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Des prêtres heureux

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Luc de Bellescize

Lourdes, novembre 2023.

Michel Cool - publié le 02/12/23

Notre chroniqueur revient sur le pèlerinage des trois cents prêtres parisiens à Lourdes, une retraite spirituelle vécue comme une expérience d’unité fraternelle qui a fait du bien et qui fera date !

Un prêtre heureux ? J’en ai rencontré un cette semaine. Mais si ! On a bu ensemble un café dans un bistrot parisien à côté de son presbytère. La cinquantaine encore alerte, le cheveu ébouriffé en jean et col romain associés, il m’a raconté dans le menu détail son dernier pèlerinage à Lourdes. Qu’eût-il de si détonant et enthousiasmant ce pèlerinage ? Après tout, aller à Lourdes pour des prêtres, quoi de plus normal et même banal ? Sauf que mon interlocuteur m’a expliqué que c’était une innovation. 

On pourra s’en étonner, mais de mémoire de titis catholiques, on n’avait jamais vu en effet plus de trois cents prêtres parisiens se retrouver pour une retraite de quatre jours dans le sanctuaire pyrénéen ! Non seulement ça s’est passé du 13 au 16 novembre 2023, mais ça s’est bien passé. Fort bien même, si j’en juge par les échos donnés à cet événement dans plusieurs bulletins paroissiaux de la capitale. “Cette retraite, se réjouit mon ami prêtre, a sonné pour moi le clap de fin d’un cycle de mésaventures diocésaines qui avaient sacrément divisé le clergé et endommagé le moral des prêtres, à commencer par le mien !”

Le soleil d’une fraternité retrouvée

Mais que s’est-il s’est passé durant cette retraite pour que le spleen du clergé s’évanouisse un peu, ou en tout cas, cède à nouveau du terrain à la gaité, à l’optimisme ? “Oh ! rien de spectaculaire, répond mon curé de Paris. Simplement, comme chantait Jeanne Moreau, “dans le tourbillon de la vie”, on s’était perdu de vue, et là à Lourdes, on s’est retrouvé, on s’est réchauffé. C’est tout bête, mais en ayant l’opportunité de prier ensemble, de nous balader ensemble, de plaisanter ensemble, de nous rencontrer gratuitement, on a ébréché les murs générationnels, idéologiques, culturels et psychologiques qui nous paraissaient infranchissables comme des montagnes.” 

À Lourdes, les murs de séparation entre prêtres ont fondu devant le soleil d’une fraternité retrouvée.

Cette situation était d’autant plus amère à vivre, poursuit-il, qu’il fallait en même temps porter l’image altérée du prêtre à cause du scandale des abus mais aussi de l’indifférence de la société qui génère de grandes tristesse et solitude chez les ecclésiastiques. À Lourdes, les murs de séparation entre prêtres ont, semble-t-il, fondu à un soleil qui ne se levait plus guère sur le clergé parisien : le soleil d’une fraternité retrouvée. “Cette expérience m’a profondément consolé. Maintenant elle ne doit pas devenir une belle archive mais ouvrir un processus qui redonne de la vitamine à l’Église de Paris !”, me lance mon ami curé en avalant sa dernière gorgée de café.

Passer par le désert

Cette retraite sacerdotale à Lourdes, maintenant inscrite dans l’histoire du clergé parisien, a été imaginée et voulue par l’archevêque de Paris, Laurent Ulrich. Elle a permis à celui que le quotidien Libération a surnommé “le sphinx de Notre-Dame de Paris” de se montrer tel qu’il est et tel qu’on ne le connaissait peut-être pas : simple, abordable, attentif et détendu au milieu d’une partie significative du clergé diocésain. Il a su “avoir une parole réconfortante et une parole de gouvernant”, ont rapporté des participants qui ont apprécié être appelés chacun par leur prénom. Mais un pèlerinage, même sur les bords du Gave, ne suffira pas à solutionner les problèmes et les défis que l’Église doit relever dans une capitale en grande mutation démographique et sociale. Il devra être suivi par des choix et des actes. Toutefois cette initiative pastorale a eu l’avantage d’œuvrer au resserrement des liens humains, au recentrage sur l’essentiel et à redonner du souffle à une vocation et à un idéal communs.

Rien de beau, de solide et d’efficace ne peut s’accomplir sans un temps préliminaire de préparation et de recueillement : “Ily a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel” (Qo 3, 1). En cela le diocèse de Paris s’inscrit vaillamment dans le sillage du dernier synode à Rome sur la synodalité dans l’Église : il s’était ouvert par quatre jours de retraite spirituelle. “Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu ; c’est là qu’on se vide, qu’on chasse de soi tout ce qui n’est pas Dieu”, disait Charles de Foucaud que l’on a fêté ce 1er décembre.

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