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Sainte Thérèse d’Avila (1515-1583), « mère des spirituels »

Sainte Thérèse d’Avila

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Jacques Gauthier - Le blogue de Jacques Gauthier - publié le 15/10/14

L'Eglise fait mémoire le 15 octobre de « la Madre », patronne de la vie spirituelle et de l’Espagne, réformatrice du Carmel, « fille de l’Église » et « docteur de la foi ».

Patronne de la vie spirituelle et de l’Espagne, Thérèse d’Avila est avant tout « fille de l’Église » et « mère des spirituels ». Nous retrouvons cette inscription sur le socle de sa statue dans la basilique Saint-Pierre, à Rome : « Mater spiritualium ». Pédagogue hors pair, la Madre témoigne de notre vocation commune à vivre une relation d’amour authentique avec Dieu et les autres. Elle a laissé des écrits de feu dans lesquels nous entendons battre son cœur.

Le désir de Dieu

Thérèse est née le 28 mars 1515 à Avila. Elle est la cinquième d’une famille de petite noblesse qui comprendra douze enfants. Elle rêve d’épopées chevaleresques dans cette vieille Castille peuplée de conquistadors. Huit de ses neuf frères tenteront l’aventure des Amériques. En 1522, elle s’enfuit avec Rodrigo, son aîné de quatre ans, pour combattre au pays des Maures afin d’y trouver le martyre et, par le fait même, de voir Dieu au ciel. "Je veux voir Dieu", dit-elle.

Elle perd sa mère à l’âge de quatorze ans; son père la conduit deux ans plus tard comme pensionnaire chez les augustines de Notre-Dame-de-Grâce. La vie religieuse l’attire, mais elle est contrainte à passer plusieurs séjours dans sa famille à cause de maladie nerveuse. Son désir d’entrer au carmel la tiraille intérieurement, d’autant plus que son père refuse et qu’elle aime sa famille. Jeune femme brillante, coquette, admirée de tous, elle décide tout de même, à l’âge de vingt ans, d’entrer au carmel de l’Incarnation, à l’ombre des remparts d’Avila, où vivent 180 religieuses qui pratiquent la règle d’une manière mitigée. Elle devient Thérèse de Jésus.

Thérèse passera 27 ans dans cette communauté, où elle est initiée à la tradition du Carmel. L’adaptation est difficile, ce qui ne l’empêche pas de faire profession le 2 novembre 1537. Elle s’engage sur les chemins de l’oraison, non sans lutter avec elle-même. Un livre du franciscain François de Osuna la fera accéder à l’oraison de recueillement. Elle découvre que lorsqu’on ferme les yeux l’âme fixe son attention en Dieu seul qui vient combler ce vide intérieur par son amour et sa paix.

Pour elle, l’oraison devient le lieu de l’amitié et de l’intimité avec le Christ. Elle donne cette définition célèbre : « Ce n’est pas autre chose qu’une amitié intime, un entretien fréquent, seul à seul, avec celui dont nous nous savons aimés » (Livre de la vie 8, 5).

Le combat intérieur

Souvent malade, elle se repose dans sa famille. Elle est presque mourante losqu’elle revient au monastère en 1539. Des nausées et des douleurs aux os la perturbent. Distraite par des amitiés mondaines, elle abandonne l’oraison. Consciente de sa tiédeur, elle se rappelle la présence de Dieu. Mais rien n’y fait. Pendant douze ans, elle expérimente cette division intérieure qui rend difficile la fidélité à l’oraison.

La lecture des Confessions de saint Augustin va la marquer. C’est ce qu’elle appelle sa deuxième conversion, à quarante ans, où elle médite sur l’humanité de Jésus. Elle s’abandonne à ce Jésus, non par effort mais par amour; elle se quitte elle-même pour se retrouver en Dieu. L’attrait de l’oraison de recueillement lui ouvre la porte du château intérieur où la Trinité demeure. Des grâces exceptionnelles la troublent. Ses amis lui disent que cela vient du démon, d’autres ont peur qu’elle passe pour une hérétique. Le franciscain Pierre d’Alcantara la rassure et lui apporte la paix intérieure. Désormais, elle se laissera envahir par l’amour divin. La fécondité de son expérience s’exprimera par des fondations et par l’écriture qui n’ont pour but que de susciter l’oraison.


En 1562, Thérèse fonde à Avila, non sans obstacles, le petit couvent de Saint-Joseph. Elle y restera jusqu’à l’été 1567. Cette première fondation jette les bases d’un retour à la règle primitive du carmel, à l’exemple du prophète Élie, où tout doit favoriser le recueillement. C’est le début des Carmélites déchaussées, comme le symbolise l’absence de chaussures.

Sur les routes d’Espagne

Thérèse écrira, sur l’ordre de ses conseillers spirituels, l’histoire de sa vie qui sera plus qu’une autobiographie. Le Livre de la vie sera achevé en 1564. La réformatrice témoigne des miséricordes du Seigneur dans sa vie. Comme ses filles n’ont pas accès à ce grand livre, elle en écrit un petit à leur intention, Le Chemin de la perfection, où elle définit la manière de prier et de vivre des carmélites. Le Christ est au centre de ce livre, c’est lui le maître de la prière qui prie avec nous le Notre Père.

La recluse sera tirée de sa retraite d’Avila pour s’engager dans l’action. Elle parcourra les mauvaises routes de Castille et d’Andalousie pendant vingt ans pour fonder dix-sept monastères. Un fort élan spirituel traverse l’Espagne de Charles Quint. Elle bénéficie de l’aide de plusieurs personnes qui cherchent Dieu dans l’oraison. La quête mystique de la Madre répond à l’aventure intérieure que plusieurs veulent vivre, dont un jeune carme, qu’elle rencontre à Salamanque en 1567 : Juan de Yepes y Alvarez, qui prendra le nom de Jean de la Croix. Thérèse lui confie la réforme de son ordre. Ces deux écrivains mystiques, nourris d’oraison et d’amour du Christ, s’uniront pour enflammer l’Espagne et le monde. Leurs écrits comptent parmi les chefs-d’œuvre de la spiritualité.

En prenant exemple sur ces réformateurs, et sur bien d’autres comme saint Benoît et Ignace de Loyola, le cardinal Ratzinger avait dit au journaliste Peter Seewald dans Le sel de la terre : « Ce dont nous avons réellement besoin, ce sont des gens qui sont intérieurement habités par le christianisme, le vivent comme un bonheur et un espoir et sont ainsi devenus des âmes aimantes. C’est cela que nous appelons des saints. Les vrais réformateurs de l’Église, grâce auxquels elle est redevenue plus simple et a ouvert ainsi de nouveaux accès à la foi, ont toujours été les saints. »

Le château intérieur

En 1571, Thérèse revient à son ancien carmel de l’Incarnation d’Avila, où elle est imposée comme prieure. Jean de la Croix la rejoint un an après pour y être le chapelain. Il enseigne aux religieuses les exigences de la vie mystique. Pendant six ans, Thérèse d’Avila et Jean de la Croix échangent leurs découvertes spirituelles. Elle écrit Les Fondations.

L’hostilité des carmes de l’Ancienne Observance grandit. En 1577, Jean de la Croix est enlevé et transféré dans un cachot à Tolède. Durant ce temps, Thérèse rédige son grand livre sur l’oraison, Le Château intérieur. C’est son joyau, écrit d’un jet, où Dieu a la première place au centre de l’âme aux sept demeures. Thérèse y parle de mariage spirituel.

Les persécutions cessent en 1579. La « pauvre petite vieille », comme elle le dit, repart édifier d’autres couvents. Elle écrit plusieurs lettres et des avis. Épuisée et malade, elle meurt le 4 octobre 1582 à Alba de Tormes. Elle peut enfin voir Dieu. Elle était passée du « je veux » à ce que « Dieu veut ». On a retrouvé ce billet dans son bréviaire :

Que rien ne te trouble,
Que rien ne t’effraie;
Tout passe.
Dieu ne change pas,
La patience obtient tout;
Celui qui a Dieu ne manque de rien.
Dieu seul suffit (Poésie 9).

Thérèse d’Avila est canonisée en 1622 par le pape Grégoire XV et déclarée première femme docteur de l’Église en 1970 par Paul VI. L’Église célèbre sa mémoire le 15 octobre.

Article publié sur lebloguede Jacques Gauthier.

Tags:
carmel
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