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Les conseils d’Anna Roy pour mieux vivre le post-partum

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Celine Nieszawer

Morgane Afif - publié le 24/02/24

Anna Roy, sage-femme bien-aimée des jeunes mamans, intervenante dans l’émission La Maison des maternelles (France 2), livre pour Aleteia ses précieux conseils pour mieux vivre le post-partum.

Le post-partum dure trois ans” estime avec justesse Anna Roy, sage-femme passionnée et passionnante qui intervient régulièrement dans l’émission La Maison des maternelles sur France 2. Si l’arrivée d’un enfant vient bouleverser la vie de ses parents, les neuf mois de la grossesse sont aussi une période nécessaire pour préparer son corps et son cœur à accueillir dans sa vie, son couple et son foyer un nouveau petit bébé. Pendant sa grossesse, une mère fait aussi l’expérience de l’étonnante et mystérieuse réalité d’une nouvelle vie qui grandit en elle alors que le lien affectif qui l’unit à son bébé se met doucement en place. Le post-partum (du latin “post“, après et “partum“, naissance) désigne la période qui suit l’accouchement et s’étend, d’un point de vue médical, jusqu’au retour de couches, c’est-à-dire les premières règles qui suivent la naissance.

S’il est accompagné de la joie de découvrir son enfant, le post-partum est aussi souvent une période ambivalente et chargée de son lot de difficultés. Mal accompagné, il peut même voir se développer une véritable dépression, différente du “baby blues” qui désigne la chute d’hormones quelques jours après l’accouchement et qui désigne un état dépressif passager. La dépression du post-partum, elle, s’installe dans la durée et nécessite une prise en charge psychologique, voire psychiatrique, puisque le suicide compte parmi les deux premières causes de mortalité des jeunes mères dans l’année qui suit la naissance de leur enfant. C’est le sujet que porte la sage-femme Anna Roy. “Tous les ans, ce sont entre 15 et 30% des jeunes mamans qui sont touchées par la dépression du post-partum, c’est-à-dire une dépression qui survient dans la première année qui suit l’accouchement. Un chiffre indéfini, car les études sur le sujet n’ont pas encore été consolidées, même si on peut estimer que ce sont environ 200.000 femmes qui sont concernées chaque année”.

Le post-partum selon Anna Roy, un sujet encore tabou

Si les langues se délient encore timidement autour du post-partum, le sujet est encore tabou selon la sage-femme. “La maternité fait partie de ces sujets féminins pour lesquels on ne veut pas introduire d’ambivalence : la maternité est forcément positive, merveilleuse, puisque le fait d’accueillir la vie est nécessairement remarquable. Être mère, ça ne doit être que bien. De la même manière, et à l’inverse, la ménopause est décrite comme une période terrible sur tous les points de vue, ce qui n’est pas juste puisque ça peut aussi être une période assez chouette”. Peu de femmes, ainsi, osent partager une image décomplexée de la maternité, par peur de “renvoyer une image d’elle ou de leur famille qui puisse passer pour défaillante. Il y a tous les ingrédients pour que le sujet devienne tabou”, estime ainsi Anna Roy.

La maternité fait partie de ces sujets féminins pour lesquels on ne veut pas introduire d’ambivalence.

Le post-partum, une réalité encore méconnue

“La notion même de post-partum n’existait pas en médecine il y a dix ans encore, souligne Anna Roy. On ne parlait que des suites de couches, de cicatrice et d’utérus, pour désigner uniquement les premières semaines qui suivent l’accouchement. Il faut bien avoir en tête qu’on part de très loin. Le post-partum est encore une question récente et on doit aussi le chemin parcouru sur ce sujet essentiel de la vie des femmes à celles qui ont osé prendre la parole. Ce n’est pas très à la mode chez les cathos, je sais, mais c’est aussi le bon de la vague MeToo qui a donné aux femmes une voix qu’elles n’avaient pas jusque là”.

La recherche, encore peu avancée, n’a toujours pas identifié avec certitude les causes de la dépression du post-partum dont on ne sait pas encore à quoi elle est due. “On connait quelques facteurs de risques, souligne la sage-femme : antécédents personnels de dépression, psychotraumatisme lié à l’accouchement, primiparité, mortalité périnatale, conflits conjugaux, précarité sociale, isolement, grossesse non désirée et âge de la mère. On est encore au tout début de la recherche sur les modifications cérébrales, même si on sait que le cerveau d’une femme se modifie au moment de la grossesse et du post-partum. On le voit sur l’imagerie cérébrale : le cerveau des mères se modifie au cours des trois premières années qui suivent la naissance d’un enfant avant de retrouver une apparence normale à la fin de cette période qui correspond, selon moi, au post-partum”.

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Pour la sage-femme, il faut sortir de cette culpabilisation pour mettre à mal cette image d’Épinal de la mère parfaite. Dans une société de l’image, “on fait peser une pression folle sur les personnes : il faut tout réussir, son boulot, sa vie de famille, sa vie sociale. Mais on ne peut pas être une mère parfaite : je caricature, mais il s’agit juste d’être la mère la moins mauvaise possible. Si, en revanche, on se sent maltraitant ou que le lien avec l’enfant ne se fait pas, il faut bien sûr aller consulter urgemment”.

Connaître le post-partum pour aider les jeunes mères

“Je ne suis ni une lanceuse d’alerte, ni une militante, martèle Anne Roy. Ma mission est de me mettre au service des femmes, même si la notion n’est pas très à la mode en ce moment. Pour aider les femmes, il faut oser parler des difficultés, non pas pour effrayer, encore moins pour décourager, mais pour dire la vérité et surtout prévenir. Il faut que les femmes soient au courant pour qu’elles puissent réagir si besoin”. Une large majorité des dépressions qui surviennent dans les premières années de vie d’un enfant sont ainsi évitables, si la mère parvient à identifier les signaux d’alerte. Parmi eux, selon Anna Roy, “une humeur maussade, de la tristesse, de l’anxiété, un manque d’entrain, l’altération de son sommeil ou de son appétit (trop ou pas assez) et l’altération du lien avec le bébé”.

Comment réagir ? “Dans la première année qui suit l’accouchement, je recommande à mes patientes de faire le test EPDS une fois par mois : si le score est supérieur à dix, il faut en discuter avec une sage-femme, un généraliste ou un professionnel de la santé mentale. Bien sûr, à la dernière question, ‘Avez-vous pensé à vous faire du mal’, si la réponse est oui, il faut aller aux urgences générales, psychiatriques ou obstétriques. C’est très important”.

Pour aider les femmes, il faut oser parler des difficultés, non pas pour effrayer, encore moins pour décourager, mais pour dire la vérité et surtout prévenir.

Pour la sage-femme, la reprise du travail représente la période la plus à risque. “Les femmes ne dorment pas la nuit puisque le bébé les réveille plusieurs fois. Puisqu’elles travaillent la journée, parfois même loin de chez elles, elles atteignent un état d’épuisement qui devient souvent un terrain propice à l’état dépressif, qui se transforme parfois en dépression. Si on sent qu’on est trop fatiguée, il faut savoir s’arrêter. C’est le grand problème de la durée du congé maternité qui est beaucoup trop court en France. Bien sûr, la réponse est également politique : soutenir la natalité c’est surtout soutenir les femmes”. Bonne nouvelle, cependant : “la dépression du post-partum, quand elle est prise en charge, se guérit très bien. Il faut garder en tête que c’est un état passager : on n’est pas dépressive parce qu’on a vécu une dépression du post-partum. En revanche, l’accompagnement est primordial : il faut savoir demander de l’aide”. Au téléphone, Anna glisse en riant : “pour remettre l’église au centre du village”.

Pour en savoir plus

Le post-partum dure trois ans, Anna Roy, Larousse, 224 pages, 18,95 euros.
La vie rêvée du post-partum, Anna Roy, Larousse, 195 pages, 18,95 euros.
Baby clash, Anna Roy, Larousse, 201 pages, 18,95 euros.

Tags:
DépressionMaterniténaissance
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