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Le désir d’enfant est un mystère

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Shutterstock I fizkes

Jeanne Larghero - publié le 26/01/24

Relancer la natalité est sans doute nécessaire, mais le désir d’enfant est un mystère qui ne peut pas se mettre en équation, rappelle la philosophe Jeanne Larghero.

Les chiffres de la natalité plongent en Europe, et la France qui jusque-là semblait résister à l’hiver démographique ne fait plus exception. D’où le concours Lépine de la natalité : c’est à qui proposera la nouvelle idée destinée à inciter “les femmes à faire des enfants”, pour reprendre l’expression consacrée. Expression désagréable qui donne l’impression que l’on compte les ventres dont on espère augmenter la capacité de production.

Expression expéditive qui laisse à croire que la natalité est exclusivement l’affaire des femmes : leur âge, la durée de leurs études, leur entrée dans la vie professionnelle, leur niveau socio-économique sont autant de facteurs passés au crible, soit. Comme si on faisait un bébé toute seule. Comme si la présence d’un homme ne rentrait pas dans l’équation. Et surtout, comme si le désir d’enfant pouvait se mettre en équation…

C’est toujours une folie d’avoir un enfant

Or le désir d’enfant est un mystère, qui se loge à la jointure de l’âme et du corps, qui prend au ventre, assaille le cœur et occupe l’esprit. Quel est ce mystère étrange ? Nous, humains compliqués, ne nous confondons pas avec les animaux, en ce que nous pouvons choisir d’être parents ou de ne pas l’être, parfois sans succès d’ailleurs. Nous avons besoin de raisons de “faire” un enfant, autant que nous avons besoin de raisons de vivre. Et si nous manquons pour nous-mêmes de raisons de vivre et d’espérer, de raisons de croire que l’avenir nous réserve de belles promesses, de raisons de croire que le monde peut encore changer, comment pourrait-on s’engager à donner naissance et à élever un enfant ? 

Plus on attend que tous les facteurs soient favorables, plus on prend le risque de ne pas être parent, ou​ de ne plus l’être.

Mais curieusement, ces attentes aussi nous paralysent : plus on attend que tous les facteurs soient favorables, plus on prend le risque de ne pas être parent, ou​ de ne plus l’être. Car on n’est jamais vraiment prêt à avoir un enfant. Pour cela, il faudrait en avoir déjà eu une palanquée pour se faire un peu la main… Et donc c’est toujours une folie que d’avoir un enfant. Folie que de lancer dans l’existence un tout petit qui occupera tout notre univers sans s’excuser de le faire, un tout petit incroyablement vulnérable grâce à qui pourtant notre vie prend un caractère irréversible, petit être insignifiant dont la présence même est déjà une modification du cours de l’histoire humaine, la nôtre pour commencer, mais aussi celle de l’humanité. Il est la preuve vivante, tangible, incontestable, qu’un homme et une femme peuvent faire du pour toujours. Il lie de manière indéfectible un homme à une femme, une femme à un homme. Il faut être un peu fou pour vouloir cela. 

Le cœur au secours de l’esprit

C’est pourquoi le désir d’enfant dépasse la raison et déjoue les programmes : la fièvre d’un soir vient au secours de ceux qui sans cela ne se trouveront jamais prêts. Et regardez comment l’enfant non programmé peut devenir au fil des semaines intensément désiré : le cœur vient au secours de l’esprit noyé sous ses calculs. C’est ainsi, nous avons besoin de raisons mais il ne sera jamais raisonnable de mettre des enfants au monde. Il faut pour cela la folie et la grâc​e, la fièvre et la générosité de la jeunesse pour se lancer dans une aventure pareille, mais comme disait Bernanos, “hélas, c’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents” ! (Les Grands Cimetières sous la lune.)

Tags:
DémographieEnfantsFamilleMaternité
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