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Hélène Berge : “Le mariage est un sacrement qui offre des grâces”

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Albane de Marnhac

Aline Iaschine - publié le 29/12/23

Illustratrice et fondatrice de l’Atelier Petit Berge, Hélène Berge décrit ici avec beaucoup d’enthousiasme son quotidien d’épouse, de jeune maman et d’entrepreneuse. Une rencontre à l’image de cette joie qui l’habite et qu’elle fait rayonner autour d’elle.

Hélène Berge, connue sur Instagram avec le pseudo petitberge, du nom de son atelier, habite en Touraine avec son mari et ses 5 enfants âgés de 9 ans à 9 mois. Son univers est poétique et féerique, et invite à l’émerveillement de chaque instant : la douceur d’une naissance, l’innocence de l’enfance, l’élégance d’une ballerine, l’enchantement de l’hiver… Un univers qu’Hélène Berge désire transmettre dans chacun de ses merveilleux dessins. 

Aleteia. Comment est né l’atelier Petit Berge ? 
Hélène Berge. Petit Berge a démarré en 2017. À l’époque, j’avais deux enfants et j’étais mère au foyer. J’avais eu une première expérience comme styliste junior chez Jacadi. Puisque je commençais un peu à tourner en rond à la maison, mon mari m’a encouragée à partager des dessins sur Instagram. J’ai alors ressorti mes crayons et j’ai profité du temps que j’avais pour dessiner. Très rapidement, j’ai reçu les premières demandes de collaboration pour illustrer des faire-parts. Je ne m’y attendais pas du tout. Puis les projets ont continué à arriver au fur et à mesure. Aujourd’hui, Petit Berge est une entreprise qui fonctionne très bien, et ne cesse de grandir.  Ce qui est certain, c’est que le soutien de mon mari est absolument nécessaire.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?
C’est surtout la famille. J’ai la chance d’avoir mes enfants sous les yeux tous les jours. Je suis très sensible aussi à ce qui est beau, à la lumière, au végétal. Quand j’ai le temps, j’aime vagabonder dans les musées pour m’inspirer de beaux tableaux et de couleurs. J’aime aussi feuilleter des livres et regarder des photos anciennes avec des familles d’époque : j’apprécie beaucoup ces univers et ces atmosphères, et ils m’inspirent.

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Ange Provost

Vous êtes mariée, mère de famille, vous avez trois filles et deux garçons et vous êtes également illustratrice. Comment conciliez-vous tout cela ? 
C’est un jonglage quotidien. Il n’y a pas de mur entre ma vie de famille et mon travail puisque mon atelier est au cœur de la maison. Cependant, je suis disponible avant tout pour mes enfants et ma famille. C’est de l’organisation et de l’anticipation. Tous les jours, j’ai toute la famille à déjeuner, donc c’est une vraie gestion, mais je suis très heureuse, ces moments sont précieux pour nous et les enfants. Quand les quatre aînés sont à l’école, j’essaye de travailler pendant la sieste de mon petit dernier. Ensuite, les conduites reprennent entre l’école, le conservatoire et les activités, et le soir, je travaille à nouveau, quand les enfants sont couchés.

Vous êtes mariée avec Benoît depuis dix ans. Votre mari a fait de longues études et il est devenu notaire cette année. Aujourd’hui, est-ce vraiment possible d’avoir une famille avant la fin de ses études ?  
Pendant une grande partie de nos premières années de mariage, mon mari était encore étudiant. Je pense que c’est possible, si l’on considère que quand on veut, on peut. C’est une question de volonté, d’exigence personnelle et de discipline aussi. Nous nous sommes rencontrés à 16 ans et nous nous sommes mariés à 20 ans. On ne s’est pas demandé comment on allait faire. Nous nous aimions éperdument et nous n’étions pas prêts à attendre la fin des études pour se marier. Il a fallu accepter d’habiter dans un 35 m2 et de vivre chichement. Cela ne nous a pas empêché d’être heureux avec ce que nous avions.  

Je me souviens être venue rendre visite à Benoît comme une petite souris, dans l’amphithéâtre d’Assas, avec ma petite en porte-bébé. Cela amusait d’ailleurs certains professeurs et camarades de promotion de mon mari. C’était certes amusant, mais il fallait aussi de la patience parce que c’est vrai que c’était long. Il y a eu beaucoup d’années de sacrifices où j’entendais mon mari me dire “il faut que je bosse, le soir, le weekend”. La révision des examens était importante, donc on n’allait pas se balader partout… Étant fauchés, de toute façon c’était compliqué ! Cela demande une exigence, mais ce n’est pas impossible, à partir du moment où on le veut, où on le décide à deux et où on est prêt à patienter. Je pense qu’il faut aussi faire confiance à la vie.

Qu’est-ce que cela veut dire pour vous “faire confiance à la vie” ?
Nous nous sommes abandonnés. On savait que Dieu pourvoirait à nos besoins. On ne s’est pas posé dix milliards de questions, disant “il faut faire ceci, il faut faire cela, il faut attendre”. Je suis certaine que le mariage est un sacrement qui offre des grâces d’état. Je suis convaincue qu’en étant deux, on est plus forts parce que Dieu aussi est au milieu de nous. Quand l’amour est fort, tout devient facile. Quand l’amour est là, c’est un socle, un pilier, on sait qu’on y arrivera, et que s’il y en a un qui trébuche l’autre sera là. 

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Et votre mari, quelle place prend-t-il à vos côtés ? Quel est le secret pour rester connectés l’un à l’autre ?
La première chose, c’est parler. J’ai la chance de voir Benoît plusieurs fois par jour. Ce sont de courts moments, parce que c’est intense quand il y a les enfants, mais on arrive toujours à avoir 10 minutes par ci, 10 minutes par-là pour échanger. C’est important de faire sentir qu’on est là pour l’autre. On n’est pas obligé de partir à Tombouctou : les rendez-vous, c’est tous les jours. On n’est pas colocataires, on est deux amants, deux époux et c’est important d’en être conscients. 

La maternité est un éternel don de soi et c’est beau.

Je pense qu’il faut aussi apprendre à se discipliner sur l’usage des écrans, et s’aider mutuellement. Avec Benoît, on a eu cette chance folle de pouvoir nous écrire avant notre mariage. On s’écrivait à la main, on s’envoyait des lettres, on s’écrivait des carnets et quand on pouvait, on s’appelait pendant des heures pour parler. Aujourd’hui quand c’est dur, instinctivement, on se remémore ces moments-là et on repart de l’avant. C’est comme une source dans laquelle on vient puiser. 

Dans vos publications sur Instagram, vous évoquez souvent votre maternité. Qu’aimez-vous le plus dans la vôtre ? 
C’est la joie d’être transformée par la maternité. À son contact, on devient meilleur, jour après jour. On donne le meilleur de nous-même pour chacun de nos enfants, et c’est beau de se détacher de son moi antérieur. Au début, c’est éreintant, mais avec les années, il y a une vraie joie. Sur des aspects plus concrets, j’aimais beaucoup allaiter mes petits ou admirer leurs sourires. J’aime les yeux qui roulent en arrière quand ils sont en train de s’endormir dans mes bras. J’aime aussi quand ils grandissent : les discussions, les moments de qualité avec chacun, découvrir leur caractère, encourager certaines qualités, aider un enfant quand il a des défauts. Dans la maternité, c’est toujours du renouveau. Ce n’est jamais la même recette pour chaque enfant et il y a des défis à tout âge. La maternité est un éternel don de soi et c’est beau.

Vous avez un petit garçon, Charles, atteint d’une maladie neuro-musculaire, l’arthrogrypose. Dans un post, vous avez écrit que pendant votre grossesse, vous étiez prêts à toutes les maladies et les pathologies, sauf à une chose : le tsunami d’amour dont il allait inonder vos cœurs et vos vies.
On a détecté à la 2ème échographie que Charles avait une malformation de certains membres et une absence du mouvement. De façon tout à fait naturelle et évidente, on s’est laissé encore une fois porter par la providence. On s’est dit qu’on allait vivre cette grossesse sereinement. Puis Charles est né. On l’a découvert tel qu’on l’avait vu sur les images, et plus beau encore, avec son petit visage absolument attendrissant. On s’est accroché à son doux visage et pour le reste, nous allions prendre le temps de le découvrir. 

Charles est rentré à l’école en septembre. Une AESH l’accompagne. Il n’a aucune atteinte cognitive, mais il n’a aucun muscle dans les bras et très peu dans l’épaule Son équilibre sur ses jambes est encore précaire, les chutes peuvent lui être fatale. Il n’est pas en mesure de faire tous les gestes, alors il les compense d’une autre manière. Ça peut être très rigolo à voir d’ailleurs, mais il se débrouille comme un chef.  

C’est un garçon qui est absolument attachant. Sa plus grande force, c’est qu’il est courageux et volontaire. Tant qu’il n’y arrive pas, il ne lâche pas l’affaire. Parfois, c’est très pénible, mais c’est ce qui va le sauver, dans son autonomie. Sa relation avec ses frères et sœurs est très forte.  Il y a un vrai souci des aînés sur le confort et le bien-être de Charles. Quand il est rentré à l’école, elles étaient aux petits soins pour lui. Ses premières années de vie, elles ont été actrices, sans le savoir, de sa rééducation par leur présence et leur stimulation. Elles sont précieuses pour Charles. Il a une chance folle d’arriver en quatrième position et d’être encouragé, aimé, dorloté, cajolé par trois grandes sœurs. Elles ont accueilli Charles tel qu’il était.

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Comment transmettez-vous votre foi à vos enfants au quotidien ? 
On a le désir de faire la prière en famille tous les soirs. C’est un point d’honneur pour nous. C’est rarement le calme monacal, mais c’est un moment que les enfants attendent. Quand il y a un imprévu, ce sont les premiers à nous dire « Ah, on n’a pas fait la prière ». Les aînés qui sont au conservatoire, commencent à nous accompagner avec leurs instruments. Ils nous entendent aussi prier en couple et pour moi c’est important car la foi se transmet aussi par l’exemple et par notre façon d’être.

Et vous, comment avez-vous reçu la foi ?
Je suis un peu une “recommençante”. J’ai eu la chance d’avoir été baptisée et d’avoir reçu la première communion. Mes parents ont ensuite abandonné la pratique des sacrements vers mes 10 ans. Pendant longtemps, je n’allais pas à la messe et je ne connaissais pas le monde catholique. Je n’avais pas cette étroite relation avec la foi. Je l’ai découverte en rencontrant Benoît et sa famille. Un jour, à l’âge de 16 ans, je suis rentrée dans l’église Saint-Pierre de Caen et je me suis dit : “Ah oui Seigneur. Vous êtes là. Pendant toutes ces années, vous étiez en veille mais vous étiez là. Je ne peux plus vous mettre en sourdine”.

À partir de ce moment, j’ai commencé à aller à la messe le dimanche. J’ai fait ma confirmation à 17 ans et ça m’émeut parce que Benoît était là. Puis je suis partie à Paris pour mes études et j’allais à la messe tous les midis à Saint Nicolas des Champs. Je suis aussi très reconnaissante envers la Communauté Saint-Martin : les Routes Saint-Martin nous ont tellement forgés et apportés. Au fur et à mesure j’ai redécouvert la foi et encore aujourd’hui,  il y a tant de choses que j’apprends et que je découvre.

Comment vous ressourcez-vous spirituellement ?  
On a une chance folle d’être aux Équipes Notre Dame et d’avoir une équipe extrêmement soudée qui nous porte toujours dans la prière. C’est très précieux, ça nous porte énormément. J’aimerais aller à la messe en semaine, à l’adoration, mais j’ai retourné mon agenda dans tous les sens et ce n’est pas possible. J’ai compris que Dieu ne m’attend pas forcément à genoux à l’église, mais Il m’attend à la maison, devant ma cocotte-minute, ma table de travail… C’est à moi d’être consciente que Dieu est partout dans chacune de mes tâches. Dieu est là, Il voit tout. Ce qui rend les multiples tâches plus faciles, c’est de se dire qu’on ne le fait pas pour soi, mais pour les autres et pour Dieu avec Lui. 

Une prière qui vous aide et que vous aimez dire ?
C’est le Psaume 23, le cantique de David, “Le bonheur et la grâce m’accompagnent tous les jours de ma vie…” Il est rempli d’espérance et de joie. Je trouve beau de me dire que, certes, le bonheur nous attend au Ciel, mais on peut aussi, par la grâce de Dieu, être proche du bonheur tous les jours de sa vie.

Avez-vous un saint préféré ?
Les saints patrons de nos enfants. On a choisi leurs prénoms, pas forcément en fonction de leur saints patrons, mais puisqu’on les prie tous les jours, on apprend à les connaître avec eux. Deux de nos enfants ont leur saint patron qui a été canonisé très récemment, Joséphine Bakhita et Charles de Foucauld. C’est beau d’avoir pu vivre cela en temps réel.

Pour finir, une citation qui vous inspire ?
La Vie de Mère Teresa. “La vie est une chance, saisis-la, la vie est beauté, admire-la…” Chacune de ces phrases est extrêmement juste et j’ai l’impression d’y être confrontée tous les jours dans ma maternité. 

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