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Le bouleversant témoignage des sœurs de l’hôpital Saint-Louis d’Alep

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François Thomas

François Thomas

Charlotte d'Ornellas - publié le 23/12/16

Les petites sœurs de Saint Joseph de l’Apparition accueillent les nombreux blessés.

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La neige recouvre la ville d’Alep étonnement calme depuis que l’armée syrienne a repris la majorité des quartiers rebelles, quelques jours plus tôt. L’évacuation des derniers combattants armés continue à se négocier tandis que les civils sont déplacés dans un village voisin en attendant de pouvoir, comme tous ceux qui avaient quitté les quartiers est au début de la guerre, retrouver leurs maisons bien souvent détruites.

Les petites sœurs de Saint Joseph de l’Apparition

Au cœur de la ville, les petites sœurs de Saint Joseph de l’Apparition courent dans les couloirs de l’hôpital Saint Louis qui accueille depuis quelques jours les blessés des quartiers est en plus de ceux de l’Ouest. L’électricité est encore très rare dans la ville et l’essence nécessaire pour faire tourner le générateur demeure chère. Ce mercredi matin, ce dernier coupe pour la quatrième fois. L’une des sœurs croit comprendre le problème : « Ils ont du nous vendre du mazout coupé à l’eau, il va falloir en racheter ! ». Les aléas de cette guerre bien trop longue n’empêche pas les sœurs de déborder d’énergie, a fortiori depuis quelques jours. « Vous parlez de chute, mais nous parlons de libération ! », entame sœur Archangella, une italienne qui a adopté le pays il y a de nombreuses années. Le sourire sur le visage des sœurs ressemble à celui qui se dessine sur ceux de tant d’Aleppins : la ville n’a pas reçu un seul obus depuis presqu’une semaine entière, la première fois depuis quatre ans ! « Évidemment que c’est une libération pour nous de savoir que ces islamistes armés sont partis, comment pourrait-on appeler cela autrement ? »

Incompréhension face aux discours de l’Occident

Comme tant d’autres, les sœurs comprennent mal le discours tenu en Occident, même si elles sont les premières à exprimer leur compassion pour les civils de « l’autre côté ». Dans les chambres de leurs hôpitaux, certains s’y trouvent d’ailleurs. « Ce n’est pas nouveau, même pendant la guerre certains venaient. Mais s’ils habitaient à 10 minutes à vol d’oiseau de l’hôpital, ils devaient repasser par Homs pour venir jusqu’à nous en raison de la ligne de front… Cela prenait parfois jusqu’à 8 heures ! », explique sœur Anne-Marie.

Chambre 33, un petit garçon visiblement souffrant est allongé dans un lit près duquel veille sa mère toute de noir voilée. Son accueil est chaleureux et sa reconnaissance pour les sœurs se lit dans le sourire avec lequel elle les voit entrer. Ceint de bandages, son tout jeune fils raconte ce qui l’a amené ici : « J’étais parti acheter le pain, et j’ai reçu des éclats d’obus dans tout le corps ». Il habitait en effet dans un quartier à portée de tirs rebelles, systématiquement dirigé vers l’ouest de la ville dans laquelle ne vivent que des civils.

« Ce sont des sauvages islamistes et nous n’en voulons pas »

Quelques chambres plus loin, un jeune homme nous invite à voir son neveu, également hospitalisé. Le petit garçon peine même à sourire tant son corps est brûlé, et son oncle raconte pour lui : la famille vivait à l’Est il y a encore une semaine, et tentait de fuir par l’un des couloirs humanitaires pour rejoindre l’ouest lorsque des « rebelles » ont tiré : son père et sa mère sont blessés mais retournés à la maison, avec sa petite sœur. Lui est bien trop touché pour pouvoir rentrer. Lorsque l’on évoque cette « rébellion » que l’Occident a souvent associée à « la liberté », l’oncle coupe court : « Ce sont des sauvages islamistes et nous n’en voulons pas ».

Une ville détruite

Les bombardements russes et syriens ont fait des victimes, et provoqué de nombreuses destructions. Les Aleppins, si légitimement fiers de la beauté de leur ville, sont les premiers à pleurer en retournant dans les quartiers récemment « libérés » selon leurs mots, et méconnaissables. Mais ces bombardements étaient pour eux, aujourd’hui à l’Ouest, une malheureuse nécessité. « Honnêtement, plus le temps passait et plus nous étions effrayés de voir ces terroristes toujours plus nombreux nous bombarder. Bien sûr que les civils sont aussi innocents que nous de l’autre côté mais ces opposants étaient armés, pas nous ! Il fallait quelqu’un pour nous défendre », explique une autre femme présente.

La crèche de l’espérance

Au rez-de-chaussée de l’hôpital, sœur Archangella, décrite comme « l’artiste » par ses sœurs, a installé une petite crèche « de l’espérance ». Sur le côté, « paix pour la Syrie » est écrit avec les douilles retrouvées dans le jardin de l’hôpital, tandis qu’au pied du petit Jésus, on trouve des balles, des traces de sang et des pierres détruites. « Nous offrons toutes nos douleurs au Christ pour qu’Il les transforme en joie », commente la petite sœur, visiblement émue par la perspective de retrouver, enfin, Alep. L’enjeu sera désormais la reconstruction des pierres bien entendu, mais pas seulement. « Il va falloir tous nous réconcilier », insiste la mère supérieure, sœur Marguerite, comme tant d’autres Aleppins croisés ces derniers jours. Leur message est donc toujours le même : « Continuez à prier, ne nous oubliez pas, nous aurons encore besoin de cette force ».


Lire aussi : À l’ouest d’Alep, où la joie éclate et les yeux pleurent


Tags:
AlepChrétiens en SyrieEspéranceGuerrehôpitalNoëlReligieux
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