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L’Église qui vient selon Weigel

George Weigel – fr

© Jim Forest

Philippe Oswald - publié le 09/06/15

L’Église catholique doit profondément se renouveler pour être fidèle à sa mission en redevenant totalement "évangélique" explique l’essayiste catholique américain George Weigel.

Comment évangéliser au début du troisième millénaire ? Pas comme au premier millénaire (encore que, par certains côtés, la "nouvelle évangélisation" ressemble à la première), ni comme au deuxième, marqué par la Contre-Réforme (encore que son héritage ne doive pas pour autant être renié), mais d’une façon qui réponde aux signes des temps, analyse George Weigel dans Le Catholicisme évangélique (cet essai, paru aux États-Unis en 2013, vient d’être traduit aux éditions DDB).  L’Église est "toujours à réformer" au regard de l’Évangile et en réponse à l’appel constant de la mission : "Allez, enseignez toutes les nations". La Parole de Dieu ne change pas d’un iota, le dessein rédempteur subsiste à jamais, mais le monde se métamorphose sans cesse avec des périodes de ruptures, de fractures, comme lors des tremblements de terre.

Face aux idoles d’un monde désenchanté

Le tsunami sociétal qui s’est produit depuis un demi-siècle, dont l’épicentre est l’Occident (mais l’onde de choc est mondiale), consiste en une révolution culturelle sans précédent dont nous voyons les effets par vagues successives : matérialisme, consumérisme, sécularisme, "chosification" de l’homme livré aux idoles de la "postmodernité". Celles-ci sont vieilles comme le monde : sexe, argent, pouvoir, mais leurs puissances sont décuplées par le Web, cette "toile" invisible qui resserre mais aussi enserre le "village mondial". Alternant séduction et menaces, ces idoles paralysent leurs proies en leur instillant la lassitude et le dégoût spirituels ou en les intimidant par un sécularisme agressif. Elles ferment le ciel, éteignent les étoiles, et enferment les hommes dans la désespérance d’un monde désenchanté.

Face à ces idoles, plutôt que de s’épuiser dans des combats apologétiques qui supposent un consensus aujourd’hui disparu sur les valeurs humaines fondamentales, c’est comme aux premiers temps de l’Église l’annonce de Jésus-Christ comme seule véritable "bonne nouvelle" qui doit être privilégiée. Mais attention ! Cette mission-là n’est pas seulement à usage externe : pour ce grand connaisseur de l’Église catholique qu’est George Weigel, la révolution spirituelle chrétienne doit s’effectuer prioritairement au sein de l’univers catholique pour rayonner sur le monde au prix d’une "réforme catholique en profondeur" qui laisse loin derrière elle les clivages stériles entre "droite" et "gauche" ou "traditionnalistes" et "progressistes".

Cette réforme, cette conversion, se vit et s’éprouve jour après jour et concerne tout un chacun, du plus humble paroissien aux évêques et au Pape lui-même (bien que cet essai ait été rédigé à la fin du pontificat de Benoît XVI, il répondait d’avance au leitmotiv réformateur de son successeur le pape François, lui-même s’inscrivant dans le grand mouvement de réforme engagé par de ses prédécesseurs). "Toute réforme authentique dans l’Église du XXIe siècle et au-delà, écrit Weigel, est ordonnée  à la sainteté et à la mission."

La médiocrité frappée d’interdit

Aussi l’auteur passe-t-il au scanner de la foi catholique toutes les strates de l’Église – familles, paroisses, diocèses, communautés –, et tous les états de vie et ministères – laïcat, presbytérat, épiscopat, papauté – assignant les points d’effort ou même les conversions qui s’imposent pour que chacun réponde à sa vocation évangélique. Aucun domaine n’est oublié, l’engagement des laïcs dans la vie publique, la vie intellectuelle, la vie fraternelle, l’action caritative, les sacrements, la liturgie (l’auteur est de ceux qui plaident pour une "réforme de la réforme") afin que tout catholique ait accès aux sources vives de la foi, pour vivre en plénitude sa vocation baptismale.




Si la médiocrité ne fut jamais à la hauteur des exigences du salut, elle est pour ainsi dire frappée d’interdit par la détresse d’un monde à la dérive. Elle nous pousse à nous rapprocher sans cesse du Christ pour ne plus nous contenter de Le suivre "de loin" comme Pierre après l’arrestation de Jésus : alors nous agirons non pas en "sauveurs" mais en "sauvés", et le regard fixé sur Jésus, nous pourrons marcher sur les eaux.

Ce livre a de la saveur et du souffle : il se lit d’une traite. Mais sitôt l’a-t-on refermé, on se prend à le rouvrir à tel ou tel chapitre pour l’analyser, le ruminer. Son étude devrait figurer au programme de toute institution catholique et, bien sûr, des séminaires, sans oublier les différents bureaux des conférences épiscopales et les dicastères romains.

Le catholicisme évangélique par George Weigel, DDB, Desclée de Brouwer, 310 pages, 19,90 euros 

Tags:
Catholiques
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