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Le Mexique en proie aux violences attend le pape François

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HECTOR GUERRERO / AFP

Mexican soldiers stand guard around a hospital in Guadalajara, Mexico on January 2, 2016. Mexican authorities captured Elvis González Valencia, brother-in-law of Nemesio Oseguera Cervantes, leader of the powerful Jalisco Nueve Generacion drug cartel while he was being treated for a bullet wound in a private clinic in Guadalajara, authorities said Sunday. AFP PHOTO/HECTOR GUERRERO / AFP / HECTOR GUERRERO

Philippe Oswald - publié le 04/01/16

Pour son premier voyage de l’année 2016, le pape François sillonnera le mois prochain un pays catholique plein de ferveur mais devenu l’un des plus dangereux du continent américain.

Du 12 au 17 février, le pape François effectuera au Mexique sa première visite apostolique de l’année 2016. Ce sera la quatrième en Amérique latine -après le Brésil (2013), l’Équateur, la Bolivie et le Paraguay (2015), et Cuba (2015), et la deuxième en Amérique du Nord (il s’est rendu aux États-Unis en septembre 2015). Deux Papes l’ont précédé au Mexique : Jean Paul II, à cinq reprises, et Benoît XVI, en 2012.

Fidèle à son dessein missionnaire, le Pape se rendra aux “périphéries” d’un pays marqué par la corruption et la violence. Près de 26 000 personnes y ont disparu et environ 80 000 y ont perdu la vie au cours de la dernière décennie.

Sa première rencontre : la Vierge de Guadalupe

Le samedi 13 février, au lendemain de son arrivée à Mexico, le pape François commencera par confier son voyage à la Vierge de Guadalupe pour s’y imprégner du “mystère du peuple mexicain”, a déclaré à Radio Vatican Mgr Christophe Pierre, nonce apostolique au Mexique. Le Pape l’a dit lui-même : “Je sens bien que Marie est au cœur de la vie et de l’Histoire de ce peuple”.

Le dimanche 14 février, il sera à Ecatepec, toujours dans l’agglomération de Mexico, où il célébrera la messe, avant de visiter un hôpital pédiatrique. Le Pape pourrait aussi rencontrer des victimes d’abus sexuels commis par des membres du clergé (Cath.ch).

Pèlerin sur la périlleuse route des migrants

Puis François entreprendra le 15 février un pèlerinage sur la route des migrants qui traversent le Mexique pour tenter de gagner les États-Unis. Il commencera par le Sud, à la frontière avec le Guatemala et l’Amérique centrale, pour remonter vers le Nord, en traversant des zones ensanglantées par la guerre des cartels de la drogue.

“Ceux-ci n’hésitent pas à kidnapper les migrants pour en tirer des rançons ou pour s’en servir de “mules” faisant entrer de la drogue aux États-Unis”, rapporte Le Monde. Amnesty International estime que six femmes sur dix sont victimes d’abus sexuels en traversant le Mexique.

À San Cristobal de Las Casas, dans l’État du Chiapas en proie à de violents conflits sociaux et politiques, le pape François sera accueilli par les indigènes. Il rencontrera également des familles.

Des autorités gangrénées par la corruption

Quarante-trois élèves enseignants ont été enlevés et assassinés à l’automne 2014 dans l’État du Guerrero, par un cartel de la drogue auquel étaient liés le maire d’Iguala, sa femme et la police locale qui les ont livrés aux narcotrafiquants. Depuis, l’enquête se poursuit, trop lentement au gré des parents des victimes qui dénoncent l’inaction du gouvernement. Une centaine de suspects a néanmoins été arrêtée et le président mexicain Enrique Peña Nieto s’est dit déterminé à ce que justice soit faite dans une interview au journal Metro. Mais le noyautage de la police et de la justice par les cartels de la drogue l’a conduit à inviter le Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI), mandaté par la Commission interaméricaine des droits de l’Homme, à venir au Mexique pour soutenir les enquêteurs. La gangrène des autorités a encore été patente dans l’évasion du baron de la drogue Joaquín “El Chapo” Guzmán, le 11 juillet 2015, impossible sans l’aide de gardiens de prison.

Quand la corruption s’avère inefficace, la terreur prend le relai : ces jours-ci, le 2 janvier, Gisela Mota, 33 ans, la toute nouvelle maire de Temixco, une ville de l’État de Morelos, dans le centre du Mexique, a été assassinée chez elle par un commando, 24 heures après avoir pris ses fonctions (Le Parisien). Lors de la campagne pour les élections législatives de juin 2015, huit candidats avaient été assassinés.

Un risque auquel s’exposent aussi les touristes comme l’a rappelé, en novembre dernier, le meurtre de deux surfeurs australiens qui se rendaient par la route à Guadalajara, dans l’ouest du Mexique (Ouest-France). Fin décembre 2015, la mort en prison d’un citoyen canadien, Bruce Vigfusson, incarcéré au Mexique depuis plus de trois ans pour voies de fait … contre des voleurs, pose à nouveau la question de l’impartialité de la justice mexicaine et des conditions de détention (Métro). Dans ce pays, “il existe des personnes qui vont en prison pour des délits jamais commis, ou seulement pour s’être engagées socialement”, rappelait l’évêque de San Cristóbal de Las Casas en décembre 2014 après qu’un jeune homme se fut immolé par le feu pour protester contre l’incarcération de son oncle (Aleteia).

Autre destination représentant une des réalités les plus difficiles du Mexique, la ville de Morelia, capitale de l’État de Michoacán de Ocampo, dans le centre du pays dans une zone très marquée par la violence liée au trafic de drogue. Le Pape y rencontrera le 16 février des acteurs de l’évangélisation, des prêtres, des religieux et religieuses, des séminaristes, ainsi que des jeunes.

Le vendredi 17 février, dernière étape du voyage pontifical, verra le pape François au Nord de l’État de Chihuahua, à la frontière avec les États-Unis, à Ciudad Juarez, une ville jumelle d’El Paso (Texas). C’est une ville de passage, une dernière étape pour les immigrés clandestins, une ville industrielle où fleurissent les “maquiladoras” – des usines de montage pour des biens réexportés vers les États-Unis. Une des villes les plus dangereuses du monde, où des milliers de femmes ont été enlevées et assassinées au cours des deux dernières décennies.

Un préalable aux réformes : la guérison intérieure

À quoi bon des réformes, dénoncent les évêques, si l’on ne se préoccupe pas de changer les mentalités dans un pays qui compte 50 millions de pauvres ? “Nous ne devons pas nous faire d’illusions ! Si ne sont réformés ni l’esprit ni le cœur, ni la conscience (…), aucune réforme ne sera capable de nous aider à surmonter les inégalités intolérables et les injustices sociales qui nous conduisent à (…) ne considérer que comme des statistiques et des informations les enlèvements, la traite des personnes, l’activité impunie de la criminalité organisée, le racket, la violence et les corps décapités dans des fosses clandestines” (Aleteia).

Autant de sujets lourds que le pape François abordera certainement de front, lui qui confiait l’an dernier dans un mail privé à un ami argentin combien il redoutait la “mexicanisation” de son pays, l’Argentine (Aleteia). Mais il vient surtout pour encourager les artisans de justice et de paix, les catholiques en première ligne. Et en parlant aux Mexicains, le Pape s’adressera aussi à toute l’Église ballotée par les flots.

Tags:
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