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Le Noël dépouillé et douloureux des chrétiens de Terre sainte

Jérusalem, ville sainte, terre sainte, Israël, Palestine

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Vue aérienne de la vieille ville de Jérusalem.

Claire Riobé - publié le 23/12/23

De Bethléem à Jérusalem, en passant par Nazareth et le sud-Liban, plusieurs dizaines milliers de chrétiens se préparent à fêter Noël dans la douleur et l’angoisse de la violence. À travers la guerre, la venue du “Prince de la Paix” revêt cette année une dimension particulière. Témoignages.

“Cela aurait pu être nous”. À quelques jours de Noël, la mort de deux chrétiennes palestiniennes à Gaza le 16 décembre, abattues par l’armée israélienne dans la paroisse latine de la Sainte Famille, demeure une onde de choc. En Terre sainte, dans un quotidien bien sombre, comment les chrétiens se préparent-ils à Noël ? Mi-novembre, les autorités locales et les Églises de Jérusalem ont conjointement décidé d’annuler toutes les festivités qui entourent traditionnellement cette fête, en solidarité avec ceux qui souffrent dans et en dehors de Gaza. Depuis, chaque communauté, chaque famille de la région, tente de cultiver un peu de vie. Et de se préparer de la manière la plus juste à Noël dans le secret des foyers et des églises. 

À Nazareth, nous nous sentons en communion avec les Chrétiens qui souffrent.

À Nazareth, au nord d’Israël, on dit que la guerre ne se voit pas mais se ressent partout. En apparence, Noël se prépare ici pour les chrétiens comme à l’accoutumée. La messe de minuit sera bien célébrée le 24 décembre au soir par le Custode de Terre sainte, Francesco Patton, à la grande basilique de l’Annonciation. Mais à l’intérieur des maisons, aucun cœur n’est à la fête. “Nous nous sentons en communion avec les autres Chrétiens qui souffrent, et c’est très compliqué de penser à Noël”, témoigneCaroline*, mère de famille chrétienne arabe israélienne, et habitante de Nazareth. “Je pense très fort aux Arabes de Gaza qui sont sous les bombes. Et je pense aussi automatiquement aux soldats israéliens de 20 ans, envoyés sur place, qui ne comprennent pas pourquoi ils sont au front. Encore une fois, nous avons l’impression de subir quelque chose que nous n’avons pas choisi ; d’être des pions dans un grand échiquier”, raconte-t-elle. Caroline décrit une ville à l’atmosphère “très tendue”, où les restrictions de mouvement et la censure sont devenues choses courantes. “À quelques jours de Noël, nous nous sentons inquiets pour notre sécurité et celle de nos enfants”, avoue-t-elle.

À Bethléem, “Sans la paix, personne ne pourra vivre en liberté”.

À 150 km plus au sud, à Bethléem en territoire palestinien, sobriété et silence sont de mise. Depuis le déclenchement de la guerre le 7 octobre, visiteurs et pèlerins ont complètement déserté le berceau de la naissance du Christ. La célèbre place de la mangeoire, qui grouille habituellement de badauds, est entièrement vide.Dans cette ville isolée du monde par un mur, largement dépendante des revenus du tourisme, “la situation est devenue particulièrement difficile pour les habitants”, regrette le frère Sandro, prêtre franciscain de la paroisse latine de Bethléem. Il y a quelques semaines, la municipalité avait envisagé de poser un sapin de Noël drapé d’un voile noir, en solidarité aux familles éprouvées par le conflit. Elle a finalement tranché, et laissé la ville vierge de sapin, de décoration et de crèche. 

Les chrétiens de Bethléem, de leur côté, s’efforcent de se préparer de la manière la plus ajustée en méditant sur le sens profond de Noël. “Spirituellement, avec les enfants, nous mettons l’accent sur l’importance de préparer nos cœurs, et réfléchissons ensemble à ce que nous voulons changer concrètement autour de nous pour la venue de Jésus“, raconte frère Sandro. Logé à quelques dizaines de mètres de la grotte de Bethléem, Johnny, père palestinien de trois enfants, affirme de son côté : “Ce n’est pas le sapin, les guirlandes et les décorations qui comptent, c’est que Jésus vienne jusqu’à nous. Le roi de la Terre arrive. Et savoir cela surpasse toute la tristesse que nous portons dans nos cœurs.” Il poursuit : “Pour Noël, nous demandons avec nos enfants la paix, car sans elle personne ne pourra jamais vivre en liberté.” Frère Sandro le souligne : “Nous demandons les prières de tous, et demandons que la paix advienne dès que possible.” 

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Basilique de la Nativité (Bethléem).

Le 24 décembre, la messe de minuit dans la basilique de la Nativité sera exceptionnellement ouverte à tous. Autre signe de solidarité, en ce temps de guerre : le traditionnel défilé des scouts, qui précède l’arrivée du Patriarche latin de Jérusalem à Bethléem, et qui s’effectuera cette fois en silence, sans tambour ni trompette. 

À Jérusalem, “ne pas ignorer l’horreur, ne pas s’en nourrir non plus.”

Cet appel à la sobriété et à la solidarité des communautés chrétiennes, Marie-Farouza l’a fait sien depuis Jérusalem. Pour cette membre de la communauté du Chemin Neuf, “se préparer à Noël, c’est ne pas ignorer l’horreur, ne pas s’en nourrir non plus. Se positionner pour la paix et la justice, et en même temps essayer de se raccrocher à ce qui fait extérieurement Noël, ne serait-ce que pour les enfants (…).” D’ici au 24 décembre, Marie-Farouza essaye de nourrir sa foi et son espérance “que Dieu est celui qui est capable mystérieusement de créer de la vie à partir de la mort, et sur qui les ténèbres n’ont pas de prise.” Face au déferlement de violences qui s’est abattu sur le pays ces trois derniers mois, la Jérusalémite médite sur son rôle en Terre sainte. “Que puis-je faire face à ce monde défiguré ? Je me sens bien démunie”, reconnaît-elle. “Personnellement et en communauté (…), nous demandons à l’Esprit saint de nous laisser guider pour accueillir ensemble ce mystère dans une beauté simple, dans une dynamique de la rencontre, dans une joie qui puisse être consolante.”

Tags:
BethléemJérusalemnazarethNoëlTerre sainte
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