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Bruce Springsteen, toute une vie à chanter sa foi

bruce springsteen – fr

© Squirrellone

Gelsomino Del Guercio - publié le 28/09/16

Retour sur les grands succès « pleins de symboles religieux » du Boss !

“Parfois je me sens comme un catholique en fuite, mais…”.

– Mais?

“Si tu es catholique tu le restes. Et il ne pourrait en être autrement, si dès ton enfance tu as l’habitude d’entendre des prières. Et puis, dans mes chansons, beaucoup de bible, beaucoup d’Ancien Testament “. C’est ainsi que, le 22 mai 2013, dans un entretien à la revue italienne Famiglia Cristiana, le “boss” de la musique rock, comme il est surnommé, confiait encore une fois ses liens viscéraux avec la religion et Dieu.

Bruce Springsteen vient de souffler ses 67 bougies (le 23 septembre dernier). “Born To Run”, sa première autobiographie, est sortie ce 27 septembre en librairie. L’ouvrage s’accompagne d’une compilation “Chapter & Verse”, contenant ses plus grands tubes et cinq titres inédits.

Avant cette compilation, son dernier album High Hopes, le dix-huitième, est sorti il y a deux ans, et la Bible y est très présente, comme dans beaucoup de ses oeuvres. Mais, comme le rappelait l’Osservatore Romano, à sa sortie, l’évidence de cette sensibilité religieuse, “plus sombre à ses débuts”, s’est affirmée au fil de ses chansons. Néanmoins on percevait déjà chez lui cette tension, cette préoccupation, face à une délivrance qui ne peut pas toujours arriver des hommes. Par exemple dans Darkness on the Edge of Town (1978), il affirme “je suis un homme et je crois en une terre promise”. Et dans Drive all Night (1980), va jusqu’à formuler une sorte de prière: “Et j’aimerais que Dieu m’envoie un signe/ m’envoie quelque chose que j’ai peur de perdre”.

Une éducation catholique

Tout paraît plus évident après la sortie de Tunnel of Love, en 1987, quand la revue Rolling Stone affirme percevoir “très nettement” l’héritage catholique de Springsteen, dans ses personnages “priant sans cesse d’être délivrés du mal”, ou ses histoires d’amour qu’il présente comme “une manifestation de la grâce divine”.

Echec et lumière

Springsteen, après son divorce, se sent en échec, et dans Brilliant Disguise (1987) s’abandonne à une confession: “Ce soir notre lit est froid / Je suis perdu dans les ténèbres de notre amour/ Dieu aie pitié de l’homme/ qui doute de ses certitudes ». Même si ensuite, en décrivant le cauchemar vécu par le personnage principal de Cautious Man (1987), revient une image beaucoup moins sombre: “Au pied de leur lit il repoussa les cheveux du visage de sa femme/ et la lune brilla sur sa peau si blanche/ inondant leur chambre d’une belle lumière divine”.

Ode à la joie

Et si ses doutes semblent revenir dans Human Touch (1992), dépourvu de toute trace de pitié et de pardon d’un dieu au-dessus de nous, mais aspirant simplement à la paix et à l’espérance, dans Living Proof, tiré de l’album Lucky Town (1992), la joie de la paternité explose dans une ode à la joie: “Par une nuit d’été dans une chambre crépusculaire/ Une petite partie de la lumière éternelle du Seigneur arrive / En pleurant comme s’il allait gober la lune ardente / Dans les bras de sa mère, c’était la plus belle chose que je puisse recevoir / Tels les mots manquants d’une prière/ que je ne pourrais jamais faire / Dans un monde si dur et si sale, tellement souillé et tellement embrouillé / En cherchant un petit peu de la Grâce de Dieu/ J’ai trouvé une preuve vivante”.

L’attentat aux Tours Jumelles

Mais, c’est avec The Rising (2002) que le message passe de manière beaucoup plus nette, et revêt une importance pour ainsi dire salvatrice.

Et ainsi dans le feu qui emprisonne le World Trade Center, frappé à mort le 11 septembre 2001, apparait une lueur. Dans le morceau Into the Fire les mots “foi”, “espérance” et “amour ” accompagnent le protagoniste, un pompier “disparu dans la poussière”. Et si la pluie se transforme en larmes descendues du ciel dans Waitin’ on a Sunny Day, on attend un “jour de soleil / qui va chasser les nuages”. Et dans My City of Ruins on peut exhorter “Allez debout, Allez debout!”, et prier pour en avoir la force: “Avec ces mains / je prie le Seigneur /je prie pour la force, Seigneur / avec ces mains / je prie pour la foi, Seigneur / je prie pour l’amour, Seigneur/ Je prie pour les disparus, Seigneur/Je prie pour ce monde, Seigneur/Je prie pour la force”.

Confiance en Dieu

Dans The Rising qui a donc donné le nom à l’album, Springsteen a une vision: “II y a des esprits au-dessus et derrière moi / Visages devenus noir, yeux qui brulent et étincellent / Que leur sang précieux m’entrave / Seigneur, tandis que je me tiens dans ta lumière ardente”. Dans Countin’ on a Miracle (2002), cette prière se transformera en acte de confiance en Dieu et l’espoir d’un miracle.

Marie et Jésus

En 2005 avec Devils & Dust, Springsteen revient à ses vieux doutes qui le tenaillaient, mais toujours en recherche de voies qui le sortent de son désespoir, de l’enfer de la réalité. Et là aussi, dans un monde que Dieu semble “avoir abandonné”, avec Jesus Was an Only Son l’auteur retrouve une authentique inspiration religieuse. Il parle de Marie, mère de Jésus, marchant à côté de son fils “sur le chemin où son sang se déversait “.

La bible

Dans High Hopes (2014) sur les grandes espérances du monde, Springsteen ne renonce pas à citer la bible. Il le fait dans Heaven’s Wall où il invite à lever les mains au ciel. Les références bibliques sont évidentes. Il y évoque la samaritaine au puits de Sīkar, et Jonas dans le ventre de la baleine. Dans Hunter of Invisible Game, même atmosphère : il invite à prier pour soi-même, pour ne pas “pas tomber quand l’heure de la délivrance arrivera sur nous tous” ; et dans This is Your Sword, il parle d’ “un monde rempli de la beauté de l’œuvre de Dieu” menacé par les ténèbres, mais contre lesquelles il invite à résister .

L’Imaginaire catholique

“Je pense que jusqu’à l’âge de 12 ans, nous accumulons les images qui nous suivront toute la vie”, a déclaré l’auteur compositeur américain dans un entretien pour la TV et un journal de la presse italienne, en 2005. Pour Springsteen, cet attachement à la Bible, à la parole de Dieu, remonte à son enfance. Elevé dans une famille et une école catholiques, entendre parler d’âme n’était pas seulement fascinant, c’était quelque chose de bien “réel”. L’imaginaire catholique, a-t-il poursuivi, comme la Bible, est un moyen extraordinaire pour souligner les voyages de l’homme, l’esprit humain”. Et il y revient toujours. «”C’est instinctif !”, dit-il.

“Des récits tout en poésie”

La revue italienne des jésuites La Civiltà Cattolica, intriguée par ce parcours atypique, avait consacré à Springsteen, en 2002, tout un article intitulé « La résurrection » de Bruce Springsteen, signé Antonio Spadaro, aujourd’hui son directeur.

A travers ses chansons – qui sont pour le père Spadaro “des récits tout en poésie” – Springsteen parle de la vraie vie, avec toujours une forte connotation sociale qui puise ses racines dans la Bible, connue donc très jeune, mais aussi dans les œuvres de grands écrivains anglo-saxons tels que Flannery O’Connor, Cormac McCarthy et John Steinbeck.

Foi et vie quotidienne

A propos de son disque The Rising, sorti en 2002, le jésuite italien dans un autre article publié sur Vita Pastorale, rapporte des propos de Springsteen confiés à la revue rock Uncut: “Je pense que les chansons font appel à une superposition floue de ces idées : le religieux et la vie quotidienne doivent en quelque sorte se fondre entre eux”. Et c’est ce qui expliquerait qu’il ait besoin “de l’imaginaire religieux pour décrire son expérience”, a-t-il confié.

Antonio Spadaro est très frappé par la profusion d’images, termes et symboles à fond religieux, qui inspirent le chanteur, et par la forte dimension “de délivrance” qui les accompagne. Son imaginaire renvoie très souvent à des images, à des symboles de la foi chrétienne et aux récits de la Bible, jusqu’à les citer mot pour mot. D’ailleurs, en 1980, n’avait-ils pas dit ? “J’ai lu la Bible. Je suis resté dessus un bon moment il y a un an. C’était « géant », passionnant. De Grandes histoires”.

Ses fans et la religion

Cette présence biblique est telle que “ne pas en tenir compte signifierait ne pas saisir pleinement le sens de la production musicale” de Springsteen, estime encore le directeur de Civiltà Cattolica. L’historien et philosophe italien Daniel Cavicchi a publié récemment pour l’Oxford University Press, maison d’édition universitaire britannique de renom, une étude sur le sens de la passion des fans de Springsteen pour leur “idole”. Il est arrivé à la conclusion qu’il “existe un lien très étroit entre leur passion pour le Boss et une conversion de type religieux”, du fait même que “ses chansons renferment beaucoup de références à la renaissance spirituelle et au renouveau intérieur”. Donc, lui fait écho Antonio Spadaro, “la musique de Springsteen serait religieuse à la racine et susciterait sur son auditoire une “attention de type religieux”.

Article traduit et adapté par Isabelle Cousturié

Tags:
BibleDieuFoiMusique
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