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Pédophilie : les attaques de l’ONU contre le Saint-Siège sont biaisées

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La rédaction d'Aleteia - aleteia - publié le 17/02/14

Pour Aleteia, le père Hans Zollner, responsable du Centre pour la protection de l’enfance de l’Université Grégorienne, décortique les accusations du Comité des droits de l'enfant des Nations unies.

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Aleteia.Que pensez-vous des accusations lancées contre le Saint-Siège par le Comité des Droits de l’enfant des Nations Unies ? (cf. Aleteia)
Père Hans Zollner. Le ton général du document est très dur à l’égard du Saint-Siège, même s’il y a certains points où le Comité reconnaît que l’Eglise catholique a bougé. En effet, dans la grande partie du texte, les auteurs du rapport ne semblent pas avoir pris  en considération tout ce qui a été fait depuis 2001, surtout de 2010 à aujourd’hui.
En particulier, toutes les mesures prises par le Saint-Siège afin de défendre les droits des enfants et d’améliorer la situation des victimes des abus sexuels commis par le clergé ainsi que pour fournir des directives pour le traitement des victimes et des auteurs des abus.  Autrement dit, tout ce qui a été fait par l’Eglise  depuis 2010/11 jusqu’à ce jour.

Comment le rapport du Comité de l’ONU ne rend-il pas justice aux mesures mises en oeuvre par le Saint-Siège en matière de protection des enfants ?
Certaines affirmations au sein du document ne correspondent pas à la réalité d’aujourd’hui : par exemple, quand il est fait référence à un fait datant de 2001, lorsque celui qui était alors Préfet de la Congrégation pour le clergé  congratulait un évêque qui n’avait pas dénoncé aux autorités civiles en France un abus perpétré sur un mineur par un prêtre.
A ce propos, comme l’a déclaré le père Lombardi lui-même, porte-parole du Saint-Siège, il y a 4 ans, cette attitude non seulement ne serait pas possible aujourd’hui, mais serait condamnée par le Saint-Siège lui-même.
Ce qui signifie qu’il y a tout un changement d’attitude dont il n’est pas tenu compte dans le rapport, comme par exemple le fait que l’on dise que tous les auteurs d’abus restent impunis, et ceci n’est pas vrai. Les auteurs d’abus, prêtres ou autres membres de l’Eglise, sont punis selon les règles du droit canon et du droit civil.

Pourriez-vous citer un exemple concret de résultats en matière de lutte contre la pédophilie?
Le pape Benoît XVI, dans les deux dernières années de son pontificat, a réduit à l’état laïc 400 prêtres pour motif d’abus, et c’est la plus grave punition qu’un prêtre peut recevoir de l’Eglise.
Ensuite, il est dit dans ce rapport que l’Eglise ne collabore pas avec les autorités civiles. C’est faux. Le Saint-Siège lui-même a déclaré avec autorité que les autorités ecclésiastiques sont tenues de collaborer  avec les autorités civiles du pays correspondant. A l’évidence, pour l’ONU, c’est difficile à comprendre : l’Eglise ne peut pas se substituer à l’Etat. Elle a l’obligation de se conformer aux lois de l’Etat.

Les Eglises particulières doivent suivre les prescriptions des lois civiles ?
 La règle du Saint-Siège, selon les normes officielles, est que l’Eglise en  Colombie, au Panama ou en Argentine par exemple, doit suivre la législation relative aux abus en vigueur dans ces pays. Un citoyen doit suivre les prescriptions des lois de l’Etat dans lequel il vit.
Selon l’Observateur Permanent du Saint-Siège près les Nations Unies, Mgr Silvano Maria Tomasi, le document aurait été préparé à l’avance, avant même la rencontre du Comité avec la délégation du Saint-Siège en janvier.
On sait comment sont produits nombre de ces documents, certaines parties sont déjà prêtes depuis des mois. Le fait est que beaucoup de ces parties du texte semblent n’avoir pas été retouchées, pas même depuis l’introduction de ces nouvelles normes par le Saint-Siège, ni à la suite de l’intervention des représentants du Saint-Siège près les Nations Unies, le 16 janvier dernier, étant donné que ces éléments ne ressortent pas du rapport.

Le document du Comité de l’ONU cite des exemples à l’appui de ses critiques…
Les exemples semblent casuels et réalisés dans un but précis, sans reconnaître la contribution des institutions catholiques. En Zambie ou au Congo, l’Eglise catholique est sans doute l’institution la plus puissante dans le domaine de la santé et fait beaucoup plus pour protéger les enfants que n’importe quelle autre institution, y compris l’Etat même .

A propos des droits des enfants, l’ONU déclare que l’Eglise doit revoir sa doctrine en matière d’avortement…
Ceci bien évidemment -s’agissant des droits et de la protection des enfants selon la doctrine de l’Eglise – est une incroyable claque puisque, pour nous, le droit de l’enfant commence dès le moment de sa conception, et exclure de cette protection la période de la grossesse est inconcevable pour l’Eglise. On voit bien ici comment certaines idéologies  attaquent ce qui est le droit fondamental, autrement dit le droit à la vie.

Dans les cas de prêtres ou religieux soupçonnés d’abus, quelles sont les mesures mises en œuvre par les Eglises particulières selon les directives du Saint-Siège?
Tout d’abord il y a la norme générale, car existent aussi les normes particulières. En 2011, le Saint-Siège, dans le cas présent la Congrégation pour la doctrine de la foi, a promulgué une clarification quant aux normes de l’Eglise en général, et ensuite a demandé à toutes les Conférences épiscopales du monde de fournir lesdites directives sur la situation dans tel Etat particulier.
A partir du moment où y a soupçon d’abus, l’Ordinaire, c’est-à-dire le Supérieur majeur ou l’Evêque du lieu, doit procéder à une enquête préliminaire. Dans les cas d’abus sexuels où les faits sont constatés avec une certaine probabilité, l’Ordinaire doit envoyer à la Congrégation pour la doctrine de la foi le matériel en vue d’une enquête ultérieure; tout simplement parce que, pendant des décennies, les évêques locaux n’ont pas fait leur devoir, n’ont pas suivi les règles de l’Eglise, ont gardé le silence, ont cherché à dissimuler et ont protégé les prêtres plutôt que les victimes.
 C’est pourquoi le pape Benoît, alors qu’il était encore préfet de la Congrégation pour la foi, en 2000 et 2001, a demandé au Pape Jean-Paul II que toute la responsabilité du traitement juridique de ces cas soit déférée à la Congrégation pour la doctrine de la foi, précisément pour éviter que la loi de l’Eglise ne soit pas appliquée.
Lorsque la Congrégation reçoit ce matériel (dénonciations ou soupçons), démarre un processus selon les normes du Droit canonique et, en conséquence, les auteurs sont passibles de peines (ecclésiastiques)  pouvant aller jusqu’à la démission de l’état clérical.

Et s’agissant des mesures préventives ?
Les directives des Conférences épiscopales ne doivent pas porter seulement sur la manière d’appliquer la loi générale de l’Eglise vis-à-vis des auteurs d’abus; le Saint-Siège demande également aux Conférences épiscopales de parler de mesures de prévention, de la manière d’être à l’écoute, comment aider les victimes, et  demande qu’une partie soit consacrée à la formation du clergé. Malheureusement, certaines Conférences épiscopales, notamment de l’Afrique francophone, n’ont pas encore répondu.
Dans de nombreux pays où il y a une guerre ou des catastrophes naturelles,  il est difficile de parler de directives de ce type. Dans certaines régions du monde, on rechigne à parler du sujet, pas seulement au sein de l’Eglise mais de toute la société, d’où la difficulté à avoir des directives dans ces Conférences épiscopales; mais la majorité  – environ 90% – ont répondu; elles reçoivent des instructions de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et ensuite doivent mettre en œuvre les procédures.

Le Pape François a décidé la constitution d’une commission spéciale pour la protection des mineurs victimes des abus (05 décembre 2012). Que pensez-vous de la possibilité envisagée par le Pape que cette commission soit déférée à la Congrégation pour la doctrine de la foi ?
Je pense que c’est le lieu idéal pour une commission de ce type, car une commission en dehors d’une congrégation ne pourrait avoir l’appui nécessaire pour agir. Je pense que cela dépendra de la tâche spécifique de la nouvelle commission. J’espère que, dans quelques semaines, les noms des membres et l’organisation des tâches seront définis.

Quels sont les nœuds à défaire avec la Commission pour la protection des enfants ?
 Je pense qu’elle devra aider la Congrégation à identifier les points névralgiques, où le Saint-Siège et l’Eglise en général doivent s’améliorer. Par exemple, sur la fameuse question de la coresponsabilité des évêques. Pour nous la question n’est pas claire: un évêque qui n’applique ni les lois de l’Etat ni les lois de l’Eglise, quel type de coresponsabilité a-t-il si l’un de ses prêtres commet un abus sur un mineur et que lui, évêque, le couvre ou ne le dénonce pas ?
 Nous devons être plus clairs sur ce qu’il faut faire et suivant quelles procédures. Sur ce point, il n’y a pas beaucoup de clarté, excepté demander tacitement la démission de ces évêques ou supérieur majeurs.
Une des tâches d’une Commission est d’identifier certains points névralgiques et d’aider les autorités. Dans le cas présent, non seulement aider la Congrégation pour la doctrine de la foi, mais aussi la Secrétairerie d’Etat, ou la Congrégation pour les évêques afin de pouvoir prendre les mesures adéquates.

Dans le document du Comité de l’ONU, il est proposé au Saint-Siège de rendre publiques les enquêtes sur les prêtres ou religieux impliqués en cas d’abus.
 Non, l’Eglise ne le fait pas et ne peut pas le faire. Aucun Etat ne le fait. Cela m’étonne beaucoup de l’ONU qu’elle le demande. Pourquoi ne demande-t-elle pas à l’Etat allemand, à l’Etat italien combien de leurs enseignants ont commis des abus ? Ceci n’est pas possible pour des raisons de droit privé et de droit professionnel.
 Il ne peut être donné suite à ces requêtes tout simplement parce qu’une chose est sûre : on ne peut violer un droit, le droit de la personnalité, et le droit d’être considéré comme innocent jusqu’au moment de la condamnation, sauf au nom d’une autre violation; (en ce sens) on risque gros si on cherche à appliquer d’autres normes qui ne correspondent pas au doit humain dont bénéficie aussi un auteur d’abus .

Quels résultats a obtenus le Centre pour la protection des mineurs au sein de la Grégorienne ?
Le Centre pour la protection de l’enfance de la Grégorienne opère avec un certain nombre de partenaires, notamment certains diocèses dans le monde : deux en Afrique, trois en Amérique latine (au Chili, en in Argentine et en Equateur), deux en Asie, en Indonésie  et en Inde, où nous travaillons avec les jésuites, et trois pays européens (Italie, Allemagne et Pologne).

Existe-t-il une formation online pour aider les victimes et à titre de prévention ?
 Nous offrons un programme e-learning, c’est-à-dire un apprentissage à distance pour des ‘agents multiplicateurs’, personnes engagées dans les paroisses et dans les écoles,  pour qu’ils puissent identifier les signes d’abus sexuel entrain de se produire ou qui s’est produit, savoir comment procéder avec la victime, comment confronter l’auteur d’abus, quelle est la législation en vigueur dans l’Etat, comment procéder; à cela vient s’ajouter la question théologique et spirituelle: qu’est-ce que Dieu veut nous dire dans tout ça  ?

 Notre résultat est dans un certain sens double : ce que le programme effectivement produit, autrement dit nous comptons en ce moment entre 800 à 900 participants dans le monde, dans cette phase pilote qui s’achèvera à la fin de cette année ; mais nous avons aussi un résultat indirect grâce à notre présence sur le territoire, à notre présence dans des pays où bien des fois on ne parlait pas auparavant des abus ni dans la société ni dans l’Eglise. Un résultat indirect aussi, à savoir que nous avons la possibilité de solliciter une discussion plus large, et ainsi de sensibiliser la société toute entière et beaucoup de personnes dans l’Eglise sur la nécessité de travailler pour le bien des enfants et de faire de notre mieux pour que les abus soient moins fréquents.

Que dit le pape François sur le travail que le Centre accomplit pour la protection des mineurs ?
 Nous avons rencontré le Pape François le 4 juin dernier, et nous lui avons exposé ce que nous faisons avec le Centre; il nous a écouté avec beaucoup d’attention et, à plusieurs reprises, nous a encouragés, disant que nous devons “ aller de l’avant avec ce –courage” ; autrement dit il l’a pris au sérieux ; de même, le fait même qu’il veuille créer une Commission au sein du Vatican manifeste son  grand intérêt pour que ce thème soit traité de façon adéquate.




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Abus sexuelsONUPédophilie
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