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Comment faire entendre la messe aux sourds ?

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Sylvain Dorient - publié le 15/09/16

Alphonse Daudet avait ses "messes basses". Ces prêtres ont inventé la messe muette.

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Les messes catholiques, en particulier depuis Vatican II, sont rarement silencieuses : chants, lectures et prières se succèdent, tout un monde inaccessible aux sourds-muets, d’où la volonté de prêtres et de laïcs de « dire la messe » avec le langage des signes.

Du catéchisme à la confession, sur les mains

Mgr Sergio Buiza, le directeur du ministère des sourds de la Conférence des Evêques d’Espagne explique que son but est de « porter l’Évangile au plus grand nombre », ce qui inclut, bien sûr, les sourds et les malentendants. Il célèbre lui-même une messe en langage des signes à la cathédrale Saint-Jean de Bilbao. Il estime toutefois que les besoins dans ce domaine sont immenses, car il y aurait un million d’Espagnols malentendants, et que seuls 1250 d’entre eux assisteraient à une messe dominicale adaptée à leur handicap. Les 24 paroisses dans lesquelles ce type de messes se tiennent élargissent leurs propositions, en allant du catéchisme au Sacrement de réconciliation. Les messes, en particulier, sont très recherchées des sourds et malentendants, qui peuvent faire de longs trajets pour accéder à une célébration qui leur est dédiée, comme en témoigne Mgr Buiza : « Il y a des anciens qui font un long trajet pour venir jusque-là. Dans mon diocèse, on célèbre l’Eucharisitie dans la cathédrale chaque samedi après-midi et ils viennent de différentes villes, en train ou en bus ».

« Aucun obstacle doctrinaire »

Le père Paul Diemert officie dans l’Aumônerie régionale des sourds, à Paris, dans le Ve arrondissement. Il assure qu’il n’y a aucun obstacle, sur le plan de la doctrine, à célébrer la messe en langage des signes. Certes, le plus souvent, les messes sont dites en langage parlé par le prêtre, et traduites par un laïc, mais il arrive que la messe soit intégralement dite en langage des signes, par le prêtre lui-même.

« Je l’ai fait hier, pour la messe du dimanche, assure le père Diemert. Cela ne pose aucun problème sur le plan de la doctrine catholique, une messe dite en langage des signes est tout à fait valide. » Il explique que cela correspond à une attente des paroissiens. En effet, les malentendants ne voient pas le langage des signes comme un Ersatz de langage parlé, mais comme un langage à part entière, explique-t-il. Ils apprécient par conséquent que la messe soit célébrée dans leur langue.

« Il vaut mieux concélébrer »

Il concède tout de même que certaines étapes de la Liturgie, comme la Consécration, n’ont pas été pensées pour être dites en langue des signes : comment tenir le Calice tout en disant avec les mains la prière eucharistique ? Plutôt que de faire succéder les prières aux gestes, le père préfère concélébrer, et recrute, quand il le peut, un autre prêtre, qui lui permet d’allier le geste à la parole.

Tags:
HandicapMesse
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