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Pourquoi Dieu ne répond-il pas à ma prière ?

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Père Nathanaël Pujos - publié le 06/06/20

Quand nos prières restent sans réponse, le doute nous assaille. En réalité, c’est toujours Dieu qui prie le premier. C’est Lui qui nous interpelle d’abord, et c’est à nous de répondre en lui demandant comment notre vie peut répondre à son appel. À son écoute, viennent alors l’espérance et la patience dans les épreuves.

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Prier, c’est parler à Dieu « comme un ami parle à un ami », disait saint Ignace de Loyola. Lui parler comme un enfant parle à son Père du ciel : « Quand vous priez, dites : Notre Père… » Ce dialogue peut être alors action de grâce, louange, contrition, mais aussi intercession ou supplication. Cette dernière forme de prière (demande, intercession), pour fréquente qu’elle soit, n’est donc pas la seule possible, ni même la plus fondamentale des prières.

Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC) définit la prière en général comme « une relation vivante et personnelle avec le Dieu vivant et vrai » (CEC 2258). La prière est cet acte humain par excellence par lequel l’homme communique et communie avec son créateur, et ce faisant, il exprime qui il est spécifiquement, c’est-à-dire un être pas seulement corporel mais également et d’abord spirituel. La prière est ce qui fait que nous sommes davantage qu’un « simple mammifère qui aurait bien évolué ». Elle marque notre unicité autant qu’elle fonde notre dignité. « Ne prie pas pour obtenir quelque chose ; prie pour devenir quelqu’un »: voilà un précepte essentiel à celui qui prend sa vie au sérieux.

Le Christ enfant méditant sur la Crucifixion
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Le Christ enfant méditant sur la Crucifixion, Mathieu Le Nain

Les nombreuses formes de prière

À partir de cette définition générale, la prière se décline sous de nombreuses formes. Sacramentelle ou non, communautaire ou solitaire, à Dieu le Père (le Pater, l’eucharistie), au Fils (l’adoration du Saint-Sacrement), à l’Esprit (louanges charismatiques), à Marie (le rosaire), aux saints (neuvaines), etc., multiple en ses formes et expressions, sur le fond notre prière se résume toujours plus ou moins à trois messages : la demande de pardon pour nos péchés (« Seigneur, prends pitié »), la louange ou action de grâce (« Gloire à Dieu », « Béni soit Dieu », « Merci Seigneur »), et l’intercession ou prière de demande (« Seigneur, aide-moi ! »). Notez que le « Notre Père » lui-même, la prière par excellence puisque c’est Dieu lui-même qui nous l’a enseigné, reprend successivement ces trois messages.

Persévérez sans rabâcher

En ce qui concerne l’intercession, par laquelle nous demandons quelque chose à Dieu pour nous-mêmes, pour quelqu’un d’autre ou pour le monde entier, Jésus nous surprend dans son Évangile. Il semble parfois nous inviter à tout demander avec confiance au Père : « Tout ce que vous demanderez au père en mon nom, vous l’obtiendrez » (Jn 14, 14) ; « Demandez et l’on vous donnera » (Mt 7, 8 ; voir aussi Mt 18, 19, Luc 11, 9 ; Mc 11, 24 ; Jn 15, 7 et 14, 3, etc.). Mais par ailleurs, Jésus dit : « Dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter. N’allez pas faire comme eux ; car votre père sait bien ce qu’il vous faut, avant que vous ne le lui demandiez » (Mt 6, 7). Ou encore : « Ne vous inquiétez donc pas en disant : “Qu’allons-nous manger ? Qu’allons-nous boire ? De quoi allons-nous nous vêtir ?” Ce sont là toutes choses dont les païens sont en quête. Or votre père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain : demain s’inquiétera de lui-même » (Mt 6, 25). Bref, Dieu sait ce dont nous avons besoin. Inutile de le lui demander, semble-t-il.

Comment comprendre ? Il s’agit donc de tenir le difficile chemin de crête qui consiste à demander sans crainte, mais toujours dans la paix, la sagesse, la confiance et la foi. Prier comme un enfant de roi, dirait Jean Pliya. Prier avec persévérance, mais aussi avec foi, avec petitesse, avec confiance filiale et abandon. Prier entre l’espérance et la crainte (saint Anselme), pour purifier notre désir et creuser notre foi (saint Augustin) ? Soit, mais qu’en est-il de l’exaucement ? La réalité nous oblige à reconnaître qu’il n’arrive pas toujours. Les psaumes eux-mêmes en témoignent magnifiquement : « Tout le jour j’appelle et tu ne réponds pas » (Ps 22) ; « Ma couche est trempée de mes larmes » (Ps 6) ; « Pourquoi Seigneur es-tu si loin ? Pourquoi te caches-tu aux jours d’angoisse ? » (Ps 10). Leur dernier mot est cependant toujours l’espérance.

Dieu est toujours proche

En ce qui concerne ces demandes que nous faisons à Dieu, certaines sont exaucées, d’autres… non. Dans ce dernier cas, on entend beaucoup de raisons plus ou moins valables : « Dieu n’écoute pas toujours » ; « Je n’avais pas mérité l’exaucement » ; « Dieu exaucera en son temps » ; « Il a un meilleur plan »;  » Il change les cœurs, pas les situations », etc. Toutes ces réponses peuvent avoir leur part de vérité parfois, mais elles restent incapables d’apaiser le cœur du croyant assoiffé de justice face au scandale du mal. Seule la Croix du Christ nous apprend que, lorsque Dieu reste silencieux, c’est qu’il est là tout proche, à souffrir avec nous.

N’ayons donc pas de langue de bois : Dieu ne répond pas toujours à nos demandes, c’est vrai. On a du mal du reste à imaginer ce que serait un monde où Dieu répondrait systématiquement à toute prière qui monte vers lui ! Mais plus profondément, la question du silence de Dieu renvoie au scandale du mal et à la théodicée (défense de la bonté de Dieu face à la présence du mal dans le monde). Quand une mère prie durant des mois de toute son âme et de toute sa foi pour la guérison de son enfant unique et qu’il finit par mourir, que lui répondre ? Comment ici défendre la volonté de Dieu ? Et sa bonté ?

« Je ne le mérite pas »

« Je n’avais pas mérité l’exaucement » : que vaut cette réponse ? L’Église y répond en disant que nos mérites sont eux-mêmes des dons de Dieu (Décret sur la Justification du concile de Trente). Ce faisant, elle nous rappelle que notre relation à Dieu n’est pas à comprendre en termes de mérites accumulés et de récompenses, mais en termes de gratuité divine. Dieu aime et donne gratuitement, sans compter. Son amour est inconditionnel, et donc notamment non conditionné par nos mérites ou vertus. Si nous méritons quoi que ce soit — et Dieu seul est capable ici de sonder les cœurs — c’est toujours parce que Dieu le permet et le veut bien, d’une certaine façon .

« Ma prière est mauvaise »

« Dieu a un meilleur plan » : même si c’est théologiquement vrai, cette interprétation n’est pas pastoralement très ajustée devant le scandale de certaines souffrances. « Vous demandez et vous ne recevez rien, parce que vous demandez mal », écrit l’apôtre Jacques (Jc 4, 3). Et saint Jean l’évangéliste d’ajouter qu’au contraire « nous avons cette assurance que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute » (1 Jn 5, 14). Que Dieu ait un meilleur plan que nous, cela se conçoit ! Il est Dieu ! Il est la sagesse infinie et éternelle, et nous ne sommes que de toutes petites créatures, aveuglées par nos peurs et nos passions. « Le paysan prie qu’il pleuve, le voyageur qu’il fasse beau, et les dieux hésitent » : ce proverbe chinois décrit bien la myopie dont souffrent souvent nos prières ! Nous sommes « le plus souvent » incapables de voir plus loin que notre intérêt propre. « Le plus souvent », mais « pas toujours », et c’est bien la limite de cette réponse. Quand on prie pour la paix dans le monde, comment Dieu aurait-il un meilleur plan ? Et pour le salut d’un enfant ? On le voit, se contenter de dire que « Dieu a un meilleur plan », même si c’est théologiquement vrai, ce n’est pas pastoralement très ajusté devant le scandale de certaines souffrances. Je connais personnellement des personnes qui ont quitté l’Église où elles cherchaient consolation devant un drame familial et n’ont reçu en échange que cette réponse maladroite.


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Le temps de Dieu

« Ce n’était pas le temps de Dieu ». Cette autre réponse commune possède elle aussi sa part de vérité. Dieu veut creuser notre désir d’être exaucé, notre foi et notre abandon en lui, et il veut purifier aussi notre demande. C’est pour cela qu’il nous fait parfois patienter. Pensez au pauvre Job, par exemple : il souffre le martyre durant trente-huit longs chapitres de la Bible avant que Dieu ne lui fasse finalement justice ! « Prier, c’est se rendre capable de recevoir », c’est « laisser à notre cœur le temps de s’ouvrir » : voilà encore quelque chose que l’on entend souvent. « Dieu ne change pas les situations, il change les cœurs ». Après tout, la foi n’est-elle pas « la garantie des biens que l’on espère » (He 11, 1) ? Si l’on considère que la confiance en Dieu est le plus grand don, alors le délai de l’exaucement éprouve et fortifie cette confiance. Il est donc un don de Dieu lui-aussi, qui vient avec la persévérance dans la prière. « C’est par la persévérance que vous sauverez vos vies », dit Jésus (Lc 21). Mais là encore, parfois cette réponse ne suffit pas : une prière juste et persévérante reste parfois sans réponse et c’est le scandale du mal qui semble avoir de nouveau le dernier mot.

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Fred de Noyelle I Godong
"Le Christ en Croix" du Greco (1540-1614)

La réponse de la Croix

« C’est Dieu qui souffre », voilà la réponse ultime au scandale du mal dans le monde : la Croix du Christ. Dieu n’est pas venu dans le monde pour supprimer notre souffrance, ni même l’expliquer, mais il est venu pour la remplir de sa présence, et ainsi faire en sorte qu’elle ne soit pas vaine. Lorsqu’il est silencieux face aux supplications du souffrant, c’est qu’il souffre avec lui et lui prépare une abondance de gloire qu’il ne peut encore révéler. « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?« , crie Jésus au cœur de son angoisse et de sa souffrance. Mais celles-ci sont sur le point d’obtenir au monde entier la vie éternelle, où toutes larmes seront définitivement séchées. Dans le long et méconnu livre de l’Ecclésiastique, au chapitre 35, se cache ce merveilleux verset dans lequel le Siracide interpelle son lecteur à propos de la souffrance : « Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur les joues de Dieu ? » Si Dieu impassible souffre, c’est de nos souffrances. S’il pleure, c’est de nos larmes. Nos peines, nos douleurs, nos afflictions sont également et peut-être avant tout les siennes. Nos larmes coulent sur ses joues. Voilà l’ultime explication à la souffrance du juste et au scandale du mal : Dieu souffre avec nous. Voici l’ultime raison de son silence devant nos prières.




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Quel sens à ma souffrance ?

Dans les épreuves, la réaction naturelle est celle de vouloir trouver un sens à notre souffrance : pourquoi ma souffrance ? Et si je n’en trouve pas, alors je cherche des remèdes « extérieurs » pour compenser. La seule solution est intérieure cependant : il s’agit de poser des actes de foi et d’abandon jour après jour, de croire en la présence de Dieu dans la souffrance, et d’arrêter pour l’instant d’interroger le « pourquoi ».

Ce qui est commun à toutes les épreuves de la vie, c’est qu’elles sont toujours un appauvrissement, une insécurité, une perte, un deuil, une solitude. Si je traverse une telle épreuve, ma première réaction sera toujours de me demander : « Pourquoi ?  Pourquoi Dieu permet-il cela ? Pourquoi ne répond-il pas à ma prière ? » etc… Cette question du « pourquoi » n’a souvent pas de réponse dans l’immédiat. La répéter encore et encore, vouloir trouver du sens à tout prix : voilà la spirale destructrice dans laquelle l’épreuve nous entraîne bien souvent. Si je ne dépasse pas cette question du « pourquoi », je m’enferme dans la recherche d’un sens, d’une raison, d’un coupable pour mon malheur, et donc dans l’accusation.

La tentation sera alors de chercher des remèdes « extérieurs » pour mettre fin à mon malheur. Si certains sont bons et nécessaires (médicaments, traitements), dans l’hypothèse où il n’y en a pas, je vais compenser (angoisse, alcool, etc.). Il est donc urgent de ne pas se laisser entraîner dans cette spirale mortifère.

La solution est intérieure

La meilleure solution est intérieure cependant : il s’agit de poser des actes de foi et d’abandon jour après jour, et d’oublier pour l’instant le « pourquoi » de la souffrance. Une conversion de l’intelligence est nécessaire pour passer de cette question du sens (pourquoi ?) à la question suivante : « Comment puis-je avancer aujourd’hui ? » En effet, le vrai remède à l’épreuve n’est pas « extérieur » (un coupable, ou une compensation), mais bien « intérieur » : il s’agit de poser des actes de foi, d’espérance et de charité, jour après jour. Si je ne le fais pas, si je ne tire pas avantage de ma souffrance pour poser ces actes, humblement et jour après jour (dans l’instant présent qui seul rend tout supportable), alors ma souffrance est vaine, et elle ne m’aura rien apporté au bout du compte. J’aurai finalement souffert pour rien, sans grandir.

Le vrai remède consiste donc à accepter l’épreuve (cela peut prendre du temps), à apprendre à accueillir la secousse enfantine du sanglot qui seule nous ramène au père, et à commencer à remplir l’instant présent de toute la confiance filiale qui nous reste : quel acte de foi, d’espérance ou de charité puis-je poser aujourd’hui, aujourd’hui seulement, dans la situation d’extrême pauvreté, de fatigue, d’angoisse, de solitude qui est la mienne ? Rien que pour aujourd’hui, car plus je vis l’instant présent, plus les choses sont supportables. « Demain s’inquiétera de lui-même », dit le Seigneur. Aujourd’hui, quel petit acte d’enfance puis-je poser ? Les épreuves se ramènent toujours à une épreuve de la foi, de l’espérance ou de la charité. Poser des petits actes de foi ou d’amour me rappelle que Dieu m’aime et me soutient là où l’épreuve voudrait me faire croire qu’il m’a oublié. De tels actes me rappellent que mon être vient du sien, qu’il m’a voulu, créé, porté, sauvé et aimé, et que rien, ni la mort ni la vie, ne pourra me séparer de son amour, manifesté dans le Christ Jésus (Rm 8, 38). Puisant ainsi dans l’amour qui me fonde et que j’avais oublié, je retrouve alors la force de croire, de me savoir aimé, de m’aimer à mon tour, et d’aimer peu à peu ceux qui m’entourent.




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Comment Dieu souffre avec nous

Renverser la perspective : la prière de Dieu

Après avoir analysé ces réponses, il convient d’aller plus loin et d’interroger la question même : « Pourquoi Dieu n’a-t-il pas répondu à ma prière ? » et ses présupposés. Je propose de renverser la perspective, car, si l’on y réfléchit avec recul, Dieu est l’ultime « sujet » et non juste celui que l’on interpelle. Dans la prière, comme en toute chose, c’est Dieu qui a l’initiative, et non pas l’homme. C’est Dieu qui interpelle et interroge notre vie, et c’est de nous que doit provenir la réponse à son appel, l’exaucement, ou plutôt l’ »ex-haussement ». Bref, « cherchez d’abord le Royaume, et tout le reste vous sera donné par surcroît », dit Jésus (Mt 6, 33) : voici le verset qui guide notre réponse finale ici.

De notre point de vue ici-bas, par notre prière, nous interpellons Dieu dans la foi, et nous attendons sa réponse. De là notre question : « Pourquoi Dieu n’a-t-il pas répondu à ma prière ? » Mais nous oublions quelque chose ici : c’est que le vrai « sujet », c’est Dieu lui-même, dont tout dépend, y compris notre vie, y compris notre foi, et notre prière. C’est l’Esprit Saint qui vient prier en nous pour interpeller Dieu et l’appeler « Père », dit saint Paul (Rm 8, 15). Bref, l’initiative est toujours divine, Dieu est le « sujet » et nous les « objets » de son amour. La vraie question est donc : « Est-ce que ma vie répond à la prière de Dieu ? » C’est lui qui m’appelle et m’interpelle sans cesse. « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui », dit Jésus (Ap 3, 20).

La réponse est attendue de mon côté d’abord, pas du sien. Dieu n’a pas de comptes à nous rendre ! Ma prière, et tout dialogue avec Dieu, doit être d’abord — et peut-être uniquement — cet immense acte d’ouverture, de confiance, d’abandon et de gratitude pour le don incroyable de l’existence et de la foi. Tout le reste n’est que littérature. Dieu répond selon notre foi, mais la foi elle-même est « réponse à une parole qui interpelle personnellement, à un “toi” qui nous appelle par notre nom » (Pape François, Lumen Fidei n. 8).

Sans l’amitié première, sans la communion de la foi, il n’y a pas d’exaucement possible de ma prière, car il n’y a pas même de communication. Dieu ne m’entend pas, car ce n’est pas à lui que je m’adresse, mais à l’idole pratique que je me suis créée peu à peu. Toute prière réelle ne peut être que dialogue « d’un ami à un ami », d’un fils à son père : sans cette communion filiale, nos prières se perdent en écho dans une éternité que nous avons nous-mêmes vidée de Dieu pour y élever une petite idole à notre service. Bref, au lieu d’attendre fébrilement l’exaucement, il est urgent de « s’ex-hausser » soi-même, de prendre de la hauteur, pour nous placer de manière juste face à Dieu. Cette hauteur nécessaire, c’est celle du Royaume.

Anticiper le Royaume de Dieu

« Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroit », dit Jésus. Renverser la perspective de la prière pour nous enraciner dans la gratitude filiale et la foi nous donne d’anticiper déjà le Royaume des cieux, et de vivre pour lui. C’est la condition de l’exaucement :  « s’ex-hausser » au-delà de ce monde-ci et de ses petits algorithmes de pouvoir, de plaisirs et d’intérêts calculés. Il nous faut nous arrêter de compter (nos mérites, nos vertus, nos besoins, nos forces, nos dus, etc.). Dieu ne compte pas, et lorsque nous arrêtons à notre tour de compter, alors il peut donner et donner en abondance. Les Béatitudes sont une invitation à bouleverser nos logiques et nos calculs. Elles dénoncent ce que Cioran (1911-1995) nommait « l’hérésie du moi ». Les Béatitudes nous appellent à accepter de renoncer par amour à ce qui nous est naturellement dû, pour rentrer dans la logique de Dieu, qui est Don et rien d’autre que don.

Le jeûne, la veille, la pauvreté, la prière, le pardon, l’aumône, la persécution et même la souffrance offerte sont autant d’occasions d’accepter de perdre nos petits équilibres mondains, nos poses, nos logiques d’échange (je donne pour recevoir) pour finalement rentrer dans la logique du Royaume, qui est en fait folie : « Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens ; mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » (1Co 1, 22).




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