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Le pape François va-t-il enfin pouvoir visiter son pays natal ?

POPE FRANCIS

Vincenzo PINTO / AFP

Cyprien Viet - publié le 17/11/23

Alors que Jean Paul II s’était rendu à neuf reprises en Pologne et Benoît XVI à trois reprises en Allemagne, le pape François n’est jamais revenu en Argentine, son pays natal, depuis son élection au Siège de Pierre, le 13 mars 2013. L’invitation officielle lancée par l’épiscopat argentin permet d’envisager une visite pour le premier semestre 2024. Mais le climat tendu de l’élection présidentielle, dont le second tour aura lieu ce dimanche 19 novembre, laisse planer de nombreuses incertitudes.

Le candidat populiste Javier Milei, qui a exprimé son opposition à tous les principes de la doctrine sociale de l’Église, a ouvertement traité le Pape de “fils de p***” et de “communiste”. Il semble difficile de l’imaginer accueillir François en cas d’élection à la présidence, même s’il a présenté des excuses assez formelles lors d’un débat télévisé. Le ralliement d’une partie de la droite traditionnelle, et notamment celui de l’ancien président Mauricio Macri (2015-2019), qui entretenait des relations notoirement glaciales avec le pape François, pourrait faire basculer en faveur de Javier Milei le vote d’une partie des élites du pays.

Face à lui, le candidat péroniste de gauche Sergio Massa, ministre de l’Économie du gouvernement sortant, apparaît comme une figure plus conciliante mais pâtit d’un bilan économique désastreux. Avec plus de 140% d’inflation et plus de 40% de la population sous le seuil de pauvreté, cet immense pays accumule les contradictions. Les nombreux messages du pape François sur les questions alimentaires s’expliquent ainsi par sa profonde révolte face aux inégalités qui entravent le développement de son pays d’origine : cette grande puissance exportatrice sur le plan agricole n’a jamais su nourrir correctement l’ensemble de sa population, certaines catégories souffrant de situations proches de la famine. 

Le cardinal Bergoglio, inlassable défenseur des oubliés

Durant ses plus de 20 ans d’épiscopat à Buenos Aires (d’abord comme évêque auxiliaire à partir de 1992, puis comme archevêque de 1998 à 2013) le cardinal Bergoglio est apparu comme un inlassable défenseur des plus oubliés, n’hésitant pas à tonner contre les incohérences des gouvernements successifs, de droite comme de gauche, au point d’être considéré par le président Nestor Kirchner, en 2004, comme “la tête spirituelle de l’opposition politique”.

Appelé à comparaître en 2010 pour sa collusion présumée avec la dictature argentine lorsqu’il était provincial des jésuites de Buenos Aires dans les années 1970, le cardinal Bergoglio vivra cette expérience comme une persécution politique. Il sera finalement innocenté, mais il révèlera que les juges avaient été mandatés par le pouvoir pour le neutraliser dans ses positions publiques, notamment son opposition au mariage homosexuel. 

Refus du risque de récupération

Une fois devenu Pape, François a rencontré de très nombreux responsables politiques argentins au Vatican, se montrant même chaleureux avec la présidente Cristina Kirchner venue le rencontrer la veille de sa messe d’installation en mars 2013. Mais au fil de ses rencontres, le Pape s’est toujours montré méfiant face aux invitations à venir dans son pays, en raison du risque de récupération politique.

Pour d’autres, la question se situe plutôt sur le plan de l’équilibre psychologique du Pape. Le journaliste suisse Arnaud Bédat, décédé en juillet 2023, était un ami intime de Maria Elena Bergoglio, la sœur cadette du pontife. L’auteur du livre François l’Argentin, bon connaisseur de la mentalité latino-américaine, avait tiré de ses nombreux échanges avec la famille et l’entourage de Jorge Mario Bergoglio la conviction qu’une visite en Argentine suivie d’un retour à Rome représenterait une charge émotionnelle trop forte pour ce pape octogénaire. Mais après qu’il ait arpenté 11 pays du Nord au Sud des Amériques, une impasse définitive sur l’Argentine semble tout de même peu probable.

En plus de l’Argentine, un autre pays pourrait recevoir le Pape lors de cette tournée latino-américaine envisagée pour 2024. Il s’agit de l’Uruguay voisin, pays avec lequel le pape François a toujours été lié – notamment à travers son secrétaire personnel de 2020 à 2023, le prêtre uruguayen Gonzalo Aemilius. Ce pays peu connu, très laïque et sécularisé, assez proche de la France sur le plan culturel, verrait ainsi sa petite Église catholique locale recevoir un encouragement fort du Pape en tant que minorité créative et décomplexée. L’un des grands leitmotiv du pontife argentin est en effet de montrer que l’affaiblissement statistique du catholicisme, qui est en perte de vitesse en Amérique latine, ne doit pas empêcher les catholiques de témoigner de l’Évangile du Christ dans une posture non pas défensive mais proactive et bienveillante, au service de toute la société.

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ArgentinePape FrançoisVoyages
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