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En Touraine, on boude l’euro pour… la gabare !

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© Sabine de Rozières

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Sabine de Rozières - publié le 25/10/16

Les Monnaies locales complémentaires (MLC) s'imposent, entre marketing et acte politique.

Tout comme la “muse” d’Anjou, le “sol-violette” toulousain ou la “cagouille” de Saintonge, la “gabare” vient de faire son entrée en Touraine. À ce jour la France compte plus de trente Monnaies locales complémentaires (MLC) en circulation. Dans le monde, elles seraient quelques 4 000, selon Demain, le dernier film documentaire de Mélanie Laurent sorti en 2015.

Une gabare = un euro, il n’y a pas de taux de change et donc pas de problème de conversion. Elle se dévalue pourtant de 2% chaque semestre, une manière de pousser les différents acteurs à privilégier la monnaie locale. En main, c’est un peu comme les billets de Monopoly sauf qu’avec eux on n’achète pas la rue de la Paix et qu’on ne construit pas d’hôtels à Belleville, bien que cela pourrait peut-être venir, Paris y réfléchissant sérieusement pour l’automne 2017. On produit local, on boit local, on mange local et… on paye local.

Rencontre avec Marie-Christine Banchereau, l’une des co-présidents de l’association tourangelle Les planches à Gabares, qui a lancé la nouvelle MLC le 17 septembre 2016.

Marie-Christine Banchereau © Sabine de Rozières
© Sabine de Rozières
Marie-Christine Banchereau © Sabine de Rozières

Aleteia : Quel est l’intérêt d’avoir une monnaie locale complémentaire ?
Marie-Christine Banchereau : Par ce biais nous souhaitons redynamiser le tissu économique régional. Avec cette monnaie, les échanges économiques sont accélérés. Puisqu’on ne peut pas le placer en banque, cet argent tourne quatre fois plus vite dans le circuit que l’euro par exemple. Comme elle ne dort pas sur des comptes, elle est obligée de circuler et un de ses atouts majeurs est qu’elle ne transite pas sur les marchés spéculatifs. Avec ces billets, il s’agit de faire prendre conscience au gens que la monnaie n’est qu’un support d’échange.

Chez qui peut-on payer en MLC ?
L’idée d’une monnaie locale complémentaire est de travailler avec un réseau de professionnels locaux qui adhèrent à un règlement intérieur et une charte. Pour le moment nous avons une vingtaine d’adhérents conventionnés et une cinquantaine de commerçants supplémentaires sont déjà pré-inscrits. Tout ça va aller en se développant. Il s’agit d’être au service de l’économie réelle et des territoires.

Quel est le profil des membres de votre réseau ?
C’est l’humain et l’environnement qui importe le plus pour notre cause. Les professionnels engagés à nos côtés et chez qui il est possible de payer en gabares s’engagent à être dans une démarche de transition, ce qui implique par exemple le tri de leurs déchets, l’utilisation d’énergie électrique propre, le respect des salariés en leur proposant une implication dans l’entreprise et également des salaires décents… Pour ces raisons, tous les commerçants de Touraine ne vont pas encore pouvoir ou vouloir adhérer et utiliser notre monnaie locale complémentaire mais en revanche nous pourrons accompagner ceux qui souhaitent débuter une telle démarche.

Trois questions à Pierre de Lauzun, délégué général de l’Association Française des Marchés Financiers et ancien directeur général délégué de la Fédération Bancaire Française  l’organisation professionnelle des banques en France.

Aleteia : Quelle est la pertinence d’une monnaie locale complémentaire ?
Pierre de Lauzun : Ce ne sont pas des monnaies au même sens que l’euro ou le franc autrefois. Ce sont des déclinaisons de ces monnaies et elles ne sont donc pas autonomes. Ce qui garantit ces monnaies locales est qu’elles sont échangeables contre des euros avec une parité fixe et stabilisée. C’est donc à la fois une opération marketing et une manière de promouvoir une façon de consommer différente qui pousse l’utilisateur à un acte d’achat censé être plus réfléchi.

Pourquoi ces MLC sont-elles de plus en plus plébiscitées ?
C’est un acte politique davantage que financier. Cela revient à déclarer : « Je rejoins un réseau qui décide d’affecter ses achats en priorité à une communauté locale ». L’idée est sympathique, tout comme la volonté de faire changer les habitudes de consommation et en cela aussi c’est un acte politique. Utiliser une monnaie locale complémentaire c’est un peu comme mettre un label sur des produits.

Économiquement, est-ce viable ?
Oui ce devrait l’être mais uniquement dans la mesure où cela reste une simple déclinaison de l’euro (ou d’autres monnaies), sous réserve qu’il n’y ait pas d’escroquerie et que la confiance entre les parties perdure.

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