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Les Années Saintes : de Boniface VIII au pape François, à chacune son histoire

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 04/12/15

À la veille de l’ouverture solennelle le 8 décembre, du jubilé de la Miséricorde proclamé par le pape François, plongée dans 700 ans d'Histoire de l'Église…

Le jubilé extraordinaire de la Miséricorde est la 30e Année Sainte instituée par l’Église catholique, depuis celle proclamée par Boniface VIII en 1300. Le coup d’envoi officiel de l’Année sera donné par le pape François, le 8 décembre prochain, jour de l’Immaculée Conception. Pourquoi extraordinaire ? Parce que les Années Saintes sont généralement à date fixe – tous les 25 ans – et que celle-ci se tiendra 16 ans après la dernière – à l’occasion des 2 000 ans de la naissance du Christ et le passage dans le deuxième millénaire – elle-même extraordinaire puisque célébrée 17 ans après la précédente, en 1983 (sur la Rédemption).

Les origines

Au début seulement – de 1300 à 1400 – le jubilé était célébré tous les 50 ans, comme à ses origines, liées à l’Ancien Testament lorsque Moïse fixa, pour le peuple hébreu, une année particulière pour fêter leur libération de l’exil de Babylone :

“Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé: chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan. Cette cinquantième année sera pour vous une année jubilaire: vous ne sèmerez pas, vous ne moissonnerez pas les épis qui n’auront pas été mis en gerbe, vous ne vendangerez pas les ceps qui auront poussé librement. Le jubilé sera pour vous chose sainte, vous mangerez des produits des champs. En cette année jubilaire, vous rentrerez chacun dans votre patrimoine” (Lév 25, 10-13).

Dans le Nouveau Testament, Jésus se présente comme Celui qui amène à son accomplissement le Jubilé antique. La corne de bélier, yobel en hébreu, qui servait à sonner cette fête, a donné le mot “jubilé”.

Célestin V, le père des premières indulgences 

Mais si Boniface VIII fut le premier à lancer les Années Saintes, il a néanmoins “hérité” en quelque sorte du “Grand pardon” ((la Perdonanza celestiana) de Célestin V qui accorda un “premier jubilé et indulgence plénière” à l’occasion de son intronisation, en 1294. Par une “Bulle du pardon”, celui-ci avait promis la rémission de leurs péchés, à tous les « confessés et repentants » qui auraient franchi, les 28 et 29 août de chaque année, “la Porte Sainte” de la basilique Santa-Maria di Collemagio, qu’il avait faite construire et où il fut couronné, à l’Aquila, dans les Abruzzes. Mais élu Pape le 5 juillet, à 85 ans, Célestin renoncera à sa charge le 13 décembre de la même année, en signe de protestation contre la corruption régnant dans l’Église, devenant ainsi le premier Pape de l’Histoire de l’Église à renoncer à ses fonctions, avant Benoît XVI, 719 ans plus tard.

La cadence, de Boniface VIII à nos jours

Le premier jubilé ordinaire convoqué par Boniface VIII, en 1300, coïncide avec le courant de spiritualité, de pardon, de fraternité qui se répandait alors dans toute la chrétienté, en opposition aux haines et aux violences qui prédominaient à cette époque. L’énorme affluence des pèlerins à Rome suite à une rumeur selon laquelle, durant l’année du centenaire, les visiteurs de la basilique Saint-Pierre recevraient une “rémission très complète de leurs péchés”, amena le Pape à accorder l’indulgence pendant toute l’année, et, à l’avenir, tous les cent ans. Mais le pape Clément VI, en 1350, décide d’écourter l’intervalle entre les jubilés de 100 à 50 ans ; puis Urbain VI est descendu à 33 (en référence aux années du Christ sur terre) ; le pape Nicolas V à 25, échéances fixées définitivement par Paul II, en 1470, pour permettre à chacun d’y participer au moins une fois dans sa vie.

L’ouverture de la Porte Sainte

L’ouverture de la Porte Sainte, réalisée la première fois à Saint-Jean-de-Latran par Martin V en 1423, marque symboliquement le passage du chrétien du péché à la Grâce Divine. À Saint-Pierre, l’ouverture de la Porte Sainte remonte pour la première fois à Noël 1499, à l’initiative d’Alexandre VI qui décida de faire ouvrir en même temps les Portes Saintes des quatre basiliques de Rome : Sainte-Marie-Majeure, Saint-Paul-Hors-les-Murs, Saint-Jean-de-Latran et Saint-Pierre.

À Rome, jusqu’en 1975, chaque Porte Sainte était fermée par un mur contre lequel le Pape frappait trois coups avec un marteau pour l’ouvrir, et qu’il refermait ensuite avec une truelle en or. Depuis cette date, le Pape ouvre et referme tout simplement les battants de la porte. Par contre, est toujours en vigueur la coutume d’inclure également des pièces de monnaie dans le mur de la Porte Sainte. Cette coutume remonte au jubilé de 1500. Au début, les pièces étaient simplement coulées dans la chaux. À partir de 1575, elles sont placées dans un coffre métallique.

Les exceptions

Les Années Saintes à date fixe (tous les 25 ans) sont dites “ordinaires”. Cette régularité a toujours été respectée à l’exception des années 1800 et 1850 : dans le premier cas, elle n’eut pas lieu à cause de la situation difficile de l’Église au temps de l’hégémonie de Napoléon, et dans le deuxième cas à cause des événements survenus avec la République romaine et l’exil temporaire de Pie IX.

Sinon, les Années Saintes sont “extraordinaires”, comme c’est le cas pour le jubilé de la Miséricorde lancé par le pape François. Les trois derniers jubilés extraordinaires remontent à Pie XI, en 1933, pour commémorer les 1900 de la mort du Christ en croix ; Paul VI, en 1966, à la fin du concile Vatican II ; et à Jean Paul II – qui proclama aussi celui de l’an 2000 – en 1983, pour les 1950 ans de la Résurrection du Christ.

François dans la continuité de Jean Paul II

Dans un récent entretien accordé à Credere, la revue italienne officielle du jubilé de la Miséricorde, le pape François explique les raisons de cette nouvelle Année Sainte extraordinaire : “J’ai ressenti comme un désir du Seigneur de montrer sa Miséricorde aux hommes. Il s’est donc agi pour moi de suivre une tradition relativement récente pour une attention qui a toujours existé…”.

Le Souverain Pontife inscrit son initiative dans le sillage des initiatives de Jean Paul II à qui l’Église doit l’encyclique de 1980 Dives in Misericordia, la canonisation de Sœur Faustine Kowalska et l’institution de la Fête de la Divine Miséricorde en l’an 2000.

Pendant l’année jubilaire, toutes les églises particulières sont invitées à ouvrir “leur propre Porte de la Miséricorde, en communion avec l’Église de Rome au cours de la célébration eucharistique du troisième dimanche de l’Avent, le 13 décembre”. En conclusion de son voyage en Afrique (25-30 novembre 2015), le Pape a posé un geste historique en ouvrant lui-même et en avance, dimanche 29 novembre, la Porte Sainte de la cathédrale de Bangui, et la proclamant “capitale spirituelle du monde” pendant toute l’année du jubilé (Aleteia).

L’Année Sainte se refermera le 20 novembre 2016.

Tags:
jubileMiséricorde
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