La question surgit, inévitablement. Attention aux réponses simplistes, un « oui » ou un « non » qui n’acceptent pas la discussion.
Le Diable imaginaire : c’est l’alibi commode pour expliquer l’inexplicable et pour mettre sur le compte d’un autre mes déboires, mes échecs, mes déceptions. « Il y a quelqu’un qui me veut du mal et qui m’a ensorcelé. » Les exorcistes entendent souvent cet autodiagnostic.
Le Diable symbolique : c’est la personnification du Mal auquel tout homme est confronté, aussi bien dans le monde que dans son propre cœur. Pour beaucoup de gens, y compris pour des prêtres, le Satan dont parle la Bible et auquel Jésus lui-même est confronté ne serait qu’une façon de parler, une mise en scène. Qu’il y ait dans la représentation des forces du mal une part symbolique, je le reconnais volontiers.
Le Diable réel : on peut discuter de l’interprétation des faits, mais il serait intellectuellement malhonnête de nier les faits.
Le Diable dans les récits de l’Évangile : Jésus de Nazareth est confronté dès le départ et jusqu’à la fin à celui qu’il appelle « l’Ennemi », celui qui sème de l’ivraie dans le champ de blé
(Matthieu 13,28). Satan prétend que le monde lui appartient, ce que Jésus confirme en l’appelant
le Prince de ce monde (Jean 12,31). Mais il ajoute qu’il va le jeter dehors (
Exo, en grec). Dans le débat avec ses adversaires de Jérusalem, il les accuse d’être les fils du Diable (autrement dit
engeance de serpents comme disait Jean-Baptiste) dont il fait le portrait :
Vous êtes du diable, votre père,et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir.
Le Diable dans la pratique de l’Église : il y a peu d’enseignements du Magistère sur ce sujet (voir cependant une synthèse dans le
Catéchisme de l’Église Catholique n° 391-395). C’est surtout dans l’expérience des saints et dans la liturgie de l’Église que l’on constate la réalité d’un combat proprement spirituel :
Revêtez l’armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manoeuvres du diable.
Et alors quelle est l’action du Diable ?
Il ne faut pas voir le Diable partout : vous allez vous en rendre malade ! Il ne faut pas non plus le voir nulle part : vous risquez d’être un précieux idiot utile.
borderline ; tantôt il se dissimule pour mieux développer ses stratégies de conquête.
L’action diabolique ordinaire, universelle, permanente : la tentation.
L’action diabolique spécifique occasionnelle : l’infestation (des lieux ou des objets) et l’attaque (des personnes). Ces phénomènes se multiplient aujourd’hui parce que les gens n’ont plus la foi et sont devenus incapables de gérer leur stress.
L’action diabolique spécifique exceptionnelle : la possession.
Quelles sont les réponses de l’Église à l’action du Diable ?
Réponse à la tentation qu’on n’a pas repoussée : le pardon sacramentel.
Réponse aux infestations et compromissions : la prière de délivrance. Il faut que la personne rompe radicalement et explicitement (de préférence devant témoin) le lien qu’elle a contracté et qu’elle se repente du péché d’idolâtrie qu’elle a commis.
Réponse aux cas de possession : le grand exorcisme.
en mon Nom, ils chasseront les démons (Marc 16,17). Le cœur de ce rituel est d’une part une supplication qui s’adresse à Dieu, d’autre part une injonction qui s’adresse à l’Ennemi. Il faut parfois renouveler plusieurs fois l’exorcisme, et mener un combat difficile, jusqu’à ce que l’Ennemi, souffrant trop d’être confronté à la Gloire de Dieu et à l’Amour du Christ, quitte la place.
· Alain Bandelier, prêtre du diocèse de Meaux et responsable du Foyer de Charité de Combs-la-Ville, anime de nombreuses retraites et collabore notamment à l’hebdomadaire Famille Chrétienne