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À quand un vrai chef pour la France ?

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© Sabine de Rozières

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Sabine de Rozières - publié le 01/12/16

Une analyse psychologique de nos sept derniers présidents de la République.

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Il est des livres qu’on aimerait parfois plus longs, c’est le cas de celui là : Le temps des chefs est venu. François Bert offre une analyse psychologique de nos sept derniers présidents de la République et entr’ouvre des portes qui pourraient enfin amener à un travail de fond de la part des « spécialistes » et « analystes » de la vie politique. Enfin un essai concentré qui apporte une réflexion approfondie sur ce qui manque le plus à la France : de vrais chefs. Au lendemain de la primaire de la droite et du centre, l’auteur nous livre son analyse.

Aleteia : Pour vous, François Fillon ferait-il un bon chef d’État ?
François Bert : Je vois beaucoup de médias chercher à comprendre de manière désordonnée le « phénomène Fillon » : « taiseux », « solitaire », « peu communicatif de ses émotions », « mystérieux », « sobre de discours… » Ne cherchons pas trop loin, toutes ces caractéristiques sont celles… d’un chef ! Solitude de discernement, vocabulaire de l’action, calibrage du discours à proportion de l’événement, secret indispensable à l’effet de surprise. Oui, François Fillon a les dispositions pour être un bon chef d’État. C’est naturellement plutôt un chef « second » (plus réaliste que visionnaire, plus Berthier que Napoléon) mais c’est peut être l’étape qu’il nous faut avant un second souffle.

Comment avez-vous conduit cette analyse de nos Présidents ?
Tout est parti d’une intuition qui est le fil conducteur de mon métier de conseil de dirigeants. Je considère toujours que le contenant d’un métier est plus important que son contenu. C’est une étude empirique que j’ai menée dans ce livre. Un caractère de chef s’analyse dans sa capacité de décision dans l’action, donc dans sa capacité de discernement, surtout face à l’imprévu. Décider c’est discerner, et discerner c’est écouter pour percevoir les signaux faibles. Je soupèse d’évidence la manière dont nos derniers présidents se sont comportés en situation de crise et en période plus sereine. Je considère qu’un homme capable de traiter l’information nouvelle avec discernement en étant, non pas fidèle à sa rigidité initiale, mais aux enjeux qui découlent des impératifs nouveaux, celui-là est un vrai chef.

Si vous considérez que les deux derniers chefs français étaient Napoléon et De Gaulle, il y a 150 ans entre les deux hommes. Votre volonté de voir advenir un vrai chef pour la France n’est-elle pas prématurée ?
Non, je pense que l’Histoire est facétieuse et nous donne des leçons alors même qu’on croit pouvoir s’en affranchir. D’ailleurs pour moi De Gaulle était plus un penseur qu’un chef. Il n’y a pas de vrais chefs d’État à toutes les générations mais ce que je présente ici c’est du moins le profil type d’un chef utile qui permettra à l’Institution de se transformer. En démocratie, le principe des élections pousse à l’avènement des « vendeurs » qui font leurs show. Ils s’associent aux experts, ce qui n’est guère mieux. Il nous faut des chefs. L’idéal serait d’avoir deux chefs qui se complètent, un binôme Napoléon/Berthier mais à défaut, il faudrait : soit compléter le Président d’un premier ministre « chef » (Sachant que Juppé et Jospin était des experts ; Villepin un créatif ; Raffarin, Ayrault, Valls d’autres vendeurs) ; soit garantir dans l’entourage du président un conseiller « chef » capable de discerner (et non pas un sachant ou un communicant de plus). Aujourd’hui on est obsédé par les programmes des candidats, mais ils sont uniquement des arguments de vente et absolument pas opérables pour l’action. 80% de la matière vient du contexte, donc savoir où l’on souhaite aller ce n’est pas faire un plan à 25 ans, c’est être capable, sur la base d’une idée initiale, d’absorber les chamboulements du contexte pour prendre la bonne direction, en d’autres termes avoir la vision des étapes. C’est une capacité de pilotage en situation, puisqu’on ne voit quasiment jamais le sommet depuis le bas : on ne voit que le col. Piloter c’est savoir mener son équipe vers le bon col. Et ma première étape à moi, c’est la prise de conscience que je veux provoquer de la gigantesque erreur de casting qui touche la classe politique.

Pourquoi utilisez-vous les termes de prêtre, prophète et roi pour qualifier les moteurs de personnalité ?
Même s’il y a une connotation religieuse, ce sont des éléments qui vont parler à tout le monde, indépendamment de la culture chrétienne. Tout le monde sait ce que sont un prêtre, un prophète et un roi. Le prophète va délivrer une vision que les autres n’ont pas en étant parfois un peu décalé mais dense. Le prêtre est celui qui crée du lien, celui qui accueille. Et le roi est celui qui a le don du discernement opérationnel : il donne la direction et maintient le cap. Nous sommes tous « prêtres, prophètes et rois » mais il y a bien des « prêtres », des « prophètes » et des « rois » et l’Histoire a montré qu’ils étaient rarement interchangeables.

Le chef idéal est comment pour vous ?
Il a deux qualités clés : il sait décider (donc discerner grâce une capacité d’écoute et de recul) et s’entourer. L’angoisse d’un chef est la réalisation de sa mission. Son intelligence est celle de la mission. Il a naturellement la vision de ses compléments et ne se pose pas les questions du type  « est-ce qu’il s’entend avec moi ou pas ? » ou « est-ce qu’il est d’accord ou pas avec moi ? ». Il va se dire, « est-ce que cette personne va pouvoir apporter ce qui me manque pour que la mission soit réalisée ? « . Chacun a sa place dans l’équipe et doit se connecter à son talent propre. On naît chef ou on ne l’est pas.

Plus d’infos sur le livre et l’auteur, rendez-vous sur la page Facebook.

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Le temps des chefs est venu, par François Bert, octobre 2016.

Propos recueillis par Sabine de Rozières. 

Tags:
ÉlectionsFrancePolitique
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