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Religion et tatouage : est-ce compatible ?

HOMME TATOUE QUI PRIE

Morgane Macé - publié le 19/07/17

Peut-on se faire tatouer tout en étant catholique ? Si le tatouage n'a pas toujours été accepté par la religion, il est aujourd'hui plus répandu, certains allant même jusqu'à afficher qu'ils ont Dieu dans la peau ! Décryptage. 

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Le tatouage soulève d’importantes interrogations en tant que phénomène de société, et en particulier un questionnement existentiel, pour toute personne qui fait le choix d’en avoir. La question est d’autant plus sensible pour un croyant, dans sa relation avec Dieu :  est-ce compatible avec la foi chrétienne et l’Église ? Comment l’assumer jusqu’au bout, sans le regretter ?

Un temps de réflexion est nécessaire avant de se faire tatouer

Partagé entre la culture contemporaine, le poids des normes sociales et la tradition, un temps de réflexion s’impose pour quelqu’un qui souhaite se faire tatouer, afin d’être pleinement en accord avec soi-même et ne pas le regretter par la suite. « Il faut prendre le temps de réfléchir » explique Jessica, qui s’est fait tatouer un hibou et une croix sur le torse à l’âge de 20 ans.

« Si une personne hésite, c’est qu’elle n’a pas la réponse à toutes ses questions. Un tatouage n’est pas quelque chose que l’on fait à la légère. Chez le tatoueur, j’y réfléchissais et j’ai changé d’avis sur sa position. Au départ je le voulais sur l’avant bras, mais après réflexion, j’ai préféré qu’il soit près du cœur, pour que sa signification prenne encore plus de sens »,  raconte-t-elle. « Mon tatouage symbolise la foi, ce qui explique qu’il parte de la gauche, du côté du cœur, car la foi vient du cœur et non de la tête. Son sens est renforcé par la présence du hibou qui symbolise le messager : comme lui, je porte sur moi un message de Dieu. »

taouagecroix
©ninouzender

Le sens d’un tatouage fait l’objet d’un questionnement et d’un choix mûrement pesé : il peut être simple et discret, comme un grigri que l’on garde toujours sur soi, ou encore être un véritable point de repère au travers des aléas de la vie. Une colombe sur la nuque, une petite croix sur le poignet ou le doigt, sont autant de symboles discrets et féminins. En grand format, un tatouage peut être plus visible et s’étendre sur une grande partie du corps, comme l’avant bras ou le dos, voire sur le corps tout entier.




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Que dit la Bible à propos des tatouages ?

Le tatouage est interdit dans le Lévitique (19,28), mais comme l’indique le Père Bertrand Monnier : « Cette interdiction est unique, dans le jargon exégétique, cela s’appelle un « hapax », supposant plusieurs possibilités. D’une part, ce n’est pas si important que cela comparé à d’autres interdictions comme celle de manger du porc, qui revient de nombreuses fois, et d’autre part, il peut être question d’une glose, c’est-à-dire d’un ajout qui n’était pas présent à l’origine ». Par ailleurs, l’interdiction semble mineure dans la mesure où les catholiques ne sont plus soumis à la loi de l’Ancien Testament (Romains 10.4). « Du côté de l’église, c’est sous Charlemagne que l’interdiction est intervenue, en application des lois civiles et dans une dynamique impériale », ajoute-t-il. Ainsi, pour une personne qui souhaite se faire tatouer, ces questions d’interprétation peuvent être dépassées, en gardant toujours à l’esprit que la croyance véritable s’éprouve d’abord comme conviction intime.

En tant que marque permanente sur le corps et parure ostensible, le tatouage peut gêner, car il attire l’attention sur soi, alors que le texte sacré invite à la discrétion : « (…) que les femmes, vêtues d’une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d’or, ni de perles, ni d’habits somptueux. » (Timothée 2,9). Sur ce point le Père Monnier invite à la réserve : « Il est bon de faire preuve de vigilance dans notre lecture de certains versets bibliques qui restent ouverts à l’interprétation. Que ce soit pour des raisons rituelles ou par coquetterie -et je pense qu’il y a toujours un peu des deux- une femme peut se faire tatouer aujourd’hui. Après quelques années de travail sur la question, je suis convaincu que le tatouage n’est pas une question de parure, mais d’expression corporelle. Je le comparerais volontiers à la danse ou au théâtre : le corps exprime quelque chose dans une dimension artistique ».

« Quand on parle du tatouage, on parle d’êtres humains ». Tout d’abord le tatouage était tribal, systématique et non choisi, ensuite il a été interdit pour des raisons politiques, enfin, il montre aujourd’hui qu’une personne n’appartient qu’à elle-même. Pour Jessica, s’il est vrai que dans l’Ancien Testament les tatouages ne sont pas autorisés, le fait d’être tatoué(e) aujourd’hui ne veut en aucun cas dire que l’on n’a pas la foi : « Dieu nous aime pour ce que l’on est. Après avoir connu l’addiction à la drogue, il m’a aidée à en sortir. Dieu ne juge pas, il est amour et joie. Je pense qu’il veut notre bonheur et si mon bonheur se trouve dans un tatouage, je ne vois pas en quoi cela gênerait ».




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Tatouages religieux : ils ont Dieu dans la peau

Dans de nombreux cas, le tatouage peut exprimer un sentiment religieux, unifiant le corporel à l’immatériel. Beaucoup de personnes se font tatouer des croix, des chapelets ou encore des versets de la Bible, pour témoigner de leur appartenance à Dieu. Mikael est artiste-tatoueur spécialisé dans les figures de saints et les vitraux depuis une vingtaine d’années. Passionné d’histoire, il  a commencé a dessiner des statues de personnages illustres comme Socrate et rappelle que les prisonniers et marins rebelles se faisaient autrefois tatouer la figure du Christ dans le dos, pour éviter de subir le fouet. Femmes et hommes, dont environ 60% de femmes et 40% d’hommes, viennent chez lui pour ce type de tatouage : « En réaction aux attentats de 2016, de nombreuses personnes sont venues se faire tatouer la figure de Sainte-Geneviève, patronne de la ville de Paris ».

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©mikaeldepoissy

« Parmi les figures qui reviennent le plus souvent, on retrouve celle de Marie, dont l’iconographie est plus large, représentant également la mère de famille. Les figures de Saint-Michel ou encore de Jeanne d’Arc sont fréquemment demandées. » ajoute-t-il. Lorsque Mikael a commencé son activité, les personnes tatouées étaient encore mal perçues et considérées comme marginales ; aujourd’hui cela s’est répandu. « Je suis régulièrement en contact avec des personnes très croyantes et bien souvent des prêtres qui s’intéressent à mon travail ».

Les personnes qui  se font tatouer ont parfois perdu un être cher, qu’elles veulent garder en mémoire et porter avec elles, « certaines le font suite à un épisode tragique de leur vie, d’autres veulent exprimer leur gratitude envers Dieu, après être passées près de la mort ». Se faire tatouer peut encore célébrer la rencontre d’une personne, un lien de fratrie, ou encore la venue d’un enfant. Pour beaucoup le tatouage aide à vivre et permet de se sentir mieux dans sa peau…

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