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Quand saint Ephrem raconte la dispute de Satan et de la mort

Saint Ephrem

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Saint Ephrem

Sylvain Dorient - publié le 01/10/17

Chrétiens romains et chaldéens partagent la même théologie et les mêmes dogmes, mais ils n'ont pas la même façon de l'exprimer. Quand, en Occident, un saint Thomas d'Aquin développe des argumentations implacables, un saint Ephrem, en Orient, fait ressentir la profondeur et la beauté d'un mystère théologique, au travers d'un texte poétique.

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Dans un des ses poèmes intitulé « La querelle entre Satan et la mort » (1), saint Ephrem imagine que les deux plus grandes terreurs des hommes se disputent, pour savoir laquelle est la plus grande. Derrière l’aspect théâtral de cette mise en scène, le poète théologien aborde des questions fondamentales, telles que : « Doit-on craindre la mort et le péché ? ». De fait, les deux sont redoutables, comme le prouvent leurs invectives dans le poème, dont voici un extrait :

« La Mort : Toi, Mauvais, tu rôdes comme un voyou Alors que je suis un lion Intrépide à mettre en pièces mes proies. Satan : Ô Mort, il n’est personne qui te serve Ou qui t’aime, mais moi, Des rois m’offrent, comme à un Dieu, un culte. »

Mais, en se déchirant pour savoir lequel des deux est le plus grand, chacun démontre la faiblesse de l’autre :

« Satan : Je dois confesser, mais à contrecœur : C’est toi qui ôte l’espoir Du pécheur, lorsqu’il meurt dans son péché. La Mort : De longtemps, tu lui as ôté l’espoir ; Si tu ne l’avais pas conduit Au péché, il serait parti content. »

En fin de compte, le lecteur découvre qu’ils ne sont pas aussi effrayants que leur aspect pourrait le faire craindre, et qu’ils seront vaincus. La grandeur et la gloire reviennent en vérité au « Fils du berger Universel qui a sauvé son troupeau du Mauvais et de la Mort », comme le chante un chœur à la fin du poème.

La crainte selon saint Thomas d’Aquin

En Occident, saint Thomas d’Aquin s’est lui aussi confronté à la question de la mort et du péché, mais avec une méthode complètement différente. Dans sa Somme théologique (XLIIIe question, des causes de la crainte ou de la peur), il détaille les raisons de la crainte de la mort et du péché. Et il répond que la crainte est certes fondée, mais qu’elle n’est pas un mal, car elle peut être au contraire un moyen de réconcilier l’homme pécheur avec Dieu. Les thèmes et les réponses sont similaires à près d’un millénaire, et à des milliers de kilomètres de distance, entre Ephrem et Thomas. Pourtant leurs formulations sont aussi éloignées que l’Orient et l’Occident !

La sauvegarde d’une tradition théologique et poétique

Né en France et prêtre à Sarcelles, le chaldéen Narsay Soleil connaît les deux cultures et résume leurs différences : « La théologie occidentale s’appuie sur la philosophie, sur des concepts abstraits qui permettent de qualifier les choses de Dieu. Tandis que la théologie orientale s’appuie sur la Bible et ses réalités concrètes ».

Il assure que pour les homélies, les poèmes de saint Ephrem sont précieux, et il utilise en particulier « la querelle entre Satan et la mort », qu’il remet dans les mémoires des fidèles de sa paroisse. « Même parmi les chaldéens, nos traditions ne sont pas assez connues », regrette-t-il. Mais il ajoute que « les choses changent », l’héritage chaldéen intéresse des paroissiens, soucieux de conserver leur héritage, mais aussi des chercheurs occidentaux. Et il pourrait intéresser les missionnaires, en particulier ceux envoyés dans des pays qui méconnaissent la philosophie occidentale. Les deux traditions sont complémentaires, conclut le père Narsay. Et il espère que l’Église apprendra à employer son « deuxième poumon ». Puisque l’on sait, depuis Jean Paul II, que les traditions des chrétiens d’Orient et d’Occident sont « les deux poumons » de l’Église.

(1) Cité dans S. Brock, l’œil de lumière, la vision spirituelle de saint Ephrem (collection Spiritualité orientale n°50, Abbaye de Bellefontaine) (p 311-315)

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