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Sœur Hélène, missionnaire en terre kényane (1/2)

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Angélique Provost - publié le 27/08/16

Rencontre avec cette jeune femme de 25 ans qui a voué sa vie à l'évangélisation des enfants du Kenya.

Rentrée en France pour quelques semaines, Sœur Hélène met son temps à profit pour parler de sa mission afin de faire connaître le travail de ses sœurs et récolter, tant que possible, les fonds nécessaires à l’avancée de cette odyssée chrétienne. Entretien avec cette femme au parcours atypique.

Aleteia : Sœur Hélène, pourquoi avoir fait le choix de la vie religieuse ?
Sœur Hélène :
Vers l’âge de 15 ans, alors que j’étais pensionnaire chez les dominicaines, je me suis mise à réfléchir sur leur vie : je ne comprenais pas comment on pouvait choisir de devenir bonne sœur ! Ça me dépassait ! S’enfermer dans un couvent, avec des sœurs qu’on ne choisit pas, 24h sur 24h, porter l’habit avec un voile ! Demander des permissions pour tout, aucune liberté ! Et pour la vie entière !

Finalement j’en suis arrivée à la conclusion que c’était seulement pour l’Amour de Dieu qu’on pouvait faire un tel choix. Alors une deuxième question m’est venue à l’esprit : et si Dieu me demandait le même sacrifice ? Et il me semblait entendre la voix de Dieu dans mon cœur : “Est-ce que tu M’aimes au point de tout sacrifier pour Moi ?”.

Alors ça a été la bataille ! “Mon Dieu s’il vous plaît tout mais pas bonne sœur !”. J’ai essayé de me changer les idées, d’ignorer cette voix, mais impossible, partout, en classe, en récré, en étude, et surtout à la chapelle, cette question me préoccupait l’esprit. Alors au chapelet du soir, j’ai baissé les armes, j’ai dit oui… “Mon Dieu, Vous savez que je Vous aime, si c’est Votre volonté, alors je dis oui ! Même si tout me fait peur et me repousse dans la vie religieuse, que Votre volonté soit faite ! Je sais que c’est en Vous seul qu’est le vrai bonheur !”.

Et à ce moment un voile s’est déchiré devant mes yeux, je voyais la vie religieuse dans toute sa splendeur, sa beauté : que des avantages ! Toutes mes appréhensions étaient disparues, et laissaient place à une grande paix… Je suis ressortie de la chapelle avec un autre dilemme : comment peut-on ne pas vouloir devenir religieuse ?

Et depuis ce jour j’ai fait mienne la prière de Charles de Foucauld : “Ô Jésus, je m’abandonne à Vous, faites de moi ce qu’il Vous plaira, quoi que Vous fassiez de moi, je vous remercie, je suis prête à tout, j’accepte tout, que Votre volonté soit faite je ne désire rien d’autre mon Dieu”.

Pourquoi missionnaire ?
Une deuxième grâce, donc une deuxième histoire… C’était aux guides, j’avais 16 ans, j’étais chef de patrouille. On s’est retrouvées, un soir de grand jeu, enfermées dans les ruines d’un château fort, au beau milieu d’un pays étranger… La nuit tombe, il commence à faire frais, une de mes guides ne se sent pas très bien, elle a attrapé la gastro…. Je lui donne mon pull.

Puis c’est le tour de ma sœur, qui s’est fait voler son duvet, je lui donne le mien lui disant : “Ne t’inquiète pas, j’ai une couverture”. Une heure plus tard c’est la moitié de la compagnie qui est malade… Et pas de trousse à pharmacie, tout est resté dans la voiture à l’extérieur du château. Je me porte volontaire pour aller la chercher. En attendant, les quarts de nuit ont commencé, une guide me demande si elle peut m’emprunter ma couverture le temps de son quart, ce que j’accepte évidemment.

Et je pars avec une autre, elle a aperçu une brèche quelque part dans la muraille, on pourrait peut-être y passer ? Nous y voilà, sauf qu’il faut escalader, atteindre une corniche, la longer et se faufiler dans le trou ! L’autre abandonne, je dois y aller, seule.Je me retrouve de l’autre côté de la muraille sans trop de mal, mais la voiture est très loin. Heureusement la lune s’est levée, j’éteins ma lampe (on nous a recommandé de ne pas traîner dehors de nuit, le coin n’étant pas sûr …) et j’enjambe les broussailles, l’estomac un peu noué.

Après dix bonnes minutes j’aperçois enfin la voiture, je récupère la trousse, le coca etc. Puis le retour : les broussailles, l’escalade, la brèche, la corniche et ouf ! On distribue les dolipranes, les verres de soda, etc. Il est déjà minuit, enfin le repos… Non pas encore : une autre ne peut pas prendre son heure de quart puisqu’elle ne se sent pas bien… Je la remplace, ça ne me dérange pas de faire deux heures.

La veillée débute et je commence à me sentir mal à mon tour… Enfin mes deux heures s’achèvent je vais réveiller la suivante, mais, pas de chance, elle est aussi malade et dort à poings fermés… J’hésite un instant, puis prends son quart. Il est trois heures, une grande arrive pour me remplacer : heureusement, je tombe de sommeil ! Je me dirige vers ma patrouille et réalise que je n’ai plus ni pull, ni duvet, ni couverture… Rien ! Je trouve tout de même une toile de tente et m’enroule à l’intérieur…  Ce n’est pas bien chaud, mais je ne regrette rien.

Je commence à comprendre qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Puis je m’endors… Mais quelqu’un me secoue : il commence à pleuvoir, il faut réveiller tout le monde pour aller à l’abri en bas avant qu’il ne tombe des cordes !On secoue les malades, on attrape leurs sacs, on ramasse tout ce qui traîne, etc. Enfin, tout le monde est protégé, je peux me recoucher, trempée, dans ma toile de tente… Il est 4h30, réveil dans une heure et demie.

Au cours de cette nuit, j’ai reçu la grâce de comprendre la joie qu’on a quand on se donne pour les autres, qu’on s’oublie et se sacrifie pour les autres, quand on manque de tout pour que les autres aient tout ! Et c’est depuis ce camp que j’ai choisi de rentrer dans une congrégation religieuse où je pourrai me consacrer à Dieu par le don de moi-même, chaque jour, au service des autres… Voilà d’où est née ma vocation missionnaire.

Propos recueillis par Angélique Provost. 

Tags:
kenyaMissionnaire
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