous a assignée ».

C’est ainsi que naît en 1947 le Cvs, Centre des Volontaires de la souffrance, un mouvement articulé en associations diocésaines (réunies en une Confédération internationale dirigée par les Ouvriers silencieux de la Croix) dans lequel la personne qui souffre s’engage à vivre la souffrance à la suite du Christ, en tant que « sujet actif d’apostolat dans l’Eglise et évangélisateur à l’égard des autres personnes qui souffrent.

« Face à l’isolement social et au souci de l’avenir  – écrit-il dans le numéro de décembre de L’Ancora – il y a celui qui comprend et s’adapte, et celui qui, exagérant son état, éprouve unsentiment de révolte contre Dieu et contre les hommes. Ilexiste enfin le malade qui, comprenant grâce à sa bonne formation religieuse  que la maladie sur le plan spirituel peut être un métier  comme celui, par exemple, de médecin traitant, trouve alors normale l’acceptation sereine, pensant qu’enfin il n’est ni inutile ni un poids pour la société. »

Mgr. Novarese meurt a Rocca Priora, près de Rome,  le 20 juillet 1984. Pendant 15 ans, il a également dirigé le Bureau national de la Pastorale de la Santé de la Conférence épiscopale italienne (CEI), suivant en particulier la formulation et la mise en œuvre des règles en matière d’assistance religieuse hospitalière. Le procès diocésain auprès de la Curie de Frascati s’est achevé le 17 décembre 2003.
Le 27 Mars 2010, le pape Benoît XVI a donné son approbation pour la publication du décret sur les vertus héroïques de Mgr Luigi Novarese. Et le 19 décembre 2011, le Saint-Père signait le décret reconnaissant le miracle obtenu par le Vénérable Luigi Novarese, ouvrant ainsi la porte à la béatification du prêtre, qualifié par le Pape  Jean-Paul II  de « Apôtre des malades ».

Le sacerdoce et la reconnaissance de la valeur de la souffrance vécue chrétiennement, tels sont les deux pôles du témoignage de Mgr. Novarese. « Nous avons besoin des malades comme nous avons besoin de l’air que nous respirons – a-t-il encore écrit  dans L’Ancora en novembre 1965 -; nous avons besoin de la souffrance sanctifiée par la grâce comme nous avons besoin des prêtres; ce sont les malades qui renforcent le capital spirituel des Ministres de Dieu afin que ceux-ci soient plus efficaces dans leur activité pastorale ».


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