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Infertilité : six pièges à éviter pour garder son couple uni

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Beautiful couple hugging and looking at each other

Branislav Nenin | Shutterstock

Mathilde de Robien - publié le 15/01/24

Face à l’infertilité, le couple peut être fragilisé. Voici six pièges à éviter et autant de pistes à suivre pour garder son couple uni dans l’épreuve.

L’infertilité met le couple à rude épreuve : projets en berne, sexualité programmée, communication biaisée par la souffrance, la culpabilité ou encore la peur de la rupture… Si certains couples témoignent que cette épreuve les a rapprochés, d’autres s’en trouvent au contraire fragilisés. “L’infertilité est une énorme épreuve, c’est une souffrance immense, et tout le monde n’est pas armé pour affronter cette situation qui donne lieu à des sentiments de colère, d’injustice, de doute, de solitude, de culpabilité… donc oui, il y a un risque de fragilisation du couple à ce moment-là”, affirme Florence Pasquier-Desvignes, conseillère conjugale et animatrice, avec son mari, d’un groupe de parole pour les couples en espérance d’enfant à la maison Familya, à Lyon.

Une période à risque qui concerne de très nombreux couples. Un rapport émis en février 2022 dans le cadre du plan national pour lutter contre l’infertilité fait état de 3,3 millions de personnes ayant rencontré des problèmes d’infertilité nécessitant une aide médicale. Selon l’Ined et l’Inserm, aujourd’hui, un couple sur quatre qui essaie d’avoir un enfant est touché par l’infertilité.

Face à l’infertilité, garder son couple solide et uni est un véritable défi. Il s’agit d’exprimer ses émotions sur un sujet très intime, de continuer à faire des projets, de décider de faire front ensemble… Voici six pièges qui peuvent abîmer la relation conjugale si l’on n’y prend pas garde, et autant de pistes pour qu’elle sorte grandie et fortifiée de cette épreuve.

Piège n°1
Garder la souffrance pour soi

Dans le couple, chacun peut avoir la tentation de se refermer sur sa propre douleur, se disant que l’autre ne peut pas la comprendre. Mathilde et Enguerran Petit, 36 ans tous les deux, sont mariés depuis huit ans. Cela fait sept ans qu’ils espèrent un enfant. Au fil des années, ils ont appris à parler de cette souffrance et à vivre avec cette blessure. “Elle est là, mais elle ne prend plus toute la place”, confient-ils sereinement. Au début, partager cette souffrance l’un avec l’autre n’a pas été facile. “On a mis du temps à en parler entre nous. Quand on doit faire face à sa propre souffrance, on a du mal à imaginer la souffrance de l’autre. On ne comprend déjà pas sa propre souffrance, alors celle de l’autre, encore moins !”

Progressivement, le couple fait l’expérience des bienfaits d’exprimer sa souffrance à son conjoint, de ne pas la garder pour soi. “Plus on en parle, plus on devient attentif à l’autre. On prend conscience des situations qui sont particulièrement douloureuses pour l’autre, comme voir des femmes enceintes ou des enfants dans les bras de leur mère… Se rendre compte de tout cela permet d’être présent à l’autre, de le réconforter dans les moments difficiles, on est plus fort avec l’aide de l’autre”. Florence Pasquier-Desvignes souligne que la communication dans le couple confronté à l’infertilité est difficile – car elle touche à l’intime – mais absolument essentielle. “Pour rester uni, le couple doit apprendre à communiquer, à s’ouvrir à l’autre, à partager ses sentiments, ses émotions, ses ressentis”. L’aide d’un tiers peut aider à libérer la parole, à favoriser les échanges entre les conjoints, qui parfois n’osent pas s’exprimer de peur de blesser ou peiner l’autre.

Piège n°2
Garder la souffrance au sein du couple

La tentation est grande, pour le couple, de se refermer sur sa souffrance, de chercher à s’isoler. Car le couple peut se sentir incompris par ceux qui n’ont pas vécu cette situation. Il arrive que les conjoints aient été blessés par des remarques maladroites de leur entourage, et préfèrent alors éviter le contact. Entendre leurs amis parler de leurs enfants peut être aussi difficile. “Le danger est de se refermer sur soi, sur son couple, or il n’est pas bon de rester seuls avec cette souffrance si lourde à porter”, alerte Florence Pasquier-Desvignes.

Il y a un juste milieu à trouver entre le besoin de se protéger et la tentation de s’enfermer dans sa tour d’ivoire.

Mathilde et Enguerran abondent dans son sens : “Il y a un juste milieu à trouver entre le besoin de se protéger (des indélicatesses, ou de ce qui est trop difficile à supporter) et la tentation de s’enfermer dans sa tour d’ivoire. Petit à petit, on arrive à parler de sa souffrance avec les autres. Il est important de se rendre accessible aux autres. C’est aussi par ce biais que nous recevons du soutien, du réconfort”. Un soutien que Mathilde et Enguerran reçoivent notamment lors des week-ends Esperanza qu’ils organisent pour les couples en espérance d’enfant. Des temps joyeux, fraternels, “pour vivre chaque jour le plus intensément possible, tout en continuant d’attendre et espérer”.

men friendship barbecue

Florence Pasquier-Desvignes encourage quant à elle à consulter des professionnels, à intégrer des groupes de parole. “Se faire accompagner dans cette épreuve est vraiment une aide !” Et de témoigner des bienfaits dont elle est témoin dans les groupes de parole qu’elle anime : “Les couples peuvent échanger, sans jugement, sur leurs parcours, leurs sentiments, ils se sentent compris puisque tous sont confrontés à la même difficulté, ils créent des liens très forts.”

Piège n°3
Réduire la sexualité à sa dimension procréative

La sexualité d’un couple confronté à l’infertilité est malmenée, et il n’est pas toujours facile d’y consentir. Les rendez-vous médicaux se succèdent, l’intimité du couple est mise à nu et le corps est parfois considéré comme une machine à procréer. Il n’est plus question d’exprimer son amour ou sa tendresse mais de viser la fenêtre de fertilité. Tout ceci impacte la sexualité du couple et peut la blesser profondément. “Les unions sont calculées, programmées selon un objectif de procréation. Le danger est de supprimer la dimension unitive de l’union conjugale, pour n’en voir que la dimension procréative, et cela est très blessant. C’est se rabaisser ou rabaisser l’autre au statut d’objet ou d’animal. C’est oublier que le plus important, c’est l’amour”, confient Mathilde et Enguerran. Ils invitent à ne pas “se laisser embarquer par le rythme de la médecine et de la mécanique”, afin de ne pas perdre de vue l’unité et la communion des conjoints dans l’union conjugale.

Piège n°4
Ne plus faire d’autres projets

“Il est difficile, pour un couple en espérance d’enfant, de se projeter lorsque le projet principal du couple n’aboutit pas”, souligne la conseillère conjugale. Déménager, changer de travail, voyager… Il peut être tentant de tout mettre en stand by “au cas où”. Mais sans projet, la vie est triste. Mathilde et Enguerran en ont fait l’amère expérience : “On aime voyager, mais on s’est empêché de faire des projets, de prendre des billets d’avion par exemple, en se disant, “si ça se trouve, dans six mois, on attendra un enfant”. Et puis on s’est vite rendu compte que les projets dynamisent la vie de couple. Alors maintenant on se dit “on y va !” et on prend une assurance annulation. Cela change tout, on revit !”

Piège n°5
Culpabiliser, ou faire porter la responsabilité à l’autre

Lorsque les causes de l’infertilité ne sont pas connues, le couple est relativement épargné par ce sentiment de culpabilité chez l’un ou de frustration chez l’autre. En revanche, quand un conjoint porte seul la responsabilité de l’infertilité, une autre blessure – celle, dévastatrice, de la culpabilité – peut venir s’ajouter. Une manière de préserver son couple est de faire front ensemble, de se dire qu’il n’y a pas un responsable, mais deux personnes face à une situation douloureuse. Confrontés à la même épreuve, les conjoints sont l’un pour l’autre le meilleur réconfort. C’est pourquoi il est important que les rendez-vous médicaux se vivent à deux.

Discusión-pareja-couple

Claire et Cédric S2C ont attendu cinq ans avant de donner naissance à une petite fille, en raison notamment d’une endométriose découverte chez Claire. Un parcours du combattant que Claire, illustratrice, raconte dans son roman graphique Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… ou pas! (Mame). Ils ont suivi un parcours de NaProTechnologie, et ce que Claire a apprécié, c’est que cela se passe en couple. “La NaPro inclut l’homme, c’est même lui en principe qui colle les gommettes sur le tableau de suivi du cycle. La femme, contrairement aux parcours de PMA, n’est plus seule à gérer l’infertilité et à subir tous les traitements, c’est important que les deux soient impliqués”, souligne Claire. Restés unis dans l’épreuve, c’est aussi se redire “oui” tous les jours, c’est s’accepter soi, accepter son conjoint, accepter son couple tel qu’il est, avec ses faiblesses et ses fragilités.

Piège n°6
Vouloir tout maîtriser

L’annonce d’une infertilité est un véritable coup de massue. Mathilde et Enguerran évoque “un coup de poing que l’on reçoit de manière inattendue, sans y être préparés”. Une épreuve d’autant plus difficile à accepter dans une société habituée à la maîtrise et à l’immédiateté. La clé pour accepter cette épreuve résiderait-elle dans un abandon à la volonté du Seigneur ? Catholiques pratiquants, Mathilde et Enguerran en donnent un beau témoignage. “Il y a trois ans, nous avons arrêté le parcours NaPro. Parce que tout parcours médical a une fin, parce que le corps de la femme y est sursollicité, mais aussi parce que c’était une manière de dire au Seigneur : “On a fait tout ce qu’on pouvait, maintenant on te laisse la barre et que ta volonté soit faite.”” Une belle leçon de confiance en Dieu, et dans les plans qu’il réserve à chacun de nous.

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CoupleMariageMaternité
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