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Le pape François et ses amis les rabbins

bergoglio hanuka – fr

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El cardenal Bergoglio, durante la fiesta judía de la Hanuká

aleteia - publié le 19/03/13

Extrait d’une conversation avec Abraham Skorka …

Comme Benoît XVI en avril 2005, le pape François, très vite après son élection, a envoyé une lettre au chef de la communauté juive de Rome, Riccardo Di Segni, pour lui faire part de son désir de contribuer aux « progrès des relations entre juifs et catholiques ».  

Un geste plus que naturel aux yeux de tous ses amis juifs et de tous ceux qui connaissaient déjà son engagement en faveur du dialogue interreligieux, notamment dans les relations avec le judaïsme.

Les témoignages recueillis auprès des personnalités juives d’Argentine sont unanimes : Le cardinal Jorge Mario Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, était réputé pour son « ouverture », pour sa capacité à « dialoguer » et à « jeter des ponts » en direction des autres confessions.

Parmi ses «  nombreux amis rabbins », le rabbin Abraham Skorka, recteur du Séminaire rabbinique latino-américain, qui voit en lui un promoteur « absolu » du dialogue interreligieux. Celui-ci est convaincu que le pape François en fera une des spécificités de son pontificat.

Leur amitié, centrée sur la recherche de Dieu et la promotion de liens fraternels,  s’est renforcée au fil de longues conversations dont certaines sont recueillies dans le livre : « Jorge Bergoglio et Abraham Skorka : sur le ciel et la terre », publié en 2012 par la maison d’édition Sudamericana , dont voici un extrait  du chapitre « A propos de Dieu », qui mérite une attention particulière pour encore mieux cerner la personnalité du nouveau pape en termes d’ouverture, de franchise et de simplicité :

A. Skorka: Voici de nombreuses années que nous nous connaissons et qu’une amitié fraternelle s’est nouée entre nous. Lorsque j’étudie les textes du Talmud,  j’en découvre un qui dit que l’amitié signifie partager des repas, des moments, mais en définitive que la véritable amitié consiste à pouvoir révéler à l’autre la vérité de notre cœur.

C’est ce qui s’est passé au fil du temps entre nous. Je crois que,  incontestablement,  la première réalité qui nous a unis a été, et continue d’être, Dieu. Dieu qui a fait en sorte que nos chemins se croisent et a permis de nous révéler la vérité de nos cœurs. Même si, dans nos conversations habituelles, nous abordions de multiples thèmes, jamais nous ne parlions de Dieu de façon explicite. Tacitement, bien sûr, Il était présent. Il serait bon de commencer cette rencontre, que nous avons prévu de laisser comme témoignage de notre dialogue, en parlant de ce qui a une telle signification pour nous, dans notre existence.

J.M Bergoglio: Quel beau mot que celui de « chemin »! Dans mon expérience personnelle de Dieu, je ne peux pas faire abstraction du chemin. Je dirais que Dieu, on le trouve  en cheminant, en marchant, en le cherchant, et en se laissant chercher par Lui. Deux chemins qui se rencontrent. D’un côté, le nôtre qui le cherche, poussé par cet instinct qui vient du cœur.  Ensuite, au moment de la rencontre, nous prenons conscience que c’est Dieu lui-même qui nous cherche avant que  nous ne le cherchions, qu’il nous a « devancés ». L’expérience religieuse initiale est celle du chemin: quitte ton pays…pour le pays que je t’indiquerai (Gn 12, 1).
C’est une promesse que Dieu fait à Abraham. Et dans cette promesse, dans ce chemin, s’établit une alliance qui se renforcera au fil des siècles. C’est pourquoi je dis que mon expérience de Dieu se fait sur le chemin, dans la recherche, en me laissant chercher. Divers peuvent être les chemins: celui de la souffrance, de la joie, de la lumière, de l’obscurité.

A. Skorka: Ce que vous dites me fait penser à plusieurs versets de la Bible. Par exemple, lorsque Dieu dit à Abraham: « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). Ou quand le prophète Michée veut expliquer au peuple d’Israël ce que Dieu attend de lui : « rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu ». (Mi 6, 8)  Sans aucun doute, l’expérience de Dieu est dynamique, pour reprendre un mot que nous apprenons dans nos sciences exactes communes [Abraham Skorka est docteur en chimie et Jorge Bergoglio, technicien chimiste].

Mais, qui peut croire que nous pourrions le dire à l’homme d’aujourd’hui alors que le concept de Dieu est tellement déprécié, éreinté, mal utilisé ?

J.M. Bergoglio: La chose essentielle à dire à chaque homme est de rentrer en lui-même. La dispersion introduit une cassure à l’intérieur de nous, rend impossible la rencontre avec soi-même, empêche ce moment de regarder le miroir de son cœur. C’est ici que se trouve la graine… c’est ici que commence le dialogue.

Parfois on croit tenir le bon bout, mais il n’en est pas ainsi. A l’homme d’aujourd’hui, je dirais qu’il fasse l’expérience d’entrer dans son intimité pour connaître l’expérience, le visage de Dieu. C’est pourquoi j’aime tant ce que dit Job après sa dure expérience et ces dialogues qui n’ont rien solutionné du tout:« Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu » (Jb, 42, 5) A l’homme, je dis qu’il ne connaîtra pas Dieu par ouï-dire. Le Dieu vivant est celui qu’il va voir avec ses yeux, au-dedans de son cœur.

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Pape François
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