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GPA : l’efficacité diplomatique du Saint-Siège

BEBES HOPITAL

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Jean-Baptiste Noé - publié le 02/05/24 - mis à jour le 06/05/24 le 21:10

La reconnaissance par le Parlement européen de la GPA comme une traite humaine sonne comme une victoire pour la diplomatie du Saint-Siège, le Pape ayant régulièrement appelé à son interdiction. Le géopoliticien Jean-Baptiste Noé explique pourquoi la neutralité du Vatican ne signifie pas absence d’engagement.

Pour être efficace, une diplomatie doit être discrète, y compris dans ses victoires. La reconnaissance par le Parlement européen de la GPA comme “une traite humaine”, est incontestablement aussi une victoire du Vatican qui travaillait en ce sens. Il ne s’agissait pas d’intervenir directement, au risque de présenter l’opposition à la GPA comme étant uniquement une affaire de catholiques, mais de s’appuyer sur tous les leviers existants, les États, les parlementaires, les associations, afin de les faire converger vers le même but.

Recueil de témoignages et convergence

La force du Saint-Siège est de disposer d’un réseau d’experts et d’associations qui travaillent avec lui. Cette puissance réticulaire lui permet de savoir ce qui se passe, de mettre les personnes en relation pour les faire travailler ensemble et de faire converger vers Rome des personnes qui en sont a priori éloignées. C’est le cas d’Olivia Maurel, figure de l’opposition à la GPA, qui doit elle-même la vie à cette méthode de conception il y a plus de trente ans. Tout en se revendiquant féministe, favorable à l’avortement et aux unions de personnes de même sexe, des positions qui ne sont pas celles du Saint-Siège et du pape, elle a tenu à rencontrer le pape François parce qu’elle voit en lui l’un de ceux qui combattent le plus la GPA. Le Pape a également reçu des membres de la Conférence de Casablanca qui réunit des spécialistes de plusieurs continents afin de contribuer à abroger les pratiques de la GPA. Si cette conférence n’a pas été organisée par le Saint-Siège, celui-ci a donné une aura médiatique grâce à la rencontre pontificale.

Présence dans les conférences internationales

Le Saint-Siège dispose de nombreux représentants dans les conférences et les organismes internationaux : diplomates à l’ONU (à New York et Genève), à l’OSCE, à la FAO (1948), à l’UNESCO (1952). Le Saint-Siège participe également à la création de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) en 1957. C’est en 1964 qu’il dispose d’un observateur permanent à l’ONU. Ce poste essentiel lui permet d’”observer”, c’est-à-dire de voir ce qui se passe, de connaître les délégations mondiales, les ambassadeurs et leurs équipes, de prendre connaissance des dossiers en cours et d’influer sur ceux qui tiennent à cœur au Saint-Siège. Ce faisant, son représentant ne prend pas part aux votes, ce qui l’obligerait à perdre sa neutralité. D’où le poste d’observateur et non pas d’État membre, qui n’est pas à considérer comme une rétrogradation, mais comme le respect de l’essence même du Saint-Siège, qui est de conserver sa nature propre. Cette neutralité n’est pas absence d’engagement. On l’a vu lors de la crise de Cuba (1962) quand Jean XXIII est intervenu entre les États-Unis et l’URSS et plus récemment quand le pape François a appelé à une interdiction mondiale de la GPA :

“Le chemin de la paix exige le respect de la vie, de chaque vie humaine, à commencer par celle de l’enfant à naître dans le ventre de la mère, qui ne peut être supprimé ou devenir un objet de commercialisation. […] À cet égard, je considère que la pratique de la gestation pour autrui est regrettable, car elle porte gravement atteinte à la dignité des femmes et des enfants. Je souhaite donc que la communauté internationale s’engage à interdire universellement cette pratique” (Épiphanie, 8 janvier 2024). 

La puissance des réseaux

On peut parfois estimer que ces appels publics se révèlent inutiles ou inefficaces, tant il est entendu que les États ne vont pas réagir immédiatement parce que le Pape s’est exprimé. Mais sur le temps long, ces prises de position publiques prouvent leurs effets. Parce qu’elles encouragent et fortifient ceux qui luttent au quotidien contre de telles pratiques, parce qu’elles permettent d’assurer ensuite la diplomatie du souterrain et du couloir. Dans ces organismes internationaux dont l’architecture relève souvent de la forteresse de Kafka, pouvoir se rencontrer, échanger, de façon informelle comme lors de colloques internationaux, permet aux personnes engagées de se connaître et donc de travailler ensemble. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création de ces organismes internationaux multiples, le Saint-Siège a compris l’extrême importance d’y être présent, afin d’assurer une présence et un regard, de contrecarrer les projets destructeurs et de soutenir les initiatives positives. Une puissance d’influence qui s’appuie sur la diplomatie officielle et sur tous les réseaux et organisations qui œuvrent pour un monde plus juste. 

[EDIT] Lundi 6 mai, 17h57 : Certaines formulations de Jean-Baptiste Noé pouvaient laisser croire que le Vatican était directement impliqué dans l’organisation de la Conférence de Casablanca, à Rome. Ce qui n’est pas le cas. Aussi deux phrases de cette contribution ont été modifiées marginalement afin de dissiper tout malentendu. La rédaction.

Tags:
diplomatieGPAPape FrançoisVatican
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