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Les religions sont-elles congénitalement violentes ?

Saint Barthelemy

Leemage/AFP

Vue du massacre des protestants lors de la nuit de la saint Barthelemy, en 1572, à Paris.

Michel Dubost - publié le 24/07/19

La religion, en tant qu’elle s’approprie le sacré par des gestes, des cérémonies, des rites, une morale, peut être violente. Mais la foi purifie l’élan religieux de l’homme en cherchant humblement la rencontre avec Dieu : elle est dépossession de soi et accueil de l’autre.

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L’homme est religieux, ou il ne l’est pas. Il faut choisir. S’il est religieux, il lui est normal d’accepter un cadre symbolique, une institution, fréquemment des manières de voir le monde et de constituer des groupes endogames qui lui donnent une identité. Cela peut rendre le dialogue impossible avec d’autres, surtout lorsque l’homme religieux qui accepte un absolu se croit facilement en charge de défendre cet absolu contre tous les « impurs » et toutes les « impuretés ». Surtout lorsqu’il pense que cet absolu est universel et cherche à l’imposer aux autres.

Dans certaines cultures comme au Moyen-Orient par exemple, il est quasi impossible de se marier dans un groupe extérieur à sa culture et sa religion. On en reste à son univers limité et par là, on se rend incapable de rencontrer les autres. Ne rencontrer que des gens qui pensent comme soi enferme. Le monde moderne a ceci de positif qu’il oblige à se confronter à l’autre. Il nous montre qu’il est possible de penser différemment. Sans cette ouverture, chacun peut être dangereux. Dans la culture française, nous avons eu la chance d’aimer les débats animés qui montrent qu’il n’est pas obligatoire de penser la même chose ! Cela développe un esprit critique et un esprit d’ouverture.

La laïcité comme religion

À l’aube des temps modernes, pour éviter les conflits religieux, l’Europe a inventé la théorie « Cujus regio, ejus religio » (« Tel prince, telle religion »), donnant aux États la charge de la paix idéologique. Lorsque la pluralité d’opinions a été finalement acceptée, cette théorie a pu conduire à faire de la laïcité une religion.

Historiquement, c’est le traité de Westphalie (1648) qui a promu cette idée que chaque pays devait avoir la religion de son chef (ou parfois le contraire comme cela a pu se passer peut-être pour Henri IV). C’est dans ce contexte que la philosophie des Lumières a porté une laïcité que beaucoup ont voulu, dans le même élan, imposer comme la religion du prince. Une nouvelle religion, qu’on devrait imposer à tout le monde, comme avant. On est dans ce cas assez loin d’un concept de laïcité bien vécu qui doit reposer sur deux principes : la neutralité de l’État et la possibilité pour chacun de penser ce qu’il veut, à condition de respecter la liberté de l’autre. Ces principes sont importants, mais fondamentalement, la laïcité ne peut marcher que si elle repose sur la fraternité.


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Le chrétien est « de passage »

La foi chrétienne pour sa part est l’humble recherche de Dieu à la suite d’Abraham. Elle fait du croyant un nomade, comme un étranger dans son propre pays, solidaire de tous ceux qui cherchent Dieu comme lui. Il les reconnaît comme créés par Dieu et sait discerner en eux des frères. La foi appelle à regarder le Christ en Croix. Elle veut faire connaître à tous celui qu’elle considère être comme le Chemin. Mais c’est en parlant au cœur, alors qu’il n’a plus aucun pouvoir — et qu’il n’en revendique aucun — que, de sa Croix, il attire l’humanité. L’amour seul est digne de foi.

« La conviction que nous sommes de passage, in via, est fondamentale pour les chrétiens (…) »

Comme chrétiens « toute terre étrangère nous est une patrie, et toute patrie une terre étrangère » comme le dit l’auteur de la Lettre à Diognète. Étymologiquement, la paroisse est un lieu pour les étrangers. Les chrétiens ont conscience d’être des passants sur cette terre. On pourrait caricaturer en résumant la logique communiste : « C’est à tous, c’est pour tous », la logique libérale : « c’est à moi, c’est pour moi » et la logique chrétienne « c’est à moi, c’est pour tous ». La conviction que nous sommes de passage, in via, est fondamentale pour les chrétiens et elle détermine une manière d’être et un rapport au monde.

La loi de l’amour n’a pas de frontière

Il faut mettre en avant cette grande opposition entre la loi, qui est toujours liée à un pays, un groupe, un territoire, et la loi de l‘amour, qui par définition n’a pas de frontière. En tant que chrétiens, nous n’avons plus de territoire à défendre et nous savons que nous ne pouvons faire société que si nous arrivons à ouvrir notre cœur pour rejoindre les autres.

« Le Christ invite à aimer ses ennemis. »

De tout temps, les hommes sont en conflit et de tout temps, ils ont cherché à sacraliser leurs conflits en disant : « Dieu est avec nous ». Les hommes et les femmes de l’Évangile ne peuvent au contraire que chercher à désacraliser les conflits et inviter à l’intelligence et au courage humains pour les résoudre. Le Christ invite à aimer ses ennemis. La fin du conflit Est-Ouest a été suivie de beaucoup de conflits interethniques, qui se sont servis du religieux pour s’opposer « aux autres ». La religion a été utilisée comme substitut du sentiment nationaliste et a pu inspirer des invitations au sacrifice.

L’instrumentalisation de Dieu

D’une certaine manière, toute guerre est religieuse. Car on ne tue pas sans sacraliser une cause : pour tuer, il faut une cause plus importante que la vie. On le voit tous les jours, dans toutes les guerres. Saddam Hussein, appartenant à un parti neutre et laïque veut faire la guerre ? On le voit soudain à la mosquée ! Les gens se servent de Dieu pour tuer, mais c’est une instrumentalisation mensongère. La religion peut être tentée de faire suivre cette pente. Mais le Christ dégonfle absolument cela : il admet qu’il puisse y avoir des conflits, mais que la vie est toujours première. René Girard parlait du Christ comme du bouc émissaire dont l’innocence arrête la spirale de la violence.




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Tags:
LaïcitéQuestions de fondReligionsviolence
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