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Le Burundi est-il au bord d’un nouveau génocide ?

WEB BURUNDI VIOLENCE MARGUERITE BARANKITSE Afp photo Carl de Souza ©

© AFP PHOTO/CARL DE SOUZA / facebook

Isabelle Cousturié ✝ - publié le 19/10/15

L’humanitaire burundaise Marguerite Barankitse tire le signal d’alarme alors que l'Union africaine (UA) annonce le lancement d'une enquête "approfondie" sur les violations des droits de l'homme entre autres exactions commises contre les populations.

Attaques à la grenade, assassinats ciblés, exécutions sommaires… Le Burundi serait à deux doigts de connaître un nouveau génocide avertissent opposants, membres de la société civile et journalistes à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Parmi eux, l’humanitaire burundaise Marguerite Barankitse, alias Maggy, qui a entamé un tour d’Europe pour dénoncer les pires horreurs commises sur le sol burundais depuis la réélection controversée, en juillet dernier, du président Pierre Nkuzunziza, en violation de la Constitution. Cette réélection a été suivie d’une vague de répression aveugle et sanglante qui a fait des centaines de morts et forcé des centaines de milliers de personnes à prendre la fuite : intellectuels, personnalités politiques et simples citoyens.

Les médias locaux muselés

Engagée dans l’action humanitaire, Maggy dirige la Maison Shalom, une grande ONG du Burundi. Elle a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles, en 2011, le prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits. “Personne ne sait ce qui se passe au Burundi, il y a trop d’indifférence de la part de la communauté internationale mais la situation échappe vraiment à tout contrôle”, témoigne-t-elle devant un “tout petit groupe de journalistes”.

Valentina Giulia Milani, de la revue italienne Africa, regrette l’absence de ses confrères. S’ils ne sont pas là pour répercuter les informations, qui le fera ? “Les journalistes locaux ne peuvent pas parler et s’ils le font, ils risquent la mort ou sont torturés”, rapporte-t-elle, tout comme les opposants politiques ou toute autre personne étiquetée comme “dissident” par le régime. Le dernier assassinat en date : celui d’une grande militante anticorruption, Charlotte Umugwaneza, de Cibitoke, portée disparue depuis la fin de semaine dernière et dont le corps vient d’être retrouvé (RFI).

Ce pays ressemble à un cimetière…

Il y a tout juste un an, Maggy avait averti : “Ce pays ressemble à un cimetière, et l’on tue encore ! Si les choses continuent de la sorte, l’année 2015 sera catastrophique…” (RFI). Aujourd’hui, presque dix ans après la fin de la guerre civile qui a fait 300 000 morts entre 1993 et 2006, elle dénonce à nouveau : censures, répression, abus, violation des droits de l’homme et exploitation d’enfants. Nkurunziza “assoiffé de pouvoir et d’argent”, est en train de monter une armée de 1 500 enfants soldats qu’il fait entraîner par des ex-miliciens rwandais”, assure-t-elle le visage rouge de colère et le geste vif – commente notre consœur – tant les scènes de cruauté se bousculent dans son esprit et tant le silence des médias occidentaux lui pèse.

L’Union européenne interpellée

La “maman nationale du Burundi” réclame l’appui de la communauté de Sant’Egidio “toujours très active au Burundi” et qui “pourrait faire beaucoup”, et supplie l’Union européenne d’intervenir avant que “le grain de la haine ne pousse entre Hutus et Tutsi et ne déclenche une de ces guerres ethniques derrière lesquelles se sont toujours cachées les puissances occidentales et les intérêts économiques des plus forts”.

Samedi dernier, l’Union africaine (UA) a annoncé le lancement d’une enquête “approfondie” sur les violations des droits de l’homme et autres exactions contre les populations civiles au Burundi, et appelé à la mise en place de sanctions ciblées contre ceux qui “contribuent à la persistance de la violence”.

L’envoyé spécial des États-Unis pour la région des Grands Lacs, Thomas Perriello, a tiré lui aussi la sonnette d’alarme, condamnant dans un communiqué “les abus devenus trop fréquents au Burundi”. Face à cette escalade de violence, “la résistance monte dans la population civile, et l’opposition commence à se cristalliser”, confirme Bob Kabamba, professeur à l’université de Liège et spécialiste de politique africaine, sur les ondes de Radio Vatican.

L’Église, inquiète, confirme les atrocités

Même son de cloche du côté de l’Église. Dans un message à Fides, lu dans les paroisses du Burundi le dimanche 20 septembre, le président de la Conférence épiscopale du pays et évêque de Ngozi, Mgr Gervais Banshimiyubusa, avait adressé un appel pressant à un “vrai dialogue sans exclure personne”, mais celui-ci a été aussitôt rejeté par le gouvernement. Il confirme “la situation sécuritaire très inquiétante” à Bujumbura (la capitale), parlant de gens “sauvagement assassinés, enlevés et tués, torturés ou emprisonnés de façon arbitraire”.

Tags:
Afriquegenocide
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