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« La corruption est pire que le péché »

Corruption

© Don POMIDOR / SHUTTERSTOCK.com

Mirko Testa - publié le 28/03/13

Réflexion de Jorge Mario Bergoglio – devenu le pape François - dans son livre : « Guérir de la corruption »
Deux livres de Jorge Mario Bergoglio, futur pape François, viennent de sortir en Italie : « Guérir de la corruption » et « L'humilité est le chemin qui conduit à Dieu ».

Ces deux livres de l’ancien archevêque de Buenos Aires, s'inspirent de la spiritualité ignacienne et des Exercices Spirituels dans l'analyse des mécanismes qui animent la corruption, dans la société comme dans l'Eglise.

Ils ont été présentés à Rome ces jours-ci, par M. Lorenzo Fazzini (Editrice Missionaria Italiana), aux côtés de Don Luigi Ciotti, fondateur de l'association de sensibilisation à la lutte contre les mafias et de promotion de la légalité, Mlle Lucetta Scaraffia, historienne et journaliste de L'Osservatore Romano, et le P. Antonio Spadaro, SJ, Directeur de la revue Civiltà Cattolica. (visnews)

Le premier livre, « Guérir de la corruption », part du constat que la corruption est un phénomène diffus dans la société argentine et dans le monde. Il identifie la racine du mal et le différencie du péché :

« La corruption est « l’herbe folle » de notre temps qui se nourrit de l’apparence et de l’acceptation sociale, qui s’érige en valeur morale, et peut arriver à consumer de l’intérieur l’Eglise elle-même (…) et si pour le péché il existe le pardon, pour la corruption il n’existe pas. C’est pourquoi la corruption doit être combattue ».

Péché et corruption

Dans cet ouvrage, Jorge Mario Bergoglio explique d’emblée que la corruption n’est pas « un acte, mais un état personnel et social, dans lequel on s’habitue à vivre, générant des attitudes qui finissent peu à peu par détériorer et limiter la capacité d’aimer ».

Voici comment il résume les traits saillants de ce fléau :

1) Immanence. La corruption tend à produire« une vraie culture, avec des capacités doctrinales, un langage qui lui est propre, une manière de procéder particulière », elle devient une « culture du détournement », où « la transcendance chemine de plus en plus sur la voie qui va au-delà, jusqu’à l’immanence ». Le processus qui conduit du péché à la corruption est un processus qui amène l’homme à vouloir « remplacer Dieu par ses propres forces ». La genèse s’inscrit dans une « lassitude de la transcendance : face au Dieu qui ne se lasse jamais de pardonner, le corrompu s’érige en personne autonome dans l’expression de son salut : il se lasse de demander pardon ».  

2) Bonnes manières. Cette autonomie humaine qui est reflet de « l’attitude d’un cœur blessé par rapport à un trésor qui le séduit, le tranquillise, et le trompe » est une « transcendance frivole ». La corruption est en effet dominée par une sorte d’« effronterie pudique », voue « un culte aux bonnes manières pour couvrir ses mauvaises habitudes ». Le corrompu est un équilibriste de la « finesse », un champion des bonnes manières. Et si «  le pécheur, en se reconnaissant comme tel, admet en quelque sorte la fausseté du trésor auquel il a adhéré ou adhère…le corrompu, lui, a soumis au contraire son vice à un cours accéléré de bonne éducation ».

3) Valeur morale. « Le corrompu – écrit Jorge Mario Bergoglio – a toujours besoin de se comparer à d’autres, à ceux qui lui semblent mener une vie cohérente (même quand il s’agit des cohérences du publicain qui admet être un pécheur) ». Sa caractéristique est dans « la manière de se justifier », en présentant ses « bonnes manières » comme opposées à des situations de péché extrémisées ou de caricatures et c’est en cela qu’il s’érige en « juge des autres », se fait « mesure du comportement moral ».

4) Triomphalisme. « Le triomphalisme est le bouillon de culture idéal pour les comportements corrompus ». A ce propos le théologien Henri de Lubac parle de « velléité » et de « frivolité » cachée dans une « mondanité spirituelle », de la « tentation la plus venimeuse » qui voit comme idéal moral l’homme et son perfectionnement et non la gloire de Dieu. Selon Jorge Mario Bergoglio la mondanité spirituelle « n’est rien d’autre que le triomphe qui pose sa confiance dans le triomphalisme de la capacité humaine ; l’humanisme païen adapté au bon sens chrétien ».

5) Complicité. « Le corrompu ne connaît ni fraternité ni amitié, mais la complicité », il tend à entrainer tout le monde à sa hauteur morale. Ou on est complice ou on est ennemi. « La corruption est prosélyte ». « La corruption se cache derrière un comportement socialement acceptable » comme « Pilate qui fait comme si le problème ne le concernait pas, et s’en lave donc les mains, même si au fond il est pour défendre sa zone corrompue d’adhésion au pouvoir, à n’importe quel prix ».

La corruption du religieux

Jorge Mario Bergoglio fait ensuite une analyse attentive et très lucide des « états de corruption quotidienne » qui, lentement « font échouer la vie religieuse ». Il s’agit d’une sorte de paralysie qui se produit quand une âme s’adapte à vivre tranquillement en paix.

Au début, il y a « la crainte de se voir embarquer par Dieu dans des voyages que l’on ne saurait contrôler ». Mais en faisant comme ça, explique Jorge Mario Bergoglio, « Les horizons rapetissent à la hauteur de sa propre désolation ou de son apathie. On craint l’illusion et on préfère le réalisme du moins à la promesse du plus ».  C’est là que se niche le vrai danger, car « en préférant le moins qui semblerait plus réaliste il y a un fin processus de corruption: on arrive à la médiocrité et à la tiédeur (deux formes de corruption spirituelle) », un plan incliné qui conduit « au découragement de l’âme », dans une « lente, mais définitive sclérose du cœur ».

Et voila que l’âme s’agrippe alors à tous les produits que « le supermarché du consumérisme religieux » lui offre, et tendra donc à interpréter la « vie consacrée comme une réalisation immanente de sa personnalité », ou il courra après la « satisfaction professionnelle », quand il se satisfera de l’estime d’autrui, ou se consacrera à une vie sociale intense.

D’où l’invitation de l’ancien archevêque de Buenos Aires : « notre indigence doit s’efforcer d’ouvrir un petit espace à la transcendance », parce que « le Seigneur ne se lasse pas de nous appeler : n’ayez pas peur…'. Avoir peur de quoi ? Ne craignez pas l’espérance…et l’espérance ne déçoit pas ».

Lire la news en italien.

Tags:
CardinauxPape FrançoisSociété
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